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"C'est une population déshumanisée" : comment des agents de la RATP aident les sans-abris du métro
Les agents du recueil social de la RATP arpentent les couloirs et les quais du métro depuis trente ans pour porter assistance aux sans-abris.
Un agent du recueil social échange avec un SDF dans le métro, le 27 mars 2013
Crédit : MARTIN BUREAU / AFP
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Cela fait trente ans qu'une cinquantaine d'agents du recueil social de la RATP tentent de venir en aide aux personnes sans solution de logement qui se terrent dans les couloirs du métro parisien. Vêtus de leur uniforme beige, ils proposent un hébergement d'urgence, mais aussi une aide sociale, sanitaire, ou alimentaire aux sans-abris croisés sur les quais du métro.
Au cœur de la station République, l'un des hubs les plus importants du métro parisien où cinq lignes se croisent, plusieurs agents du début de nuit commencent leur maraude. Premier arrêt sur le quai de la ligne 8 où se trouve un homme d'une cinquantaine d'années, emmitouflé dans plusieurs manteaux.
Il attend les agents de la RATP et demande simplement un hébergement pour la nuit. "Si vous voulez, vous pouvez remonter. Il y a le bus qui nous attend là-haut pour aller dormir. Autrement, vous nous attendez et on remonte ensemble au bus du recueil social", lui indique l'un des agents.
"Dans la rue, on ne dort jamais vraiment"
Un peu plus loin sur le quai, un autre homme de 48 ans, Areksi. Il a passé ces cinq dernières années dans la rue, à alterner entre des nuits dehors et dans des centres d'hébergement d'urgence, y compris grâce aux employés du recueil social qu'il reconnaît très vite.
"Je connais toutes les structures, je les vois quelques fois. Ça me permet de faire des haltes, de récupérer et de me reposer. Ce n'est pas génial parce qu'on se retrouve à quatre ou cinq dans un box mais quand on est vraiment fatigués, on dort parce que dans la rue, on ne dort jamais vraiment", confie-t-il.
Areksi, comme l'homme rencontré quelques minutes avant, va donc suivre les agents pour une nuit de repos. Mais dans certains cas, les personnes rencontrées sont dans une situation trop difficile à gérer pour les agents.
Au fil des déambulations dans la station, les équipes rencontrent un homme assis sur le quai. Sa cheville, très enflée, a doublé de volume, et le bandage qui l'entoure semble très vieux. L'homme est presque inconscient, et la communication est difficile. Impuissants, les agents demandent une intervention médicale et attendent l'arrivée des pompiers avec l'homme blessé avant de poursuivre leur maraude.
"On se dit que quelque part, on a pas mal de chance"
Au-delà de la santé physique, il faut aussi gérer la santé psychologique. Un aspect qu'ils apprennent sur le tas. Claude Adrassé est agent de sécurité pour la RATP, mais cela fait six ans qu'il est détaché au recueil social.
"Il faut se mettre à leur place et dans leurs conditions. Il y a beaucoup de névroses. C'est une population qui est meurtrie, touchée, quasiment déshumanisée parce que désociabilisée. Il faut se rendre compte que peu de personnes jettent un regard et prêtent attention parmi les usagers. Mais à leur contact, on s'aperçoit que ce sont des gens qui avaient des situations comme chef d'entreprise, mais qui ont perdu leur famille et qui ont plongé ou alors qui ont perdu leur travail et n'ont pas réussi à payer leur loyer. Ça remet en perspective les choses, on se dit que quelque part, on a pas mal de chance", explique-t-il.
Sur ces paroles, Claude remonte à la surface où un bus les attend. Les personnes sans-abris rencontrées ce soir montent à bord. Le bus va maintenant continuer sa tournée des stations, avant de prendre la direction d'un centre d'hébergement en banlieue, sur les coups d'une heure du matin, pour une nuit au chaud. Parmi les personnes abordées, près de 70% acceptent de suivre le recueil social.
