Nous sommes en octobre 1972 et le procès de la jeune Marie-Claire, inculpée pour avoir avorté, cristallise l'engagement des militants pour sa légalisation.
Dans la France post mai 1968, le droit à l'avortement est un sujet brûlant. Un million de femmes avortent chaque année.
Le "manifeste des 343" est paru un an et demi avant le procès de Bobigny, le 5 avril 1971. On interpelle les politiques, plusieurs propositions de loi ont été faites mais n'ont pas abouti.
Le cas de la jeune Marie-Claire donne un nouvel éclairage sur la situation de l'avortement en France. Marie-Claire Chevalier est jugée le 11 octobre 72 au tribunal pour enfants de Bobigny et sa jeunesse interpelle.
Elle est aux côtés de sa mère, qui est soupçonnée de complicité car elle l’a aidée à avorter : “A seize ans, c'est encore une enfant”, explique Michèle Chevalier à RTL.
Pour les défendre, Maître Gisèle Halimi, une avocate déjà connue pour avoir défendu les victimes d’exactions des militaires français en Algérie. Fervente défenseure du droit à l'avortement, son engagement paye : Marie-Claire est relaxée.
Le 8 novembre 1972, sa mère, "l’avorteuse" et deux amies "complices" comparaissent à leur tour. Les militantes du MLF et l’actrice Delphine Seyrig se déplacent pour la soutenir, mais aussi d’autres personnalités comme Aimé Césaire et Simone de Beauvoir.
À nouveau, la justice se veut clémente : Michèle Chevalier est condamnée à une amende de 500 Francs avec sursis, les amies sont relaxées et "l'avorteuse" est condamnée à un an de prison.
Mais le véritable succès du procès de Bobigny, c’est son éclairage et peut-être, la prise de conscience collective. Le 17 janvier 1975, la loi Veil dépénalise l’interruption volontaire de grossesse, une avancée essentielle pour les droits des femmes en France.