L'économiste principal du Fonds monétaire international (FMI), dans une interview au Financial Times, a multiplié les commentaires noirs, "heures sombres", "tempête", au sujet de l'économie mondiale pour l'année à venir. Il a aussi ajouté que cette période "va être douloureuse pour bon nombre de gens".
Une récession est tout à fait possible. Elle est délibérément déclenchée par les autorités économiques mondiales. Elle est même programmée. Dans toutes les grandes économies du monde, sauf en Asie, les autorités remontent massivement les taux du crédit. Un crédit plus cher a pour effet de stopper les acheteurs de biens immobiliers, les consommateurs qui achètent à crédit ainsi que les entreprises qui investissent en s’endettant. Partout dans le monde. La croissance va boire la tasse, c’est inévitable.
L'objectif est de faire baisser l’inflation. Avec l’idée que lorsque la demande ralentit, les prix ralentissent aussi. Faire diminuer l'inflation sans tuer la croissance est une mission impossible. Les banques centrales sont en train de tuer la croissance. Et elles y mettent d’autant plus d’entrain qu’elles l’ont fait beaucoup trop tard.
Les banques ont soutenu la croissance sur une période trop longue et ont provoqué l’inflation avant de se rendre compte que la vapeur devait être inversée. Du coup, elles y vont sans mesure. C’est exactement comme quand vous allumez un radiateur dans une pièce gelée. Vous le mettez à fond, il ne se passe rien. Et tout d’un coup, la température monte, de manière excessive. Il faut éteindre le radiateur. Les autorités ont sous-estimé l'effet d'inertie de l'économie. Elles sous-estiment encore cet effet aujourd'hui, dans l'autre sens. Elles y vont trop fort avec le thermostat.
L'arrivée de la crise financière est un risque. Un risque que connaît le Royaume-Uni en s'endettant de façon regrettable. Mais ce risque s'étend aujourd’hui à tous les pays, zone euro comprise. Car les États et les entreprises sont très endettés. Quand le prix du crédit monte, ils doivent payer beaucoup plus cher pour prolonger ou renouveler leurs emprunts, se retrouvant ainsi étranglés. Du coup, les investisseurs ne prêtent plus et il y a un risque d’asphyxie financière, comparable à la situation en 2008.
Les États les plus fragiles sont dans la difficulté. C'est le cas aussi pour les entreprises les plus endettées. Le groupe d’hypermarchés Casino, par exemple, est massacré en bourse parce qu’il est pris en tenaille entre la stagnation de la consommation et la hausse du coût du crédit. Du temps où le charbon était exploité, les mineurs emmenaient un canari au fond de la mine. En cas d’émanation de gaz toxiques et inodores, l’oiseau mourrait avant eux. C'était le signal pour remonter. Le groupe Casino est peut-être le canari dans la mine financière.
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