Évasion fiscale : les guichets de régularisation "avaient atteint un plafond de verre"
Pour Manon Aubry, spécialiste des questions de justice fiscale pour l'association Oxfam France, la "cellule de dégrisement fiscale" mise en place il y a quatre ans et demi n'était pas en mesure de s'attaquer aux plus gros fraudeurs.

Elles disparaissent, après quatre ans et demi d'activité. Les cellules de "dégrisement fiscal", comme les appelait Bercy, ont permis de traiter 50.000 dossiers d'évadés fiscaux. Au total, 8 milliards d'euros ont été récupérés pour les caisses de l'État. "Du point de vue de l'objectif initial, cela a été relativement efficace, concède Manon Aubry, spécialiste des questions justice fiscale pour l'association Oxfam France, mais en réalité, si l'on fait le bilan quatre ans après, ce sont essentiellement les petits exilés fiscaux, les petits fraudeurs, les sortes de fraudeurs passifs, qui ont hérité par exemple d'un compte en Suisse, qui ont été pris", illustre-t-elle
Tandis que l'évasion fiscale représente chaque année 60 à 80 milliards d'euros de perte pour l'État français, Manon Aubry regrette que ces cellules de "dégrisement fiscal" n'aient pas permis d'appréhender les plus gros fraudeurs.
"On avait atteint un plafond de verre en épargnant les plus gros poissons qui, eux, continuent à courir largement et qui n'ont pas été pris dans les mailles du filet. On s'est un peu attaqué à la face émergée de l'iceberg et au final, c'est une bonne chose pour les caisses de l'État mais, sur quatre ans, ça fait 2 milliards par an et c'est presque une goutte d'eau au regard des sommes perdues", déplore la spécialiste.
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