+37%. C'est l'augmentation du nombre de témoignages et signalements enregistrés par SOS Homophobie en septembre, par rapport au même mois l'an dernier. En 2018, les homosexuels sont toujours des cibles d'agressions, à Paris et ailleurs.
Mardi 16 octobre, c'est Guillaume Mélanie, président d'Urgence Homophobie, qui s'est fait casser le nez à la sortie d'un restaurant. Il a partagé la photo de son visage tuméfié dans l'ambulance accompagnée de cette légende : "Ce soir c'est mon tour."
C'est au moins le troisième témoignage publié sur les réseaux sociaux en quelques jours. Ce qui pousse Anne Hidalgo à réagir et envoyer un courrier aux associations, mercredi 17 octobre, pour "poser un constat" et "trouver des solutions", explique à RTL.fr le responsable adjoint du service de presse de la mairie de Paris, Ismail Mansouri.
"Nous souhaitons nous mobiliser aux côtés des associations et mettre à leur disposition un espace de dialogue afin de mettre en place, le plus rapidement possible, les actions les plus efficaces et les plus pertinentes", écrit la mairie dans le courrier adressé aux associations. Sera convié à la réunion un représentant de la préfecture de police et les services du procureur de Paris, qui représentent l'État.
Le courrier évoque une "recrudescence" des actes violents. Impossible de savoir toutefois si ces témoignages sont la traduction d'une augmentation des actes ou d'une libération de la parole. Nos confrères de 20 Minutes ont tenté de répondre à la question et affirment que, selon la préfecture de police, "les faits constatés depuis le début de l’année dénotent plutôt d’une baisse des agressions homophobes".
Il faut toutefois rappeler que le rapport sur les violences homophobes et transphobes en 2017 de SOS Homophobie faisait état d'une hausse des violences anti-LGBTQ+ sur les deux dernières années.
Pour SOS Homophobie, "si on ne sait pas pour sûr, on pense que ces chiffres (les 37%, ndlr) traduisent une libération de la parole, plus qu'une augmentation des actes homophobes", explique Jérémy Falédam, de l'association.
Ces chiffres traduisent une libération de la parole
Jérémy Falédam, de SOS Homophobie
Ça permet de rendre visible un problème persistant malgré l'évolution des lois depuis plusieurs décennies. Une des victimes qui a publié une photo de son visage après l'agression l'explique d'ailleurs dans son message : "Je ne savais pas si je voulais le tweeter, juste je préfère l’afficher plutôt que le cacher et montrer qu’on n'est toujours pas à l’abri même en 2018..."
Un acteur avait aussi posté son visage boursouflé par les coups sur Instagram il y a un mois. Il a porté plainte et ses agresseurs ont été interpellés depuis.
"On remarque un véritable phénomène de libération de la parole, toute l'année", poursuit Jérémy Falédam en citant aussi le rôle des réseaux sociaux. Un cercle vertueux qui pousse les autres victimes à s'exprimer à leur tour et faire prendre conscience de l'existence de ces violences.
Il ajoute que les agressions ne sont "qu'une partie émergée de l'iceberg", car il y a aussi les insultes, le harcèlement, les discriminations, les violences silencieuses "notamment dans le milieu médical pour les personnes trans", précise-t-il. "Quand on est attaqué parce qu'on est LGBTQ+, on est attaqué pour ce que l'on est, pour soi, précise-t-il. C'est intolérable et les réseaux sociaux permettent de trouver un soutien".
Pour les récentes agressions reportées, ils ont été un moteur clef pour la communication et la reconnaissance des victimes. C'est en effet sur Instagram, Twitter ou Facebook que ces histoires d'agressions ont pu être partagées pour finalement remonter jusqu'aux chargés de communication d'élus, comme la maire de Paris.
En augmentation ou pas, les actes homophobes, transphobes, biphobes, lesbophobes, existent bien et continuent de faire des victimes. Et leur visibilité pousse les responsables politiques à demander une réaction des pouvoirs publics, "une action intergouvernementale", comme le demande, par exemple, Boris Vallaud, député PS des Landes et mari de Najat Vallaud-Belkacem.
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