"Le bal des dézingueurs" : "Il n'y a pas d'amitié entre les journalistes et les politiques", déclare Alba Ventura

Les dires des hommes et femmes politiques français sont-ils toujours autant secrets ? Il semblerait que non grâce à deux journalistes. Alba Ventura (RTL) et Laurent Bazin (iTÉLÉ) en ont fait un livre, Le Bal des dézingueurs, publié ce mercredi chez Flammarion, avec pour pitch : ce que les politiques disent vraiment les micros fermés. Tous les jours, des journalistes et des politiques se retrouvent autour d'une table pour déjeuner ensemble. Le livre offre alors un véritable repas d'anecdotes croustillantes. 

On pourrait croire que ces confidences, qu'on appelle des "off", doivent rester secrètes mais Laurent Bazin assure que "les déjeuners politiques sont faits pour ça". Le journaliste relate que le premier ministre Manuel Valls assiste régulièrement à des déjeuners de briefing, afin de "traiter les journalistes". "Il a à sa table 24 personnes, toutes de médias différents", précise-t-il. Ce n'est donc plus un déjeuner mais une "conférence de presse clandestine". Par ailleurs, les deux écrivains assurent que ce livre ne brise aucun pacte secret puisque l'idée du déjeuner de communication est déjà inscrite. 

Du côté des journalistes, ces repas sont l'occasion pour eux de "décrypter, sentir ce que l'homme ou la femme a dans les tripes", explique Alba Ventura. Il s'agit donc d'un "rapport bien défini", où d'un côté les journalistes cherchent l'information et de l'autre, les politiques cherchent à faire passer des messages. Néanmoins, ce monde implacable ne laisse aucune place à la naïveté. "On ne doit pas être dupe, ajoute la journaliste, chacun se méfie bien l'un de l'autre" car entre les journalistes et les hommes politiques, "il n'y a pas d'amitié". 

Les femmes politiques n'ont pas la langue dans leur poche

Pour illustrer cette "violence extrême", présente lors des déjeuners, Laurent Bazin offre aux auditeurs une anecdote dont Roseline Bachelot est l'héroïne. L'ancienne ministre sort d'un déjeuner "entre filles", plus précisément avec des journalistes femmes, avant de poursuivre son activité de ministre. Son enthousiasme ne l'empêche pas de déclarer à son entourage : "Oh, j'ai déjeuné avec quatre salopes". 

Nathalie Kosciusko-Morizet, fraîchement candidate à la primaire de droite, décroche le palmarès. Selon Alba Ventura, celle que Jacques Chirac appelait "l'insoumise", est une "tueuse née". La députée aurait confié à la journaliste qu'il "va falloir greffer une paire de couilles à ces hommes politiques". Laurent Bazin confirme cette franchise pour le moins crue, lorsqu'elle dit de Nicolas Sarkozy que "comme homme politique, c'est un homme formidable. Comme homme tout court, il est pathétique". 

Les rapports sont plus violents, il y a plus de cruauté qu'avant

Alba Ventura, journaliste

Pour les deux auteurs du livre, il est évident que les rapports sont bien plus violents qu'à une certaine époque, "il y a plus de cruauté qu'avant", insiste Alba Ventura. Cette transparence permanente est principalement liée à une compétition grandissante qui ne cesse d'accélérer, avec entre autres les primaires. Les deux journalistes ne cachent pas leur surprise face à tant de violence, prenant conscience que "tout est construction politique ou une opération de communication".