Lundi 20 février, les taux d’intérêt des emprunts effectués par le gouvernement français ont atteint 1,1%. Cela peut sembler peu, mais c’est bien plus qu’il y a trois mois. Surtout, c’est bien davantage que les taux allemands, qui constituent la référence de la Zone euro. L’écart entre le prix de l’argent, de part et d’autre, du Rhin est de 0,81%. C'est l’écart le plus élevé depuis quatre ans.
Une telle remontée s'explique par l’inquiétude des investisseurs, ceux qui prêtent de l’argent à la France. Le sondage publié lundi donne Marine Le Pen largement en tête au premier tour, et en progression au second tour, bien que vaincue dans tous les cas de figure. Les prêteurs redoutent, sinon une victoire de Marine Le Pen, du moins un pays ingouvernable. Dans les deux cas, ils perdaient de l’argent.
Si la candidate du FN gagne, la France sort de l’euro, la dette française serait libellée en nouveaux francs, probablement dévalué par rapport aux autres monnaies, ce qui provoquerait une perte pour celui qui a prêté à la France. Et si même François Fillon ou Emmanuel Macron gagnait face à Marine Le Pen au second tour, leur victoire serait trop courte pour garantir la stabilité politique.
On comprend bien les raisons de l’inquiétude, mais par quel mécanisme les taux remontent-ils ? C’est tout simple. Il y a un marché de l’argent, où ceux qui veulent prêter leur argent, les investisseurs, rencontrent ceux qui veulent emprunter, les États et les entreprises - les particuliers, eux, vont chez les détaillants, les banques.
Les taux d’intérêt, ce n’est rien d’autre que le prix de l’argent, qui varie au jour le jour, en fonction de l'offre et la demande, comme les légumes ou l’immobilier.
Il y a moins d’investisseurs prêts à confier leur argent à la France pour dix ans
François Lenglet
Si les taux montent, c’est-à-dire que le prix de l’argent monte, cela signifie que les prêteurs sont moins nombreux à vouloir prêter. C'est comme cela que s'explique la montée des taux d’intérêt pour la France : il y a moins d’investisseurs prêts à confier leur argent au gouvernement français pour dix ans (c’est la durée habituelle des emprunts), à cause de ces sondages justement.
Qui sont ces investisseurs ? Pour 20%, ce sont les assureurs, c’est-à-dire 'monsieur-tout-le-monde" qui a placé son épargne dans une assurance-vie en euros. Il s'agit pour 60%, des investisseurs étrangers, pour beaucoup de la zone euro. Et pour le reste, ce sont des banques françaises qui font des placements et la Banque de France, qui détient aujourd'hui 10% de la dette du pays.
La remontée des taux n'impacte pas la totalité de la dette, mais seulement les nouveaux emprunts à faire cette année, pour le financement du déficit budgétaire du pays et renouveler tous les titres qui arrivent à échéance. Cela fera en 2017 quelque 200 milliards d’euros que l'État devra trouver sur les marchés de l’argent. Si les taux d’intérêt augmentent d'un pourcent, le surcoût annuel est donc de 2 milliards d’euros pour le contribuable.
Mais ce n’est pas tout. Car la plupart du temps, la hausse des taux pour l’état entraîne avec elle la montée du prix du crédit pour les entreprises, et pour les particuliers, tant pour le crédit à la consommation que le crédit immobilier. Vous voyez qu’un simple sondage peut avoir des conséquences assez lourdes, à cause de l’effet domino sur les marchés financiers.
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