Le camp de La Linière réduit à un "amas de cendres". C'est les mots qu'a employés le préfet du Nord après l'important incendie qui a fait au moins une dizaine de blessés samedi 10 avril, dans le camp de Grande-Synthe. Seuls 70 des 300 chalets en bois qu'il comportait sont restés intacts. Les mises à feu volontaires résulteraient d'une bagarre entre Afghans et Kurdes, selon les premiers éléments de l'enquête. Mais où vont aller les 1.400 réfugiés qui résidaient dans ce camp ? Pour le moment, 1.000 sont hébergés en urgence dans 5 gymnases environnants. Matthias Fekl, le ministre de l'Intérieur a pour sa part affirmé qu'il "n'y aurait plus de camp de la Linière. Ni sous cette forme, ni sous une autre", a-t-il ajouté.
"Il faut rappeler que le gouvernement s'opposait déjà à sa construction, il y a eu un bras de fer et le maire a fini par l'imposer", explique Rony Brauman l'ancien président de Médecins Sans Frontières (MSF, ndlr). "Il ne s'agit pas de construire des camps partout ni d'offrir une solution longue durée, mais les moments de repos, de récupération que représentent les camps à taille limitée comme celui-ci sont une solution provisoire qu'il ne faut pas négliger", poursuit-il, qualifiant le camp de "sas de transit".
On leur avait apporté un minimum de dignité, le temps qu'ils se posent et s'interrogent sur leur parcours migratoire
Damien Carême, maire de Grande-Synthe
"C'est exactement la manière dont on l'avait conçu avec MSF", confirme Damien Carême, le maire de Grande-Synthe. "Je n'ai jamais souhaité faire un camp, mais il se trouve qu'on a été confronté à une réalité et qu'on a apporté une réponse qui n'existait pas en France à ce moment-là", explique-t-il. "On leur avait apporté un minimum de dignité, en mettant à leur disposition des douches, des sanitaires, en leur portant à manger, le temps qu'ils se posent et qu'ils s'interrogent sur leur parcours migratoire", continue l'édile.
Comment est-on arrivés a un tel drame ? "Le problème c'est qu'à l'ouverture, il y avait 1.300 réfugiés, puis leur nombre a baissé à 700, ce qui faisait de ce camp un camp à taille humaine. Mais le fait qu'on ait fermé Calais et que les Centre d'accueil et d'orientation soient saturés, on est arrivés à 1.400 réfugiés, ce qui a créé les tensions et le dérapage", précise Damien Carême. "Les tensions étaient dues à la surpopulation, c'est à cela qu'il faut s'attaquer, aux causes profondes de ces bagarres et de l'incendie qui en a résulté", estime Rony Brauman.
La reconstruction du camp est-elle en envisagée par le maire de Grande-Synthe ? "Moi je ne voulais pas de ce camp, on a répondu à une urgence humanitaire", rappelle Damien Carême. "Là les gens sont hébergés dans des gymnases mais ce n'est pas une solution qui peut durer très longtemps. Si les 1.000 places en centre d'accueil ne sont pas trouvées d'ici la fin de semaine, je verrai comme je peux trouver une solution provisoire pour pouvoir hébe