De nouvelles violences qui inquiètent particulièrement les autorités. Alors que les incendies volontaires revendiqués par des groupuscules anarchistes se sont multipliés ces dernières semaines, visant notamment trois gendarmes, le ministère de l'Intérieur pointe dorénavant du doigt l'ultra-gauche.
Si aucune interpellation n'a eu lieu, le nombre de militants sous surveillance témoigne de cette nouvelle réalité. Selon les informations de RTL, près de 2.000 activistes estampillés d'extrême-gauche sont répertoriés par les policiers. Au cœur de ce groupe, un noyau dur de 300 personnes est spécifiquement surveillé, selon la Direction générale de la sécurité intérieur (DGSI).
Cependant, aucun mouvement structuré et centralisé n'est recensé. Il s'agit davantage d'une nébuleuse avec les zadistes qui occupent Notre-Dame-des-Landes ou le site d'enfouissement de Bure, les anti-fascistes qui participent aux échauffourées contre les CRS lors des manifestations sociales ou encore les anarchistes d'obédiences diverses.
Tous sont suivis par un service dédié au sein du SCRT, le renseignement territorial. Ils sont considérés comme susceptibles de participer à des actions violentes de contestation. De là à faire des victimes ? C'est ce qu'affirme le ministère de l'Intérieur, qui le fait largement savoir ces dernières semaines.
D'abord parce que des textes diffusés sur Internet appellent de plus en plus fréquemment à s'en prendre directement aux forces de l'ordre, mais aussi parce que l'organisation de certains groupes deviendrait quasi-professionnelle avec une obéissance stricte aux consignes lors des actions et des techniques de dissimulations. De plus, des armes comme des cocktails Molotov sont désormais couramment employées lors des manifestations.
Un haut responsable de la gendarmerie évoque une violence qui va crescendo et qui pourrait finir par faire un mort. Une vision largement contestée par les principaux intéressés qui évoquent des violences politiques classiques comparables aux dérapages des manifestations d'agriculteurs.
Malgré la surveillance accrue de certains activistes, difficile à l'heure actuelle d'identifier clairement les leaders. Les services de renseignement évoquent une nébuleuse très horizontale et disséminée sur le territoire alors que douze sites d’aménagement sont en proie à une contestation violente.
Pourtant un personnage revient régulièrement dans la bouche des agents du renseignement. Et ce n'est pas un inconnu. Julien Coupat, ancien leader du groupe de Tarnac, qui sera jugé au mois de mars pour le sabotage d'une ligne SNCF, participe régulièrement à des manifestations sociales.
Il y a une volonté de criminaliser toute contestation sociale
Jérémie Assous, avocat de Julien Coupat
Le militant est désigné comme un idéologue toujours actif qui incite à la violence. Ce qui provoque la colère de son avocat. "Je crois que c'est pour justifier leur échec (...) Ces gens-là tentent, avec plus ou moins de ridicule, de justifier les politiques qui pour certaines sont totalement antisociales. Il y a une volonté de criminaliser toute contestation sociale", dénonce Jérémie Assous au micro de RTL.
Si le terme de terrorisme d'extrême-gauche est parfois employé, celui-ci est cependant jugé exagéré. Du moins à l'heure actuelle. Les actions violentes d'extrême ou d'ultra-gauche n'ont fait aucun mort ces dernières années malgré les craintes. De plus, la police antiterroriste de Paris n'a jamais été saisie dans les récentes enquêtes sur les incendies des gendarmeries.
Enfin, dans l'affaire Coupat, la Cour de cassation avait infligé un camouflet en annulant la qualification terroriste en août 2015, pourtant réclamé par le parquet.
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