Les circonstances de l'accident qui a coûté la vie aux 150 passagers du vol 4U9525 reliant Barcelone à Düsseldorf se précisent. Le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, a confirmé ce jeudi les informations de RTL selon lesquelles le copilote du vol 4U9525 était seul aux commandes de l'appareil lorsqu'il s'est écrasé dans le massif de l'Estrop, près de Barcelonnette, dans les Alpes-de-Haute-Provence, mardi.
Il s'agit d'Andreas Lubitz, un Allemand de 28 ans. Il n'était pas répertorié comme terroriste et avait été formé en 2013 au centre de formation de pilotes de la compagnie Lufthansa, à Brême, dont il était sorti parmi les premiers, puis à Phoenix, dans l'Arizona, avant d'intégrer sa filiale à bas coûts, Germanwings, en tant que premier officier en septembre 2013. C'était un pilote sérieux et passionné, qui comptait 630 heures de vol à son actif et "était parfaitement capable de piloter l'Airbus A320 seul", selon le procureur. Carsten Sporh, président de Lufthansa, a indiqué qu'il avait passé avec succès tous les tests psychologiques de l'entreprise et qu'il n'y avait aucune raison signalée pour qu'il ne puisse pas prendre les commandes d'un avion. L'aviation civile allemande l'avait même classé parmi les pilotes les plus prometteurs du pays.
Andreas Lubitz a caché qu'il faisait l'objet d'un arrêt maladie le jour de l'accident, a annoncé ensuite vendredi 27 mars le parquet de la ville allemande de Düsseldorf. Les enquêteurs ont retrouvé chez lui des formulaires d'"arrêts maladie détaillés, déchirés" et qui concernaient aussi "le jour des faits", a affirmé le parquet dans un communiqué, sans préciser la nature de la "maladie".
Né à Montabaur, où il résidait chez ses parents lorsqu'il ne vivait pas à Düsseldorf, il faisait partie du LSC Westerwald, un club de vol de la commune de Rhénanie-Palatinat. Selon le procureur, Andreas Lubitz s'est enfermé dans la cabine de pilotage quelques minutes avant le crash et n'a pas répondu aux appels du commandant de bord, coincé à l'extérieur. Il a ensuite actionné volontairement les commandes de l'avion pour enclencher la descente et lui faire perdre de l'altitude, dans une action qui s'apparente à "une volonté de détruire l'appareil".
Peter Ruecker, qui l'a côtoyé au LSC Westerwald ne "le croit pas capable d'une chose pareille". Andreas aurait connu par le passé une dépression, avec un arrêt de six mois, il y a six ans, alors qu'il était en formation. La compagnie dit ignorer les raisons de cette interruption. Ses proches évoquent une période de surmenage.
Avant les révélations du procureur de la République, le LSC Westerwald a publié des condoléances sur son site internet. "Andreas est devenu membre du club pour accomplir son rêve de voler. Il a accompli son rêve, mais l'a payé chèrement", affirme le club.
Andreas est soupçonné d'avoir réfléchi et prémédité son acte. Il aurait lui-même effacé les données le concernant sur internet, telles que ses comptes Facebook et Instagram. Le contre-espionnage allemand, qui mène cette enquête, exclut toute dérive terroriste. Ses proches vont tous être entendus, sans exception, dans les heures et les jours qui viennent.
Prénommé Patrick S., le commandant de bord était pour sa part beaucoup plus expérimenté. Il avait passé dix années au sein de la Lufthansa. Il est donc resté bloqué à l'extérieur de la cabine. Sur les enregistrements de vol, on l'entend demander à son collègue d'ouvrir la porte en l'interpellant notamment par son prénom.
Depuis l'annonce de la tragédie, le copilote et le commandant de bord font évidemment l'objet de vérifications de la part des services de renseignements. Profils, carrières, environnements familiaux sont ainsi passés au crible selon la procédure habituelle sous la houlette du BKA, le contre-espionnage allemand. En relation avec les autres services occidentaux, le BKA vérifie aussi les profils des ressortissants décédés dans la catastrophe.