Le Syndicat des exploitants agricoles de Mayenne (FDSEA53) a appelé à cesser l'action des agriculteurs devant le siège de Lactalis, l'industriel numéro un du lait en France. Les producteurs l'accusent de ne pas payer le lait au juste prix. L'entreprise a accordé une augmentation de 15 euros pour 1.000 litres à des éleveurs qui ne décolèrent pas. Philippe Chalmin, spécialiste du marché des matières premières, décrypte la situation au micro de RTL. "Lorsque l'on raisonne sur les marchés de matières premières, la notion de juste prix n'existe pas vraiment. Jusque-là, le prix était déterminé par des négociations à Bruxelles, dans le cadre de la Politique agricole commune. Aujourd'hui, tout ceci a disparu. L'élément, qui joue le plus sur le prix est le marché international."
D'après le spécialiste, le véritable prix de référence est le prix d'exportation néo-zélandais "qui s'est effondré sur les deux dernières années de la moitié de son niveau (de 400 euros la tonne il y a deux ans à 250-270 euros la tonne aujourd'hui, ndlr)". La faute à l'augmentation des productions mondiales et à la diminution des achats chinois. "Nous sommes dans une conjoncture de marché international particulièrement difficile", reconnaît Philippe Chalmin. La définition du prix du lait est aussi complexifiée par les multiples débouchés des laiteries. "Est-ce qu'elle fait du yaourt, des produits laitiers frais, du beurre, des fromages ? C'est ça qui rend le cas du lait particulièrement compliqué."
Les industriels ont maintenu un climat de féodalité
Philippe Chalmain, spécialiste du marché des matières premières
Y-a-t-il une sortie de crise possible pour les éleveurs français ? "Nous sommes face à une filière qui n'a jamais su s'organiser et arriver à des rapports de confiance entre les producteurs, les industriels et les distributeurs. Les industriels ont maintenu un climat de féodalité. Le producteur ne savait que quelques jours après la fin d'un trimestre combien il allait être payé pour le lait qu'il avait livré durant tout le trimestre précédent", constate le spécialiste de la question du lait. "Ce qui est nécessaire, c'est qu'ils arrivent à mettre en place cette relation de confiance basée sur des grilles dans lesquelles (les industriels) indexeraient le prix du lait payé aux producteurs sur un certain nombre de facteurs qui seraient des prix de référence européens, internationaux."
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