Selon les résultats du premier trimestre 2022, le ciel français enregistre une nette embellie. Plus encore, Air France KLM fait mieux que ses rivaux Lufthansa et British Airways Iberia. S'il n'est pas encore possible de parler de renaissance après la très violente crise du coronavirus, qui avait fermé les frontières et cloué les avions au sol, on peut tout de même observer une convalescence, notamment grâce au retour des passagers.
Malgré l'augmentation du prix des billets, les taux de réservation sont sans équivalent comparé au début de la crise sanitaire. Pour le troisième trimestre, ces derniers s'approchent de ceux de 2019, la dernière belle année. Une conjoncture qui vaut pour toutes les compagnies, mais Air France fait la différence grâce à sa réactivité qui lui a permis de redéployer ses capacités sur les lignes à forte demande. L’Outre-mer au premier chef, un atout considérable pour la compagnie nationale française que n'ont pas ses rivales.
De son côté, Lufthansa a manqué de cette souplesse. Autre atout, Transavia, la filiale low-cost de KLM, plus rentable et dynamique que son équivalent d'outre-Rhin, Eurowings.
La vie économique d'Air France ressemble tout de même à un long purgatoire. L'année dernière, la compagnie a encore perdu près de 4 milliards d'euros, soit davantage que Lufthansa malgré un chiffre d'affaires plus faible. Il a alors fallu une aide massive de l'État français, et il en faudra encore.
Ces résultats sont non seulement liés à une stabilisation économique, mais aussi des autres problèmes qui frappaient la compagnie, grâce au Canadien Ben Smith, arrivé à la tête du groupe en 2018. Les problèmes sociaux, avec les grèves de pilotes et les problèmes politiques liés à une profonde mésentente avec les dirigeants de KLM sont terminés. Le président de la compagnie néerlandaise Peter Elbers, qui contestait le leadership d'Air France, n'a ainsi pas été reconduit et quittera l'entreprise au plus tard en 2023.
Enfin, la stratégie d'Air France s'est affirmée : le haut de gamme est désormais visé, avec des services meilleurs et plus chers, notamment pour le monde des affaires. Celui du "mass market", celui des classes moyennes, sera transporté par Transavia.
Reste néanmoins à convaincre la bourse, qui fait la sourde oreille. L’action est à un niveau si bas que la compagnie vaut deux milliards et demi d'euros ce jeudi 12 mai, soit le prix de dix avions A 350 seulement, sur une flotte de près de 300 appareils. La veille, l'action valait dix fois moins que lors du pic de 2007.
La succession de crises économiques, géopolitiques, sociales, financières traversées par l'entreprise a fait de l'actionnaire d'Air France une sorte de martyr. Actuellement, il vaut d'ailleurs mieux vaut dépenser son argent en billet d'avion qu'en action de la compagnie.
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