Son truc, c'est le retour aux fondamentaux. "Le prof est là pour transmettre son
savoir, l'élève est là pour apprendre." Qui viendra contredire Jean-Michel
Blanquer, le nouveau ministre de l'Éducation à la une du Parisien et de
Libération au matin de son premier grand oral devant le conseil de l'éducation.
"Sa nomination, écrit Le Parisien, est non seulement une vraie rupture
idéologique avec le quinquennat précédent, mais aussi avec la philosophie qui,
depuis près de 30 ans, s’impose dans nos écoles", "pédagogisme progressif", "égalitarisme niveleur". Le nouveau ministre dévoile une partie de
son programme, avec notamment, l’autorisation pour les élèves de redoubler. On vous en parlé dans les journaux de RTL ce matin. "Il est absurde, dit le
ministre, de laisser passer des élèves accumulant les retards."
"Ce qu'il y a dans la tête du ministre de l'Éducation", titre en une
Libé, qui parle aussi du redoublement ainsi que des rythmes scolaires à la
carte, et de la réforme du collège assouplie. Le journal Libé s’inquiète de ce
que "nulle évaluation des mesures précédentes" n’a été menée au préalable et de
"l’anéantissement de toute idée de stabilité". "Comment peut-on détruire si vite
autant de travail et d’énergie ?", s’émeut un principal de collège. Pas sûr
qu'il soit très soutenu. Dans Les Échos, 52% des Français disent faire confiance
au gouvernement pour réformer l’école. Le rétablissement du redoublement est la
mesure qui recueille la plus forte approbation, 59% d’opinion favorable. Il
faudra les interroger plus tard sur deux autres mesures qu'annonce le ministre
dans Le Parisien : le développement des chorales scolaires et le déploiement
d'orchestres le jour de la rentrée pour qu'elle se fasse en musique. D'ici
septembre, Blanquer donne un conseil de lectures aux élèves, les Fables de la
Fontaine, car dit-il, "elles nous disent quelque chose de la vie et sont
éternelles".
Lui est un peu la grenouille qui se veut aussi grosse que le boeuf. "Je veux
gouverner tout de suite", dit celui qui n'est pas arrivé premier de la classe
mais qui y croyait si fort ! Longue interview cash de Jean-Luc Mélenchon dans
Society en kiosque ce matin. "Jusqu'à la fin, j'ai pensé qu'on allait y arriver,
dit le leader de la France insoumise à propos de la présidentielle. Il m'a
manqué sept voix par bureau de vote ! Il a fallu absorber le choc, ça faisait
une semaine que je me préparais au second tour et j'étais persuadé que j'aurais
plié n'importe qui. Macron inclus." Jean-Luc Mélenchon a identifié la source
du siphonnage de ses voix, Marine Le Pen : "Tout le discours populaire et une
partie de la mobilisation populaire nous ont échappé à cause d'elle, elle nous a
usurpé tant de mots, cette folle commençait même à parler de planification
écologique à la fin de la campagne."
À lire ce matin dans Society, avec aussi une rencontre étonnante et
hilarante. Luigi Mantegna, le pire boxeur du monde, 60 défaites en 63 combats.
Il est passé professionnel en 2006 et il est ce qu'on appelle dans le monde
anglo-saxon un "journey man", un boxeur prêt à monter sur le ring n'importe où,
n'importe quand et contre n'importe qui, le plus souvent avec une préparation
insuffisante. Luigi l'Italien assume totalement d'être un loser dans sa
catégorie, d'avoir passé sa vie à encaisser les coups. "La défaite, dit-il, est
un business, un art à cheval entre la folie et l'audace."
À méditer en cette journée de vote en Grande-Bretagne. Les législatives
anglaises font la une de la plupart des journaux ce matin. "Une élection à
quitte ou double pour Theresa May", titre Le Figaro qui s'interroge sous la
plume d'Arnaud de la Grange : "Y aurait-il une fatalité pour les dirigeants
britanniques à se piéger eux-mêmes ? Il y a avait eu le référendum hasardeux de
Cameron, voici les législatives de May." Si la Première ministre était victime
de l'un de ces accidents électoraux qui font le charme de nos démocraties, elle
pourrait toujours méditer les mots du maître Churchill : "Le succès n'est pas
final, l'échec n'est pas fatal, c'est le courage de continuer qui compte."
Cela dit, aujourd'hui c'est une journée pour gagner. Le Figaro Éco nous
apprend que ce 8 juin a été rebaptisé "super jeudi" par les marchés financiers
qui adorent dramatiser certaines journées. Or aujourd'hui, trois événements
majeurs vont se produire simultanément : les élections législatives en
Grande-Bretagne, la réunion des gouverneurs de la Banque centrale européenne et
l'audition de l'ex-patron du FBI devant le Sénat américain. Une conjonction
d'événement suffisamment forte pour que les marchés aient qualifié ce jeudi de
"super thursday", calqué sur le "super tuesday" des primaires américaines. Le
Figaro en fait une traduction française, "Saint-Médard éclairci fait grenier
farci".
Bref, une journée pour les winners, et on en a trouvé un qui bat tous les autres dans la Voix du Nord. Bertrand Arnould est un jeune graphiste dont l'histoire retiendra peut-être le nom comme celui d'un de ces nombreux inventeurs qui ont amélioré la condition humaine. Cet entrepreneur de Lambersart vient de mettre au point une application pour smartphone qui s'appelle Plouf, une appli destinée à "couvrir vos bruits aux toilettes". Commentaire de la Voix du Nord : "On aurait pu craindre le pire dans le genre mauvais goût. Eh bien non. Le grand talent de Bertrand, c’est d’avoir donné à une ambition aussi triviale des atours très harmonieux : couleurs cosy, graphisme très chic, formulation délicate, choix des sons pertinents, applaudissement, bruit de machines à laver." Le graphiste compte sur cette appli pour faire connaître sa boîte, un beau levier de croissance. Qui donne encore raison à Churchill : "L'Angleterre s’écroule dans l’ordre, la France se relève dans le désordre". Fut-il intestinal.
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