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Bordeaux : elle a créé un salon de thé et de tatouage inclusif et féministe

INTERVIEW - Charlee Da Tos a 27 ans et a créé son espace où l'on célèbre l'art du thé, du tatouage et le parcours de femmes extraordinaires et diversifiées.

Charlee est la fondatrice de Sibylles, un salon de thé et de tatouages à Bordeaux
Charlee est la fondatrice de Sibylles, un salon de thé et de tatouages à Bordeaux
Arièle Bonte
Arièle Bonte

Originaire de Toulouse, Charlee Da Tos a posé ses bagages à Bordeaux dès le début de ses études. Après avoir multiplié les expériences et acquis des compétences dans de nombreux domaines, cette jeune femme de 27 ans s'est tournée vers l'entrepreneuriat pour ouvrir un lieu qui lui ressemble au cœur de la Belle Endormie.  

Passionnée par le thé et le tatouage, c'est tout naturellement que Charlee Da Tos a ouvert en octobre dernier Sibylles, un salon de thé et de tatouage qu'elle présente comme un lieu féministe et inclusif. Ici donc, il n'existe aucune place pour les préjugés et les a priori mais plutôt un espace où chacun et chacune est libre d'être soi-même et d'oublier les stéréotypes et codes sociaux imposés par la société. 

De la carte des thés aux artistes en résidence côté tatouages, Charlee Da Tos n'a rien laissé au hasard dans ce lieu comme il en existe peu en France. Rencontre.

Girls : Ce n'est pas commun d’associer salon de thé et tatouage, comment as-tu eu l’idée d’ouvrir ce lieu ?
Charlee Da Tos : J’avais fini mes études depuis quelques mois,et je voulais faire quelque chose qui soit en accord avec mes engagements féministes et politiques. J'avais déjà travaillé dans le thé, le tatouage est aussi l'une de mes passions mais je ne me reconnaissais pas du tout dans ce milieu. Alors j'ai eu envie de créer un lieu comme une plateforme d’expression pour les artistes, un endroit où elles se sentent bien.

D'où te vient cette passion pour le thé ?
J'ai toujours adoré le thé et j'étais vraiment heureuse quand j'ai pu trouver une alternance dans le bio et le thé au service communication digitale d'une marque. Là-bas, j'ai pu suivre de vraies formations sur le thé mais aussi le café, la torréfaction. Je travaillais auprès de personnes passionnées. J'ai tout de suite eu envie de garder un pied dans ce secteur pour continuer à faire découvrir le thé, d'où il vient et comment au mieux le respecter.

Quelles sont les artistes qui travaillent avec toi ? 
Deux nouvelles tatoueuses viennent d'arriver : Eliname et Mük. La première est venue nous voir, elle a appris à tatouer à New York puis à Tijuana. La seconde est une artiste sud-coréenne qui a fait ses armes à Saporo. Un ami en commun nous a présentées parce qu'après quelques années d'absence, elle souhaitait se remettre à la pratique. Personne ne la connaît en France alors sa présence au salon va lui permettre de présenter son travail original.

Sibylles est un salon de thé et de tatouage à Bordeaux
Sibylles est un salon de thé et de tatouage à Bordeaux
Crédit : Sibylles

Le tatouage est un milieu souvent machiste et, pour se faire un nom en tant que femme, c'est plus compliqué, d'autant plus si on est queer ou racisé. Chez Sibylles, on propose une plateforme à ces artistes qui ont peut-être moins l'occasion d'obtenir une prise de parole créative ou de la reconnaissance pour leur travail. Mais les choses sont en train de changer dans le bon sens !   

Les mouvements féministes ont rappelé que les sorcières étaient traquées parce qu'elles étaient des femmes qui s'émancipaient

Charlee Da Tos, créatrice des Sibylles

Sibylles a une forte identité axée autour du "féminisme inclusif". C'est quoi le féminisme inclusif pour toi et comment cela se traduit ?
Je voulais faire de Sibylles un lieu très accessible, peu importe ton genre ou tes opinions. Les thés ont tous des noms de femmes que j'admire et qui ont changé les choses. Il peut s'agir de figures de l'afro-féminisme comme Angela Davis mais aussi des personnalités racisées comme Malala Yousafzai, des femmes trans comme Laverne Cox. L'idée c'est de faire découvrir des parcours de femmes vivant d'autres discriminations et donc de ne pas rester centrée sur un féminisme porté par des femmes blanches. 

Pourquoi penses-tu qu'il est important pour les femmes (entre autres) de se retrouver dans des espaces de rencontres, de partages et d'échanges ? 
Ici, cela arrive souvent que naissent des conversations entre des personnes qui ne se connaissaient pas. Les gens ont besoin de revenir à des échanges, retrouver un contact humain, une attitude positive les uns et les unes envers les autres. Mais Sibylles reste un lieu vraiment mixte où les hommes se sentent aussi bien parce qu'ils n'ont pas besoin de se confondre dans les codes que peut leur imposer la société. 

Les Sibylles étaient des prophétesses dans l'Antiquité, l'ancêtre des sorcières. Pourquoi reviennent-elles dans l'actualité, la pop culture et la vie de nombreuses jeunes femmes, selon toi ?
Je rêvais d'appeler mon lieu Les Sorcières mais finalement, j'ai trouvé cela trop convenu. Récemment, les mouvements féministes ont rappelé que les sorcières étaient traquées parce qu'elles étaient des femmes qui s'émancipaient et disposaient de leur corps librement. L'image de la sorcière possède aussi ce côté mystique. C'est donc ce mélange des genres qui plaît aujourd'hui : le mystère de la sorcière associé à une vision plus terre-à-terre disant en quelque sorte que l'on peut être une femme et faire ce que l'on veut.

À Paris, il y a de plus en plus d'initiatives et d’événements féministes, de lieux qui s’ouvrent aussi pour mettre en avant les femmes, est-ce aussi le cas à Bordeaux ?
Je sais qu'il y a quelques associations qui font bouger les choses, de plus en plus de soirées queer sont également organisées, un projet de Maison des Femmes (lieu d'accueil qui existe déjà à Saint-Denis, il est destiné aux femmes victimes de violences sexuelles, ndlr.) a été lancé. Mais il existe probablement encore beaucoup d'initiatives que je ne connais pas !

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