Mi-figue mi-raisin. La présentation du "Plan climat" de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, a laissé les associations perplexes.
Le dispositif, dévoilé jeudi 6 juillet, prévoit notamment la fin des voitures diesel et essence d'ici 2040 et une sortie de la France des hydrocarbures et du charbon. Il est aussi question de ramener la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% à 50%.
L'avis général des défenseurs de l'environnement est assez bien résumé par Greenpeace. L'association estime qu'il n'y a "rien à redire" sur le "diagnostic" établi, mais elle attend toujours des "mesures concrètes" pour lutter contre le dérèglement climatique. "Nous restons sur notre faim quant à la manière d'atteindre les objectifs et tenir les promesses parfois ambitieuses". État des lieux.
Au rayon des satisfactions, le Fonds mondial pour la nature (WWF) salue la démarche visant à "apporter une impulsion concrète qui touche à la mise en oeuvre" de l'Accord de Paris sur le climat. "La France accélère et c’est une bonne nouvelle", déclare son directeur général Pascal Canfin. L'objectif de neutralité carbone en 2050, pour tendre vers un équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et l'absorption de ceux-ci par l'écosystème, est ainsi applaudi.
Le site MakeFranceGreenAgain, qui se présente comme une initiative collective regroupant plusieurs ONG, recense 13 mesures essentielles, approuve "la convergence de la taxation sur le diesel avec celle de l'essence", "la rénovation d'ici à 2025" de huit millions de logements constituant actuellement des "passoires énergétiques", mais aussi l'interdiction définitive de l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures.
Le Réseau Action Climat-France, fédération d'associations écologistes, approuve en outre le "bon sens" concernant la fermeture des dernières centrales au charbon.
Plusieurs points restent cependant "en suspens", souligne WWF. L'un d'eux concerne la fermeture des réacteurs nucléaires, qui n'a pas été détaillée par le ministre. "On attend (toujours) la feuille de route de fermeture des réacteurs", s'interroge Greenpeace. Et ajoute : "Nicolas Hulot renouvelle l’erreur de méthode des gouvernements précédents [et] doit comprendre qu’on ne développera pas massivement les renouvelables en France si l’on n’a pas préalablement fermé des réacteurs nucléaires. La question sociale est évidemment cruciale mais le cœur du problème reste la marge de manœuvre du Ministre de l’Environnement par rapport à l’avenir industriel d’EDF".
"Plus grave encore, on observe un recul sur la solidarité climatique internationale", relève Réseau Action Climat-France qui cible là l'oubli de la taxe sur les transactions financières au niveau européen. Évoquée depuis plusieurs années, cet impôt est censé contribuer au financement de la transition énergétique. "Le président de la République revient sur l'engagement qu'il avait pris devant les ONG le 6 juin dernier. (...) Une telle taxe pourrait rapporter 22 milliards d’euros chaque année. Ce revirement de positionnement est inacceptable", déplore la fédération.
De surcroît, si Nicolas Hulot a promis la fin de la vente des voitures diesel et essence d'ici 2040, il n'a pas fait mention d'une volonté de durcir la réglementation des normes d'émission CO2. Réseau Action Climat-France assure avoir pourtant reçu cette garantie.
Enfin, Greenpeace considère "inquiétant" que le sujet de la consommation de viande et produits laitiers n'ait pas été abordé.