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La couverture santé des étrangers dans le collimateur du gouvernement
Crédit : iStock / Getty Images Plus
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La France deviendrait-elle victime de l'attractivité de son système de santé ? Déjà échaudés par une possible réforme de l'Aide médicale d'État, les défenseurs des migrants voient se profiler un nouveau "big bang", à l'aune du débat sur l'immigration.
La menace a surgi à l'été, lorsqu'a été dévoilée l'existence d'une mission d'inspection mandatée par le gouvernement pour scruter un dispositif, l'AME, qui permet l'accès aux soins des immigrés en situation irrégulière et qui sont présents depuis au moins trois mois sur le territoire. Cette aide coûte 934 millions d'euros à l'État et bénéficie à plus de 300.000 sans-papiers.
Les craintes autour d'une suppression pure et simple a disparu, mais l'exécutif a laissé la porte ouverte à des modifications de ce dispositif hautement symbolique car il est exclusivement dédié aux sans-papiers. Si supprimer l'AME "serait ridicule", a balayé Emmanuel Macron, le président s'est aussi interrogé sur la pertinence du "panier de soins" qu'elle offre. "Il faut l'évaluer", a-t-il souligné.
"Est-ce qu'il n'y a pas (...) des excès", a-t-il encore questionné, mettant en avant l'"explosion" du nombre de "gens qui viennent pour se faire soigner en France". Dans le projet de loi de finances pour 2020, le budget de l'AME reste inchangé, malgré une "forte dynamique de la dépense associée à ce dispositif". La mission d'inspection doit offrir en octobre "des pistes d'amélioration de l'efficience de l'AME", souligne Bercy, laissant entendre que des modifications par voie d'amendement sont possibles.
"On a l'impression que le pire est évité pour l'instant. Le big bang n'est plus sur l'AME, mais sur la Protection universelle maladie (PUMa)", relève Christian Reboul, de Médecins du Monde, en référence au dispositif, dont dépendent les demandeurs d'asile, car en situation régulière.
Le gouvernement "se penche" sur le dispositif : "L'une des questions posée aujourd'hui sur le nombre important de personnes venant d'un pays sûr (Albanie et Géorgie, principalement, NDLR), c'est la possibilité qui leur est donnée pendant le délai d'examen de leur demande d'asile d'accéder à des soins", affirme-t-on à Matignon.
"On peut s'interroger sur la manière dont on ajuste ces dispositifs pour en maîtriser l'évolution financière et pour faire en sorte que la France ne soit pas moins accueillante mais pas forcément plus attractive non plus", ajoute-t-on. L'idée d'instaurer une période de carence de trois mois avant l'accès à la PUMa fait ainsi son chemin au gouvernement, qui craint de voir se développer un tourisme médical, avec une demande d'asile uniquement motivée par l'accès aux soins.
Ni la droite ni l'extrême-droite n'avaient osé s'en prendre à cela. C'était sanctuarisé."
Christian Reboul, Médecins du Monde
"Cela nous fait bondir", reprend Christian Reboul. "Ça pose un véritable problème car cela concerne des demandeurs d'asile qui ont un besoin de prise en charge immédiate. Ni la droite ni l'extrême-droite n'avaient osé s'en prendre à cela. C'était sanctuarisé."
Dans un document transmis vendredi aux parlementaires, Matignon dresse notamment un comparatif avec l'Allemagne, qui ne couvre les dépenses non-urgentes que si elles sont "indispensables au maintien de la vie ou à la santé". Le gouvernement a "une approche essentiellement financière" alors qu'"on parle de gens qui sont les plus au bout de la chaîne des perdants de nos sociétés", regrette de son côté le Comité médical pour les exilés (Comede).
"Il y a un effet de loupe phénoménal. Ils vont nous casser le système parce qu'ils ont vu débarquer un jour 20 Géorgiens qui voulaient sauver leur peau", peste Didier Maille, responsable du Comede. Corréler débat sur l'immigration et refonte de ces dispositifs permet au gouvernement de "mettre en avant la figure du touriste médical", déplore l'association.
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