Le journal helvète Bilan a confirmé une information du magazine complément d’enquête : les macarons Ladurée ne sont plus fabriqués en France, mais en Suisse. C’est une icône de la gastronomie française qui a ainsi quitté l’Hexagone. Ces gâteaux parfumés à double coque, produits de luxe et à ce titre vendus diablement cher, sortent désormais d’une usine située dans le district de la Gruyère, près de Fribourg.
L’explication officielle est la qualité exceptionnelle de l’air suisse… On peut penser que la qualité exceptionnelle de la fiscalité suisse n’a pas été tout à fait étrangère à la décision d’implanter une usine là-bas, ainsi que le souhait de rationaliser la production mondiale de Ladurée, après une année 2020 désastreuse à cause de la Covid-19.
Cela ne veut pas forcément dire que l’hémorragie industrielle française se poursuit. Un économiste réputé, Olivier Passet de Xerfi, soulignait tout récemment que la base productive française est probablement en train de se reconstituer lentement. Et, si l’on en croit ses analyses, l’affaire Ladurée serait, non pas l’arbre qui cache la forêt, mais le macaron qui cache la boîte à gâteaux.
Il constate d’abord une pause dans la désindustrialisation. Avec la stabilisation de la part de l’industrie dans le PIB, et de celle de l’emploi industriel. La France compte trois millions cent mille emplois industriels. Alors certes, ce n’est qu’une petite partie de nos presque 20 millions d’emplois dits marchands, c’est-à-dire du secteur privé. Mais c’est un nombre qui n’a pas bougé depuis 2014. Alors que les années précédentes avaient vu une dégringolade régulière. En 1998, il y avait ainsi 4 millions d’emplois industriels.
Si on élargit la focale, il y a encore plus de raisons d’être positif, nous dit Passet. Car les services, transport, ingénierie, information et communication, sont encore plus dynamiques. Ils expliquent en large partie le dynamisme de l’emploi marchand en France. Un emploi qui représentait 77,4% de l’emploi total en France à la veille du premier confinement, et qui a gagné en proportion au détriment de l’emploi public. Pour vous donner l’ordre de grandeur, je vous disais à l’instant que l’emploi privé compte pour près de 20 millions de personnes, alors que c’est 5,8 millions pour l’emploi public, c’est-à-dire les fonctionnaires et assimilés.
Sur les secteurs innovants, la France est encore un nain, comparée aux Etats-Unis. Mais le nain grandit. En témoigne le dynamisme de la création d’entreprise en France, Xerfi parle même d’éveil entrepreneurial. Le capital investissement, c’est-à-dire du financement des projets d’entreprises innovantes, bondit aussi. Sur les six premiers mois de 2021, ce qu’on appelle les levées de fonds, c’est-à-dire justement l’argent investi dans les start-ups, ont atteint 4,8 milliards, c’est-à-dire plus que sur l’ensemble de l’année 2020, qui était déjà une bonne année, malgré l’épidémie.
Doit-on tout cela à la politique économique du gouvernement ? En partie, oui, selon Olivier Passet. Mais l’économiste date le point de retournement à 2014, c’est-à-dire au changement de politique économique de François Hollande, avec le fameux pacte de compétitivité, qui a fait baisser le coût du travail, et les lois El Khomri, qui ont dépoussiéré le code du travail. Cela donne la mesure du temps qu’il faut pour que les effets d’une politique de compétitivité commencent à se voir.
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