À l'intérieur de quatre grandes boites, retirées d'un coffre-fort, se trouvent des restes dentaires, des fragments de crâne, de bassin et de fémur. Il s'agit de Lucy, la plus célèbre australopithèque, découverte il y a cinquante ans en Éthiopie.
Ce fossile fut surnommé Lucy, en hommage à la chanson des Beatles Lucy in the Sky with Diamonds, que l’équipe de scientifiques écoutait après la célébration de la découverte. Lucy, un australopithecus afarensis âgé de 3,18 millions d'années, mesurait 1m10 et pesait 29 kg.
Le 24 novembre 1974, dans la région de l'Afar, au nord-est du pays, une équipe de scientifiques, composée de Maurice Taieb, Yves Coppens, Donald Johanson, Jon Kalb et Raymonde Bonnefille, ont mis à jour 52 fragments d'ossements, permettant de reconstituer environ 40% du squelette. Ce fossile d'hominidé bipède, à l'époque le plus complet jamais découvert, a bouleversé la recherche scientifique et notre compréhension des ancêtres de l'homme. 50 ans après sa découverte, que nous a appris Lucy ?
L'australopithèque la plus célèbre du monde a adopté la position debout, marquant ainsi une distinction claire par rapport aux singes. Cependant, Yves Coppens, un des scientifiques à l'origine de la découverte, avance que Lucy continuait à grimper aux arbres. Selon lui, l'articulation de l'épaule, les phalanges recourbées et la longueur des bras restent caractéristiques d'un animal encore adapté à l'escalade.
En 1995, d'autres chercheurs ont découvert plusieurs ossements dans le nord du Kenya. Daté entre 3,9 et 4,2 millions d'années, un autre australopithèque présente des articulations plus efficaces que celles de Lucy. Cette dernière vivra pourtant un million d'années plus tard. Cela suggère qu'il existait différentes manières de se tenir debout.
Les chercheurs nuancent également le lien entre la taille du cerveau et les capacités cognitives. Autrefois, la taille du crâne était perçue comme un indicateur crucial de l'intelligence. Le cerveau des afarensis, comme celui de Lucy, avoisine les 400 cm³, soit à peine plus grand que celui d’un chimpanzé actuel. En comparaison, notre propre cerveau, d'Homo sapiens, mesure autour de 1.400 cm³. Mais cette corrélation n'est pas aussi simple puisque le cerveau d'Anatole France (1844-1924), autopsié après sa mort, mesurait 1.000 cm³, sans que cela n'empêche l'écrivain d'être un génie. L'augmentation du volume cérébral a toutefois influencé les comportements, selon Jean-Jacques Hublin du Collège de France.
De même, l'analyse des dents a considérablement évolué au cours des cinquante dernières années. Auparavant, les scientifiques pensaient que la taille des dents et l'épaisseur de l'émail indiquaient ce que l'individu mangeait. Aujourd'hui, on estime plutôt que les dents révèlent ce que l'individu est capable de manger, nuance Sandrine Prat, paléoanthropologue au Musée de l'Homme.
Lucy est probablement morte entre l'âge de 11 et de 13 ans, un âge considéré comme adulte pour cette espèce. Elle a changé "la perception de l’évolution humaine", selon Sahleselasie Melaku, responsable du département de paléontologie, au musée où elle y repose, en Éthiopie. D'après lui, la période précédant sa découverte était "une époque obscure" dans le domaine de la recherche. "Depuis cette découverte, nous avons beaucoup appris sur nos origines", affirme le scientifique.
Longtemps considérée comme "la grand-mère de l’Humanité", Lucy est aujourd'hui plutôt perçue comme une tante ou une cousine, son lien direct avec l'homme étant désormais contesté. Depuis 1974, de nombreuses découvertes ont redéfini notre savoir, avec des spécimens trouvés en Éthiopie, en Afrique du Sud, au Kenya et au Tchad. "Toumaï", découvert en 2001 et âgé d'environ 7 millions d’années, est même parfois décrit comme le premier représentant de la lignée humaine.
Cinquante ans après Lucy, le mystère de nos ancêtres persiste. De nombreux aspects, comme les outils et leur fabrication, continuent de faire l'objet de recherches et de débats. Une question demeure : quand et pourquoi l'humanité a-t-elle quitté l'Afrique, aujourd'hui considérée comme le berceau de l'humanité ? Un point est soulevé : il y a environ 40.000 ans, tous les hominines (espèces bipèdes) ont disparu, sauf les Homo sapiens.
Sahleselasie Melaku souligne qu'"il reste encore de nombreuses questions sans réponse". Les progrès scientifiques et l’amélioration des équipements permettent désormais d’approfondir la compréhension de ces spécimens.
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