La pandémie de coronavirus implique désormais le confinement des Français. Le pays se replie sur lui même, et la situation devient de plus en plus compliquée pour les chauffeurs routiers. Francis patron d'une petite entreprise de transport dans le Grand-Est est à bout.
Très ému, il a témoigné sur RTL ce jeudi 19 mars : "Tous mes chauffeurs sont à la maison, j'ai cinq camions, on ne sait pas où on va. J'ai livré en Bretagne on m'a proposé de me laver dans une baignoire parce que j'arrivais du Grand-Est, c'était de l'humour mais c'était de l'humour noir, je suis dégoûté", raconte Francis la gorge nouée.
"Même les parkings des restaurants sont fermés par des bidons avec des fils, on ne peut pas s'arrêter faire nos coupures", dénonce le patron. "C'est inacceptable", conclut le chauffeur, qui a pu compter sur la solidarité d'un transporteur : "Il m'a proposé sa bouffe, ses sanitaires, et qu'on lave nos camions chez lui."
Nicolas, chauffeur routier longue distance en alimentaire à l'international confirme "la juste réalité" du témoignage du patron chauffeur. "Nous sommes considérés comme indispensables pour le peuple mais indésirables pour les stations services et pire, chez certains clients", raconte-t-il avant de s'expliquer : "Lundi matin, deux clients me refusent l'accès aux sanitaires, plusieurs stations services se retrouvent miraculeusement en panne de chauffe-eau pour les douches, mais il y a de l'eau chaude pour le reste des installations (...) on nous interdit l'accès aux quais, cela devient plus que grave", dénonce le chauffeur.
"On nous considère comme du vulgaire bétail. Nous sommes nous, transporteurs et chauffeurs, considérés comme la dernière roue du carrosse. Qu'ils n'oublient pas que si nous, nous arrêtons, le monde s'arrête également...", alerte Nicolas.
On se sent sale, épuisé, écœuré
Jean-Christophe, routier depuis 22 ans
Pour Jean-Christophe, originaire de Caen et routier depuis 22 ans, "Les mesures de Mr le ministre des Transports c’est une rigolade !" "On réouvre les stations services d’autoroutes, toilettes et sanitaires, mais elles sont déjà submergées à l’origine, lorsque les restaurants routiers sont ouverts", raconte le chauffeur.
"Il fallait autoriser aux restaurants routiers d’ouvrir juste le soir, au moins on aurait une douche, un repas chaud et un endroit pour dormir ! Au lieu de ça le ministre réouvre les stations de gros groupes privés qui se gavent et où les chauffeurs sont entassés à plus de 300 pour 3 douches, et encore ! L’hygiène et la santé publique ne nous concernent pas ? On reprend le virus par ce manque d’hygiène et personne ne prend conscience de ça, c'est marche ou crève ! On dort mal, on se sent sale, épuisé, écœuré, j’en ai marre qu’on nous délaisse, c'est 'livre et ferme la'", dénonce le chauffeur.
Outre l'aspect règlementaire il y a aussi l'aspect humain, qui aujourd'hui est complètement bafoué
Séverine Michaud, Présidente de la FNTR en Auvergne-Rhône-Alpes
Cette situation précaire, est confirmée par Séverine Michaud, Présidente de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) en Auvergne-Rhône-Alpes : "Ils n'ont plus accès à aucun site, même pas aux parkings des aires de repos pour pouvoir faire leurs coupures réglementaire sociales. C'est dangereux, parce qu'ils ne peuvent pas prendre leurs poses. Outre l'aspect règlementaire il y a aussi l'aspect humain, qui aujourd'hui est complètement bafoué. Ils sont fatigués, épuisés, moralement et physiquement. Ils sont à bout nos conducteurs".
"On en parle aux autorités on tire la sonnette d'alarme, pour qu'il y ait une réouverture à minima des sanitaires, avoir un lavabo, des toilettes, une douche. Les consignes c'est bien mais il faut qu'elles soient appliquées dans la vie réelle", explique Séverine Michaud. "On ne peut pas stopper les approvisionnements, on est déjà suffisamment touchés par le virus, d'où nos appels au secours".
En effet, la situation actuelle est très compliquée. De très nombreuses aires de services sont fermées, notamment dans l'Ouest où la direction interdépartementale des routes a décidé d'interdir l'accès à la majorité des aires de repos. Cela concerne la Loire-Atlantique, la Mayenne, la Bretagne où toutes celles du Morbihan sont fermées.
En ce qui concerne les autoroutes, les sociétés assurent qu'elles restent ouvertes 24 heures sur 24. Néanmoins dans plusieurs stations certains chauffeurs constatent l'impossibilité d'utiliser les sanitaires. "La demande pour nous elle est très claire, c'est que les installations sanitaire restent ouvertes tout le temps de cette crise", déclare Vincent Fanget, responsable du réseau Sanef, qui englobe l'Est de la France et la Normandie.
Pour ce qui est de la restauration, il n'est plus possible pour les routiers de manger sur place, mais ils pourront continuer de se fournir en sandwiches et boissons. "Ce qui est demandé, c'est une continuité de service, du point de vue de la distribution de carburants et de la partie alimentaire des boutiques", affirme Vincent Fanget. En ce qui concerne le dépannage ou assistance sur autoroute, le service continu jour et nuit.
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