3 min de lecture

"En hypervigilance en permanence" : à la maison d'arrêt de Perpignan, les surveillants face à la violence gratuite

L'été a été chaud à la maison d'arrêt de Perpignan. De nombreux actes violents en dehors et dans l'enceinte génèrent un climat de tension, ce qui rend extrêmement difficile le travail des surveillants.

Des surveillants pénitentiaires dans une prison française.

Crédit : Philippe HUGUEN / AFP

RTL ÉVÉNEMENT - Le centre pénitentiaire de Perpignan surchargé et confronté à la violence hors et dans ses murs du 01 septembre 2024

00:04:08

Patrick Tejero - édité par Damien Renoulet

Je m'abonne à la newsletter « Infos »

Avec 330 détenus pour 130 places (et un taux d'occupation de 260%), la maison d'arrêt de Perpignan est surchargée. Voitures du personnel incendiées sur le parking protégé, tentative de séquestration d'un surveillant ou encore tirs nourris de mortiers d'artifice contre un mirador de l'enceinte... La violence est hors et dans ses murs. RTL a rencontré des surveillants très touchés, confrontés cet été à une situation inédite. 

Ces actes génèrent un climat de tension, ce qui rend encore plus insupportable leurs conditions de travail. Après 20 ans en région parisienne, Mickaël a été muté à Perpignan il y a un an. C'est simple, il n'a jamais connu des conditions de travail aussi dangereuses. "C'est pénible pour nous et pour eux. On est en hypervigilance en permanence", explique-t-il. "Pour une cigarette, ils vont se mettre des coups de lame."

Vincent, plus de 20 années de service, a vu cette violence gratuite se généraliser. "Nous avons beaucoup de problèmes avec des détenus qui ont des soucis psychologiques" ainsi qu'"une ultraviolence qu'on ne voyait pas" autrefois. "Il y a à peu près quinze jours, on a dû intervenir sur un détenu au quartier d'isolement qui avait mis le feu et qui était caché dans sa cellule. Nous étions huit pour intervenir", raconte-t-il. "Je ne sais pas où on va, mais on ne va pas pouvoir continuer longtemps de cette façon."

Vincent fait également état d'"un grand manque de personnel" sur Perpignan (il manque 35 fonctionnaires au planning) en raison des départs à la retraite et des difficultés de recrutement. À tel point qu'il a effectué 40 heures supplémentaires ce mois-ci (il lui est même arrivé d'en faire 60).

Solitude et abandon

À lire aussi

Les surveillants décrivent un métier de plus en plus dangereux dans un lieu où se passent de nombreux trafics. Ces derniers saisissent de la drogue (55 grammes de cocaïne récemment), mais aussi des armes, comme un couteau en céramique il y a 15 jours. Ce qui, par ricochet, fait augmenter l'insécurité

Des "kilos de drogue" pénètrent en effet dans cette maison d'arrêt, constate Pierre Grousset, secrétaire général adjoint UR du syndicat Ufap-Justice de Perpignan. "Ça vient des projections en cours de promenade". La marchandise rentre aussi "par les parloirs, parce qu'on ne peut plus fouiller tout le monde", déplore ce dernier. Sans parler des téléphones portables, "de véritables plaies".

Toutes ces difficultés, ces angoisses, rejaillissent sur les familles des fonctionnaires. Gaëlle est arrivée dans cette maison d'arrêt le 1er juillet dernier et a pris de plein fouet les derniers événements. "Quand tu te fais cramer la bagnole sur le parking, tu sors de là pas très à l'aise. Quand tu te fais tirer dessus au mirador par des tirs de mortier, tu rentres chez toi un petit peu déboussolée", confie la surveillante.

Par ailleurs, elle a le "sentiment réel de ne plus pouvoir travailler" comme elle l'aurait souhaité, "comme on me l'avait promis il y a 20 ans. C'est ce qui me touche le plus". Car son métier, "c'est la garde et la réinsertion. Je ne peux faire ni l'un, ni l'autre correctement aujourd'hui". Et de poursuivre : "Ces gens-là seront un jour libérés et remis dans une société, et je n'aurai pas accompli mon travail, ma mission correctement. Ne pas pouvoir faire ses missions correctement est ce qu'il y a de pire pour un professionnel."

Les surveillants éprouvent un terrible sentiment de solitude et d'abandon. Et ils l'affirment haut et fort : c'est la sécurité de la société française qui en pâtit désormais.

La rédaction vous recommande
À écouter aussi

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

S’abonner à la Newsletter RTL Info

En Direct

/

Bienvenue sur RTL

Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur

Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.

Bienvenue sur RTL

Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio

Je crée mon compte