ÉDITO - Agriculture : "La France a souvent une propension assez désastreuse à se tirer une balle dans le pied", regrette Saporta

D’ici cinq ans, la moitié des agriculteurs sera en âge de partir à la retraite. Or, malgré les 9,4 milliards d'euros de la politique agricole commune, malgré le demi milliard d’allègement de charges de la loi d’orientation agricole, malgré la prise en compte des 25 meilleures années de revenu dans le calcul de la retraite, nos campagnes continuent à se vider des paysans.

Chaque année 10.000 fermes sont rayées de la carte. Il faut dire que le revenu des agriculteurs a encore diminué de 15% en deux ans, et qu’ils sont confrontés à une montagne de normes même si les dernières avancées législatives devraient y remédier. Autant de raisons qui donnent envie de claquer la porte.

Dans l’état actuel de nos troupes agricoles, on ne parvient pas à atteindre la souveraineté alimentaire. Un poulet sur deux mangé en France n’est pas français. 60% des fruits et légumes ne le sont pas non plus. Autant dire qu’on ne la sent pas trop bien notre souveraineté alimentaire.

Je vais vous achever. On mange chaque année environ 8,5 kg de pâtes par Français. Avec nos 250.000 hectares de blé dur cultivés chaque année, on pourrait produire 15 kg de pâtes soit deux fois notre consommation ! Sauf qu’on préfère exporter notre blé pas transformé et importer au prix fort les trois quarts de nos pâtes. Autant dire que la France a souvent une propension assez désastreuse à se tirer une balle dans le pied.