Permis plus cher, insultes au volant, conjoint responsable… Pourquoi les pratiques sexistes perdurent sur la route

Les clichés ont parfois la vie dure, la preuve avec cette grande enquête que publie le magazine Elle sur les femmes au volant. Outre les insultes qui sont monnaie courante, les femmes paient souvent plus cher leur permis de conduire.

C'est la chronique d'un sexisme banalisé au quotidien. À Lyon, Agnès et Christine sont retraitées, conduisent moins aujourd'hui qu'il y a une dizaine d'années, mais remarquent chacune le comportement des hommes à leur égard sur la route. Et il n'a malheureusement pas changé.

"Pour beaucoup d'hommes, une femme, ça ne sait pas conduire. Et on est en 2025, mais il y a encore beaucoup de choses, beaucoup de pensées qui restent comme il y a 30 ans", regrette la première. La seconde témoigne d’incidents survenus sur la route : "On ne peut plus rien dire, tout de suite les gens s'arrêtent, viennent à votre porte et vous insultent. On en a même peur."

Même au sein des couples

Au-delà des insultes et des comportements agressifs, c'est aussi à l'intérieur des couples que le sexisme sur la route sévit. Lydia, jeune femme, le constate car elle est l'une des seules dans son groupe de copines à prendre le volant, même quand son conjoint est dans la voiture : "C'est vrai que les hommes ont plus tendance à vouloir conduire. Je pense que c'est ancré dans la pensée publique que les femmes conduisent moins bien, donc ils ont plus tendance à vouloir prendre le volant. Après, c'est un mythe et ça changera, mais c'est long à changer."

L'espoir d'un changement vient avec les nouvelles générations. La jeune femme, comme ses copines, s'accroche à cela, même si elle reconnaît que chez les jeunes hommes aussi, la route semble encore l'eldorado pour le sexisme ordinaire.

“Des clichés intériorisés”, selon l’autrice de l’enquête

Leslie Rezzoug, journaliste indépendante ayant réalisé cette enquête pour le magazine Elle, était invitée au micro de RTL, ce jeudi 30 octobre, pour expliquer les difficultés des femmes à obtenir leur permis de conduire. "Il y a d'abord l'épreuve théorique qui, là, réussit à peu près à parité entre les hommes et les femmes. Mais là où le bât blesse, c'est l'épreuve de la conduite", explique-t-elle.

D’après ses recherches, le taux de réussite est de 53% contre 62% chez les hommes. "C’est le fait de tout un tas de clichés intériorisés qui font que les femmes se dévaluent et n'ont pas confiance en elles quand il s'agit de conduire", analyse-t-elle.

Cela coûte donc 15% plus cher en moyenne car les auto-écoles leur facturent plus d'heures de conduite. "Cette permanence des clichés sexistes fait que les cours de conduite peuvent être vraiment douloureux pour les femmes parce qu'on leur renvoie en permanence une image négative de quelqu'un qui n'y arrive pas, qui a plus de difficultés. C'est très infantilisant et pas très agréable", indique la journaliste.

Elle confirme que ces pratiques se poursuivent au sein des couples : "Ce mécanisme se perpétue et les femmes en sont elles-mêmes à l'origine. C'est-à-dire que comme elles se considèrent comme moins bonnes et qu'elles n'aiment pas conduire, de fait, elles vont céder le volant beaucoup plus facilement. Donc, ces stéréotypes se perpétuent, ils continuent dans la société et c'est difficile de s'en défaire quand on a intériorisé l'idée qu'on était nul." Il est toutefois nécessaire de noter que les auteurs d'accidents mortels sont des hommes dans 83% des cas. 

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