Quel est l'impact de l'épidémie de Covid-19 sur le nombre de décès en France ? Pour répondre à cette question, l'Insee a mis en place un dispositif d'information exceptionnel dont la mission est de diffuser chaque semaine le nombre décès enregistré chaque jour dans chaque département. Ces informations peuvent être mises en perspectives avec d'autres sources, comme Santé publique France, afin de mesurer précisément le niveau d'une éventuelle surmortalité liée au Covid-19.
Selon le dernier bilan révélé ce vendredi 3 avril, portant sur les données transmises par voie dématérialisée par les communes jusqu'au 27 mars, le nombre de décès enregistrés à la date du 2 avril et survenus entre le 1er et le 23 mars 2020 est désormais supérieur à celui enregistré sur la même période l'an dernier. Pour rappel, l'Insee n'avait pas observé de surmortalité globale pour la première quinzaine de mars.
Au total, 40.684 décès ont été enregistrés au niveau national (hors Bouches-du-Rhône) sur les 23 premiers jours de mars en 2020, contre 39.141 en 2019. Ce nombre reste cependant en retrait du nombre de décès enregistrés en 2018 sur la même période. Cette mortalité élevée (44.443 décès en France) s'expliquait alors par l'épidémie de grippe saisonnière qui fut particulièrement virulente à l'hiver.
Il est pour l'instant difficile d'évaluer l'effet du coronavirus même si l'épidémie commence à se faire sentir. Cette année, quatre départements se distinguent par un fort excédent de mortalité entre le 1er et le 23 mars 2020 par rapport à la même période en 2019 : le Haut-Rhin (+ 84 %), la Corse du Sud (+ 40 %), les Vosges (+ 33 %) et Mayotte (+ 30 %). Mais il n'est pas possible d'imputer systématiquement cet excès à l'épidémie de Covid-19 dans ces départements où le niveau de la mortalité est faible et fluctuant d'une année sur l'autre, précise l'institut statistique.
Les chiffres les plus récents dessinent toutefois un lien avec l'épidémie dans certaines régions. L'Insee observe ainsi une hausse notable dans plusieurs départements d'île-de-France pour les décès survenus entre le samedi 21 et le vendredi 27 mars, dont les données ont été transmises par voie dématérialisée : la Seine-Saint-Denis (+ 63 %), le Val d’Oise (+ 47 %), les Hauts-de-Seine (+ 36 %), Paris (+ 32 %), la Seine-et-Marne (+ 27 %.
La hausse est aussi importante en Haute-Marne (+ 54 %), en Moselle (+ 45 %), dans les Vosges (+ 34 %), le Territoire-de-Belfort (+ 25 %) ou le Doubs (+ 22 %). Région très touchée par l'épidémie, le Grand-Est a vu le nombre de décès grimper de 19% par rapport à l'an dernier.
Ces chiffres sont provisoires et seront révisés dans les prochaines heures, précise l'Insee, car il existe un décalage du fait du temps de la transmission par voie de courrier pour certains décès. A noter que les données concernant les Bouches-du-Rhône ne sont pas disponibles au-delà du 11 mars en raison de problèmes informatiques dans la commune de Marseille empêchant la transmission des bulletins de décès.
Jeudi soir, le bilan officiel des victimes du Covid-19 communiqué par les autorités faisait état de 471 nouveaux décès en 24 heures, portant le nombre total à 4.503 morts depuis le début de l'épidémie. Pour la première fois, les victimes des Ephad ont été comptabilisées : la France compte au moins 884 personnes âgées ayant succombé au virus à ce jour.
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