L'alcool et le tabac génèrent un déficit de 22 milliards pour l'État
REPLAY - INVITÉ RTL - Les conséquences de la consommation de tabac et d'alcool en France engendrent un coût de 240 milliards d'euros.

L'ensemble de la facture pour les addictions au tabac et à l'alcool représente 240 milliards d'euros à l'État selon une étude de l'Observatoire français des drogues et toxicomanie. Un fléau contre lequel tentent de se battre les spécialistes, à l'image du professeur Michel Reynaud, président des Fonds Actions Addictions. Un combat porté tout d'abord sur le plan économique, pour battre en brèche l'idée selon laquelle le tabac et l'alcool sont des secteurs à forte rentabilité pour le gouvernement.
"La dépense pour l'État c'est la dépense pour les soins, la dépense pour la prévention, la dépense pour la répression pour l'alcool et pour la tabac", explique le médecin sur RTL. "Et là, on arrive à un déficit de 22 milliards chaque année, c'est à dire le tiers du déficit de l'État". En effet, selon Michel Reynaud "les taxes sur l'alcool rapportent 3 milliards et demi, et le coût des soins c'est 9 milliards", idem pour le tabac avec 11 milliards de rentrées en taxes mais 23 milliards de dépenses en soins liés à des maladies causées par la consommation.
Une augmentation de la consommation de 30 à 50% chez les 17-25 ans
Michel Reynaud
Là où le professeur Michel Reynaud tire la sonnette d'alarme, c'est à propos de la consommation croissante chez les jeunes. "Ce qui augmente c'est la consommation d'alcool chez les jeunes", affirme-t-il. "Il y a eu une augmentation de la consommation de 30 à 50% chez les 17-25 ans, cette consommation est parfaitement corrélée aux comas éthyliques, aux morts sur la route", détaille l'invité de RTL. Plus précisément c'est la consommation des jeunes femmes qui inquiète. Elles sont notamment friandes de vin.
Selon Michel Reynaud, "l'augmentation est extrêmement corrélée avec la loi Bachelot qui a autorisé la publicité sur internet. La publicité d'aujourd'hui c'est la consommation de demain et les morts d'après-demain". Une banalisation de l'alcool que le médecin ajoute au fait que l'alcool est "la meilleure et les pire des choses". "C'est ce qui procure le plus de plaisir personnel et le plus de plaisir en groupe", ajoute-t-il. Mais il tempère aussi en expliquant qu'il y a quand même "10% des gens qui en souffrent terriblement, c'est ce qui coûte le plus cher à la nation".
Il faudrait se donner les moyens de repérer et de soigner plus tôt
Michel Reynaud
Environ 4 millions de personnes souffrent d'addiction à l'alcool, et la seule arme pour lutter contre ce phénomène est la mise en place d'un plan de prévention. "Il faudrait se donner les moyens de repérer et de soigner plus tôt. "La réponse, notamment sanitaire, et la prévention sont très en dessous de ce qui pourrait être fait", alerte le professeur Reynaud. "Ce qui a été fait avec les "Plan cancers" depuis une dizaine d'années, on ferait exactement pareil pour l'alcool s'il y avait possibilité de repérer précocement", détaille-t-il.
Mais pour ce faire, il faudrait la mise en place de structures adaptées et d'un personnel compétent. Un plan de prévention "c'est des médecins formés, des médecins compétents, c'est des services spécialisés, c'est des soins précoces", illustre l'expert. Mais il se désole car "il n'y a pas la perception claire de la gravité de ces dommages". Pourtant, "ça reste l'une des premières causes d'hospitalisations en France".