On refait le monde avec :
- Rokhaya Diallo, membre du Mouvement européen contre le racisme
- Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro
- Roland Cayrol, politologue, Directeur du centre d'Etudes et d'Analyse
- Paolo Levi, correspondant à Paris de l'agence de presse italienne Ansa
Le rectorat a réagi ce jeudi 5 mai à l'information publiée dans Le Monde selon laquelle "les étudiants en médecine franciliens seront choisis par tirage au sort" pour la première année. Dans un communiqué, ses services ont fait machine arrière en assurant : "Tous les bacheliers d’Île-de-France pourront suivre les études de leur choix". Les université franciliennes se sont effectivement réparti 7.500 places pour l'an prochain mais "ce nombre pourra évoluer si nécessaire", assure le rectorat. Il n'empêche, dans d'autres filières universitaires, la pratique du tirage au sort et bel et bien effective.
En Italie, "il y a eu le même débat, mais je pense que la première responsabilité d'une République doit être celle de garantir une égalité de chances à tous les étudiants", juge Paolo Levi qui trouve cette mesure "inacceptable". Pour lui, on ne peut pas confier "à une sorte de roulette russe le destin d'une personne qui passe beaucoup de temps sur les livres."
Pour Yves Thréard, cette polémique "pose le problème de l'université dans son ensemble". Contre le tirage au sort, il explique ne connaître "qu'un principe de sélection à l'université, comme ailleurs, c'est le mérite." Il n'empêche, "tout comme il faut qu'on revoit peut-être l'examen du bac, qui est le premier examen universitaire, il faut probablement prévoir, à l'intérieur des universités, des concours, en tout cas des sas qui permettent de faire un écrémage, uniquement sur le mérite et les connaissances." Le directeur adjoint du Figaro rappelle ainsi les initiatives de Valérie Pécresse pour donner plus d'autonomie aux universités qu'il faudrait remettre au goût du jour, car en attendant, il estime qu'on "forme des gens qui n'auront aucun débouché ou qui feraient mieux de faire autre chose."
Roland Cayrol, lui, dénonce des pratiques à la limite de la loi, que ce soit celle du tirage au sort ou celle de la sélection à l'entrée, normalement interdite à l'université. "Dauphine, ça fait 40 ans cette année qu'ils pratiquent la sélection sans que personne n'en parle jamais et beaucoup d'autres universités maintenant le font, soit en l'avouant, soit en ayant des systèmes qui permettent de le faire sans le dire." Tout comme le tirage au sort c'est une "absurdité totale".
Le politologue adopte cependant un point de vue étonnant : "Pour une fois, j'admire plutôt le système américain, qui est que tout le monde a le droit, dès l'instant qu'il a la formation nécessaire, de devenir médecin, etc. mais pas forcément dans l'université où il a envie d'aller." C'est-à-dire que les universités ne sont pas égales entre elles, que la sélection se fait notamment sur dossier, mais que cela n'empêche pas de mener sa carrière à bien. "Il faut arrêter, en France, avec ce mythe qu'on a de l'Éducation nationale et de l'égalité parfaite des universités. C'est déjà totalement faux."
Il faut arrêter, en France, avec ce mythe qu'on a de l'Éducation nationale et de l'égalité parfaite des universités. C'est déjà totalement faux.
Roland Cayrol
Rokhaya Diallo, elle, n'admire pas le système américain, où le patrimoine familial peut permettre d'intégrer les plus prestigieux établissements, mais pense qu'il faut quand même faire évoluer le système français. "Moi je comprends que le système du tirage au sort soit absurde, mais le fait qu'on le propose, c'est la traduction du fait qu'on arrive à une impasse." Les universités sont en effet confrontés au problème des amphi trop remplis. Mais le tirage au sort n'est pas une solution pour diminuer les effectifs. La sélection sur dossier non plus, d'après la militante.
"J'ai un problème avec cette notion de méritocratie, parce que sélectionner les étudiants au moment où ils ont 18 ans, lorsqu'ils sortent du lycée, ça veut dire qu'en fait, on détermine l'avenir des étudiants lorsqu'ils sont très jeunes, lorsqu'ils sont adolescents. Or il y a énormément de lycéens, qui ne sont pas forcément de très bons élèves, qui deviennent de très bons étudiants." Pour la militante il faut donc repenser l'université pour évaluer les lycéens et les étudiants sur des critères qui ne sont pas uniquement scolaires.
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