Les Français voient moins bien, mais refusent de porter leurs lunettes, selon une étude

Un paradoxe qui interpelle. Les Français voient de moins en moins bien et pourtant ils portent de moins en moins leurs lunettes : 46% déclarent souffrir de problèmes de vue, mais ils sont près de la moitié à ne pas mettre leurs lunettes devant un écran, 40% ne les portent pas en voiture. Des chiffres recueillis par OpinionWeb pour l'Association Nationale pour l'Amélioration de la Vue (AsnaV).

"Je ne porte pas de lunettes, même si je suis opticienne, parce que je ne supporte pas avoir quelque chose sur le nez", déclare un opticien situé près des Champs Élysées. Léa Marciano, la gérante, les remplace, elle, par des lentilles. Ces objets ne sont pas adaptés pour tout le monde : un porteur de lunettes sur deux, laisse sa monture dans l'étui parce qu'elles sont mal réglées ou trop lourdes.

L'opticienne voit aussi une autre raison : l'explosion des ventes de lunettes anti-lumière bleue à faible correction, des verres qui protègent la rétine contre la surexposition aux écrans. Elles représentent 30% de ces ventes aujourd'hui. "Elles sont utilisables uniquement lorsqu'on travaille sur écran. On n'est pas obligé de les mettre toute la journée. Pendant les vacances, on ne les mettra pas.

Des chiffres en nette hausse

Au volant, justement, le baromètre montre que 40% des porteurs de lunettes conduisent sans. Ils étaient 16% en 2016. Ne pas porter ses lunettes, c'est demander un effort supplémentaire à ses yeux, ce qui provoque des maux de tête, des douleurs cervicales qui aggravent la baisse de l'acuité visuelle. Ces dernières années, le développement massif de l'éclairage par LED qui imite la lumière naturelle peut laisser penser que les lunettes ne sont pas forcément nécessaires.

Les phares des voitures et l'éclairage public sont de plus en plus équipés. Une intime conviction pour Hugues Verdier-Davioud, président de la Fédération nationale des opticiens de France. Ce dernier est déjà tombé sur des cas très problématiques : "Je vois passer en magasin une cohorte de patients qui ne sont plus équipés, ne voient plus rien du tout, ont une cataracte et considèrent que la voiture connaît la route. Avant de les voir arriver en magasin, on frôle l'accident quand ce n'est pas trop tard", raconte-t-il.