Dans la Meuse, on estime qu'un habitant sur 300 consomme de l'héroïne. Le Grand Est est la première région de France où l'on compte le plus de morts par overdose. Plusieurs raisons sont avancées : le chômage qui arrive, l'ennui, et dans ce département de villages peu peuplés, on rencontre vite l'ami qui propose la première dose.
"C'est une descente en enfer. On consomme de plus en plus, on a besoin de plus en plus d'argent. C'est 30 balles le gramme, et vous pouvez monter jusqu'à 5 grammes par jour", explique un usager en rémission que nous avons rencontré. "Je ne vous fais pas un dessin. Cela fait 150 balles par jour. Il n'y a plus que ça qui compte"
Et il est très difficile de sortir de l'addiction. "J'étais en galère moi, je ne savais pas quoi faire. Je voulais m'en sortir mais je ne savais pas comment. Quand on est à 5 grammes par jour, toutes les demies-heures on s'en remet une (dose) dans la gueule. Et il y en a qui montent encore plus. Quand on a de l'argent on monte à 5, 6 grammes et quand on a pas de thunes, on se contente d'un gramme ou d'un gramme et demi. Un gramme et demi, c'est le minimum syndical pour une personne".
Mais qu'est-ce qui explique le succès de l'héroïne dans la Meuse ? Deux choses : le prix, qui a baissé beaucoup, et la proximité historique des Pays-Bas, ce qui engendre un vrai phénomène ici pour le procureur de la République de Bar-le-Duc, Sophian Saboulard. "Je fais le constat qu'on a une jeunesse, en zone rurale, qui consomme de l’héroïne en masse. C'est un enjeu de santé publique. Ça, c'est une réalité. C'est ce qu'on appelle le trafic du lavoir : le consommateur en zone rurale d'héroïne, qui est désœuvré socialement, économiquement, et qui tombe dans cette drogue qui est une drogue mortifère. Et on ne peut pas fermer les yeux sur ce point-là".
Et comme il y a un gros marché, cela attire de gros réseaux : "C'est l'argent qui motive tous ces gens-là. Dans certaines affaires on a entendu des groupes. On a eu le gang des Antillais, qui étaient venus s'installer ici quand même, et qui nous disaient que 'c'est l'eldorado, à Verdun. On a des chiffres d'affaires de 5.000 euros par jour', sur un seul point de vente !", raconte Sophie Partouche, procureure de Verdun.
Une cellule spécialisée, installée à Commercy, lutte contre ces trafics. Les gendarmes expliquent les profils qui font fonctionner ce trafic. "Soit le revendeur-consommateur, qui lui va chercher dans les grandes villes, le plus souvent à Nancy, va ramener une vingtaine de grammes, va revendre et va se faire sa consommation personnelle", raconte un gendarme.
Qu'ils sachent que s'ils sont interpellés, la réponse judiciaire est à la hauteur de la gravité des faits commis.
Sofian Saboulard, le procureur de la république de Bar-le-Duc
"Et on a, à côté de ça, des points de deal qui sont implantés par des dealers dans l'appartement d'un toxicomane, et qui va vendre à longueur de journée. Le toxicomane, en échange du service rendu, de la location, il est rémunéré en stupéfiants".
Les deux procureurs ont fait de la lutte contre cette gangrène une priorité, presque une affaire personnelle, malgré les difficultés. "Si vous voulez tenir dans ce métier, il faut savoir gérer la frustration", explique le procureur Sofian Saboulard. "Quand je partirai de ce département, il y aura encore des trafiquants d'héroïne. Mais en tout cas, ce qui est certain, ce qu'ils doivent savoir (...), c'est que le parquet de Bar-le-Duc est derrière eux", martèle-t-il.
"C'est rendre leur quotidien difficile. C'est le fait qu'ils se retournent pour s'assurer qu'il n'y ait pas de gendarmes. Qu'ils aient peur quand ils appellent (...). Et qu'ils sachent que s'ils sont interpellés, la réponse judiciaire est à la hauteur de la gravité des faits commis."
À Verdun, Sophie Partouche mise aussi sur la rapidité : si possible 4
jours entre le démantèlement d’un point de deal et la présentation en
comparution immédiate devant le tribunal. En moins de 2 ans, le
tribunal de Verdun a prononcé un total de 37 années de prison ferme. La
lutte est difficile, mais elle est active et permanente.
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