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Marseille : si la délinquance baisse, les trafics continuent dans les cités

REPLAY - Manuel Valls, qui effectue un déplacement de 24 heures à Marseille, salue un "recul significatif de la délinquance" dans la cité phocéenne. Que disent les Marseillais de ces résultats ?

Une vue des quartiers nord de Marseille
Une vue des quartiers nord de Marseille
Crédit : AFP / Archives, Gérard Julien
Marseille : si la délinquance baisse, les trafics continuent dans les cités
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Etienne Baudu & Loïc Farge

Manuel Valls, qui sera lundi 9 et mardi 10 février à Marseille, salue, dans une interview à La Provence, le "recul significatif de la délinquance" depuis deux ans dans la cité phocéenne.

Le chiffres que le Premier ministre avance sont très positifs. Les vols avec violence auraient diminué de 35% ; ceux à main armée, de 28% ; et les atteintes aux personnes et aux biens, de 20%.

La police marseillaise ne nous avait pas habitué à de tels résultats. Ces chiffres sont même étonnamment positifs. C'est indéniable, la situation s'améliore à Marseille.

Réaménagements

Les services ont été largement réaménagés grâce, en partie, aux renforts affectés en sécurité publique (300 policiers en plus au total). Une brigade VTT dédiée au centre-ville a été créée. Son efficacité est reconnue. Les "Ninjas" tournent en particulier dans les quartiers.

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Sont apparues également des brigades dans les transports en commun. Bref, du "bleu" - comme on dit - visible dans les rues et aux missions clairement définies.

Il y a aussi une recherche du renseignement "boostée" et partagée entre les différents services. Ça aussi, c'est nouveau.

"Le partage est fait en toute transparence, de manière à ce que les uns sachent ce que font les autres et ne s'empiètent ou ne se cachent les choses, comme ça a pu être le cas par le passé avec les 'guerres de polices'", explique David-Olivier Reverdy, du syndicat Alliance.

On peut également évoquer des campagnes de sensibilisation auprès, par exemple des bars-tabacs, pour s'équiper de sas d'entrée et de surveillance vidéo. C'est aussi un gage d'efficacité contre la délinquance.

"Opérations globales"

Les quarante cités sensibles de la ville répertoriées ont toutes fait l'objet d'"opérations globales". Sur le papier, l'idée est bonne : appréhender les dealers, fouiller les parties communes, permettre aux bailleurs sociaux d'effectuer les travaux d'urgence.

Laurent Mucchielli, responsable de l'Observatoire régional de la délinquance, a effectué une enquête après coup dans deux de ces cités.

"Sur le point de vue des objectifs sécuritaires, ça n'a pas du tout résolu - pas plus que toutes les autres politiques d'avant, d'ailleurs - la question des trafics, qui se sont simplement soit déplacés soit simplement se sont momentanément rendus invisibles et puis sont revenus plus tard", analyse-t-il.

Les trafics se sont déplacés ou se sont momentanément rendus invisibles

Laurent Mucchielli, sociologue

"Il y a un quartier où la dominante, c'est les gens qui disent plutôt : 'Au fond, ça ne sert pas à grand chose cette affaire là', voire même : 'Moi je me faisais contrôler alors que ce n'était pas moi le problème'. Et, inversement, il y a un deuxième quartier où une majorité de la population est plutôt rassurée. Au final, c'est un bilan quand même très mitigé", poursuit-il.

Reste à savoir si la pression sur ces cités va se poursuivre. Deux des quatre compagnies de CRS marseillaises sont déjà affectées à d'autres missions ailleurs en France. Or sans elles, impossible d'effectuer ces "opérations globales".

"Bien, mais peut mieux faire"

Au total donc, le bilan est donc plutôt mitigé. Du côté des habitants, les avis sont partagés. Ils sont favorables pour les habitants du centre-ville où le gros des moyens a été déployé et où les résultats sont indéniablement positifs.

"Par rapport à la brigade VTT, c'est vrai qu'ils sont assez efficaces. Moi, je les ai vus à l'oeuvre, ils sont assez rapides, ils ont un bon coup de pédale. C'est bien, c'est rassurant", se satisfait Véronique, qui tient un bar sur la Canebière.

On est obligés de faire notre sécurité nous-mêmes

Karim, habitant des quartiers Nord

Karim, lui, habite dans les quartiers Nord. "Opérations globales" ou pas, pour lui, les trafics et l'insécurité sont toujours là. "Pour entrer dans l'immeuble, on est obligés de leur demander pardon. À un moment donné, ils ont bloqué les ascenseurs et les escaliers. Ils ont mis des garde-corps et les ont attachés avec des chaînes. Il fallait que les parents descendent. On est obligés de faire notre sécurité nous-mêmes", raconte-t-il.

Le message que de nombreux Marseillais semblent vouloir faire passer, c'est "bien mais peut mieux faire".

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