Trente conflits sont répertoriés chaque jour à l'école selon la plateforme d'appel créée en mai dernier par le ministère de l'Éducation nationale. Une plateforme qui est aussi ouverte aux enseignants en quête d'aide et de conseils pour toutes les questions de laïcité.
Iannis Roder, professeur d'histoire-géographie en éducation prioritaire renforcée, se dit "pas étonné" de ce chiffre qu'il relativise et ramène à "l'ensemble des établissements scolaires en France".
"Ça fait 20 ans que j'enseigne dans l'éducation prioritaire, ce que je vois, c'est une extension de la pratique religieuse", poursuit-il. "Aujourd'hui, c'est très compliqué face à des élèves de parler de certains sujets et nous constatons que la religion fait entièrement partie de leur vie, c'est un socle sur lequel ils s'appuient et qui est structurant pour eux, avec depuis une vingtaine d'années, je trouve, une vision plus rigoriste et une pratique plus stricte".
Le professeur refuse de parler de "dérive" car il voit "des cas, très ponctuellement, problématiques", mais il ne voit pas "de dérive". "Je vois une pratique qui s'étend et qui devient plus stricte".
Une vision plus rigoriste et une pratique plus stricte
Iannis Roder, professeur d'histoire géographie en éducation prioritaire renforcée
Selon Nicolas Cadène, rapporteur général de l'Observatoire de la Laïcité, ce phénomène, "on l'observe effectivement depuis plusieurs années, ce n'est pas tout récent (...) mais beaucoup plus de choses remontent, ce qui est une bonne chose car désormais on peut les résoudre". (...) "Après, il faut former les enseignants pour qu'ils soient mieux outillés face à ces problématiques", préconise-t-il.
"Lorsqu'il y a une concentration d'élèves qui vont partager les mêmes convictions, et qui vont du coup se replier, le vrai problème est là, le problème c'est qu'il n'y a pas assez de mixité sociale dans les établissements scolaires", critique le rapporteur.
"Effectivement, le fait que certains établissements se ghettoïsent favorise ce conformisme social qui se met en place et des élèves qui ne pratiquaient pas sont poussés pour appartenir au groupe majoritaire et vont se mettre à pratiquer".
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