En 2018, en pleine crise migratoire, le maire de Luzy dans le Morvan, village qui compte moins de 1.900 habitants, avait décidé d'accueillir 45 demandeurs d'asile. À l'époque, une partie de la population était vent debout, d'autres se sont inquiétés. Comme à Saint-Brévin-les-Pins, des opposants d'extrême droite n'avaient pas hésité pas à multiplier les actes d'intimidation. Cinq ans plus tard, où en est-on ?
Les vaches, les moutons dans les prés ceinturent le petit immeuble décrépi. Nicole, 79 ans, habite seule. Les parties de Scrabble avec sa voisine rythment ses journées, mais aussi les discussions avec ses voisins venus de loin. "C'est intéressant de parler avec eux. Ils évoquent leur pays, ce qu'ils faisaient, ce qu'ils mangeaient. Cela me plaît", confie la retraitée à RTL.
Dans la cour, ils cultivent tous ensemble le potager de la résidence. Un 'bonjour madame', un sourire, ont suffi à faire disparaître la méfiance, voire la peur de Chantal, la mamie de 77 ans du 2e étage. "On était peut-être un peu susceptible. Quand on connaît pas... Il n'y a jamais eu de problème".
Derrière chaque porte de cet immeuble vit bien souvent un demandeur d'asile. Ils occupent les appartements d'habitude vides de la résidence.
Shakola était pharmacien en Afghanistan. Il est à Luzy depuis quelques semaines. "On est trois à vivre ici et on a chacun notre chambre. On partage la cuisine et le salon. C'est là qu'on étudie, regarde la télévision." Et de poursuivre : "Habiter avec des Français, les rencontrer, leur parler, c'est génial. Je peux pratiquer mon français et les voisins sont très gentils avec nous".
Les pièces paraissent vides, le confort rudimentaire. Mais Shakola a tout pour trouver le repos et débuter une nouvelle vie.
Le temps de l'instruction de leur demande, l'État ne délivre pas de cours de français. Cela prend des mois, voire plus. Du temps perdu, sauf à Luzy. À l'école primaire du village, dans une petite pièce, Shakola est concentré. Au-dessus de son épaule, Nathalie, bénévole d'une association. "J'aimerais bien qu'on m'aide si j'étais à leur place. L'intégration dans une nouvelle culture est un peu compliquée. On est content de pouvoir les aider et de faire en sorte qu'ils s'intègrent plus facilement".
"Si on veut vite trouver un travail, il faut vite apprendre le français. On est vraiment heureux ici", se réjouit de son côté Shapur, qui projette son futur loin des Talibans.
Malgré la réussite de ce projet, la commune divers gauche se trouve dans un bastion RN. Dans la Nièvre, Marine Le Pen est en effet arrivée en tête au second tour de la présidentielle. "J'ai peur des réfugiés, peur d'être agressée. Quand mon mari n'est pas là, je me boucle", lâche une retraitée.
Plusieurs habitants n'acceptent toujours pas ces demandeurs d'asile. "Je sais qu'il y a des gens qui sont toujours contre. Je ne cherche pas à les convaincre. Ils ont le droit de penser autrement", explique Jocelyne Guérin, maire de la commune, à l'origine de ce projet. "Mais quand on fait tout pour que ça marche, c'est plus facile."
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