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Bac 2024 : découvrez les sujets et corrigés de l'épreuve de philosophie

Les élèves de terminale générale et technologique ont passé, mardi 18 juin, la mythique épreuve de philosophie. Voici les thèmes et les corrigés.

Des copies du baccalauréat dans une salle d'épreuve (illustration)
Crédit : MARTIN BUREAU / AFP
Aymeric Parthonnaud
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Ce mardi 18 juin 2024, l'épreuve reine du baccalauréat a eu lieu : la philosophie. Les candidats, issus des terminales générale et technologique, ont pris place devant leur copie afin de philosopher collectivement pendant quelques heures. Une épreuve qui, traditionnellement, reste dans les mémoires.

Cette année, quelles notions ont été abordées ? Pour le savoir, découvrez les sujets officiels de cette épreuve du baccalauréat et leur corrigé, en partenariat avec digiSchool.

Pour rappel, l'épreuve de philosophie est dotée d'un coefficient important. Elle n'est pas à négliger. Un coefficient 8 en voie générale ou un coefficient 4 en voie technologique. D’une durée de quatre heures, cet examen se compose de trois sujets : les élèves de chaque filière auront donc le choix entre deux sujets de dissertation et un sujet de commentaire de texte.

Des professeurs de l’Éducation nationale vous fournissent un corrigé inédit et officiel de chaque sujet. Découvrez-les, ci-dessous, afin de cerner les réponses attendues durant cette épreuve.

Quels sont les sujets de philosophie du bac général 2024 ?

Pour cette année 2024, l’épreuve finale de philosophie en voie générale est composée des deux sujets de dissertation suivants : 
• La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ?
• L’État nous doit-il quelque chose ?
 
Le sujet 1 de dissertation demande que soient mobilisées les thématiques du programme autour de la science, la vérité, la raison et le bonheur.
 
Le sujet 2 de dissertation mobilise les connaissances autour du thème de l’État, le devoir et la morale.
 
En troisième sujet, nous retrouvons l’explication de texte porte sur un extrait de La Condition ouvrière (1943) de Simone Weil.

Bac général : le corrigé de l’épreuve de philosophie en 2024

Corrigé du sujet 2 de dissertation de philo 
 
Voici un exemple de plan pour le sujet 2 de dissertation en voie générale : "L’État nous doit-il quelque chose ?"
 
Thème : L’État, qui fait partie de la grande perspective au programme "La morale et la politique".
 
Analyse du sujet : Un sujet à la fois très actuel (dissolution de l’Assemblée discutée à la suite des élections européennes) et intemporel, la fonction de l’État posant question et suscitant maints débats depuis son apparition comme telle.
 
Problématique : La question posée interroge le rapport entre l’État, cette entité politique constituée de moult institutions et de maints pouvoirs (notamment exécutif, mais aussi législatif et judiciaire), et nous, les citoyens composant la société. Ce rapport est-il de l’ordre du devoir, autrement dit y a-t-il des attendus envers l’État qui aurait un dû par rapport à « ses » citoyens ou ses sujets ? N’est-ce pas d’ailleurs la fonction première de l’État que de devoir quelque chose aux personnes qu’il est censé représenter et gérer, tout en ne dérivant pas et en ne prenant pas le contrôle de tout ? Finalement, que peut-on, quant à nous, légitimement attendre de l’État ?
 
Enjeu : L’enjeu est sans nul doute ici dans l’importance que l’on décide d’accorder ou non aux pouvoirs de l’État, au-delà de ses pouvoirs classiques institutionnels. Et un dilemme pourrait bien se faire jour : si l’on attend trop de l’État, il pourrait bien devenir paternaliste et remettre en cause la liberté fondamentale des individus ; en même temps, si l’État devenait indifférent, il serait une sorte de coquille vide, appartenant uniquement à l’administration politique, détachée de la réalité et de la société.
 
I. L’État a en effet un devoir de taille vis-à-vis de nous, les citoyens qui le composons : celui de nous protéger, de nous-mêmes, des autres, nous protéger à tous niveaux (physiquement, spirituellement, matériellement), c’est là sa fonction première.
 
1. Contrer l’état de nature, tel est le fondement même de l’État
2. L’État ou la protection étendue des citoyens
 
II. L’État, parce que son fondement est républicain (« la chose publique »), a aussi le devoir « moral » de représentativité : il est censé être en adéquation avec les citoyens et toujours en équilibre par rapport à la volonté générale du peuple.

1. La volonté générale comme voix de l’État
2. La représentativité comme objectif constant
 
III. Toutefois, il semble bien que les devoirs de l’État vis-à-vis des citoyens doivent s’arrêter là (droit et représentativité), ce sans quoi il prendrait trop le pas sur la vie même des individus et outrepasserait ce pour quoi il est fait, mettant en danger nos libertés fondamentales.

1. L’État ne doit pas en venir à légiférer ce qui n’a pas le lieu d’être et viser des aspects purement individuels, comme le bonheur
2. L’État doit se contenter d’œuvrer pour l’intérêt commun au niveau politique, au risque sinon de se dénaturer et de devenir un monstre

Corrigé de l’explication de texte de philosophie en terminale générale
 
Thèmes à traiter : La technique, le travail et la conscience
 
Analyse du sujet : Dans cet extrait de La Condition ouvrière, Simone Weil s’intéresse aux facteurs de motivation du travail à l’usine, qu’elle a choisi d’expérimenter elle-même quelques années, et aux conséquences sur la conscience de l’ouvrier et de ses rapports à lui-même et aux autres. 
 
Enjeu(x) du sujet : Il s’agit pour elle de montrer les limitations pour le sujet pensant soumis aux conditions de travail ouvrier qu’elle a pu observer. La radicalisation de la technique imposée par le souci d’efficacité et de rentabilité réduit ce qui devrait être un savoir-faire impliquant un savoir de ce que l’on fait (comme c’est le cas dans l’artisanat) à une stricte transformation matérielle répétitive. Elle s’inscrit ainsi dans une réflexion déjà amorcée par exemple par Alain, critiquant en 1939 un apprentissage bêtifiant et les effets du travail à l’atelier dans ses Propos sur l’éducation, chapitre XXIV. 
 
Problématique : Comment la mise en œuvre de la technique dans le travail ouvrier affecte-t-il le sujet aussi bien dans son activité même que dans ses conditions d'existence ? 
 
Thèse de l’auteur : Le caractère répétitif du travail à l’usine implique une restriction des motivations de l’exécutant avec pour effet une forme de déshumanisation. Les conditions de travail industriel altèrent les conditions d’existence de l’ouvrier. 
 
I. Lignes 1-10 « Toute action humaine (...) efficaces » : Analyse des motivations de l’ouvrier travaillant à l’usine : le rendement au prix de toute pensée. 

a. Ligne 1-5 : Analyse générale de l’agir et constat de l’avilissement du travail ouvrier quant aux motivations. 
Idée : Toute action suppose une raison d’agir, interne ou externe, celle de l’ouvrier est interne mais restrictive. 

b. Lignes 5-10 « Les conditions même (...) efficaces » : Le cadre de l’usine impose des conditions nécessitant une réduction avilissante des raisons d’agir au bénéfice de la productivité.  
Idée : Description d’un système brutal confinant l’ouvrier à des mobiles faibles en valeur et soumis à la productivité.  

II. Lignes 10-18 « En même temps (...) le temps long » : Conséquences de la restriction des mobiles de l’ouvrier sur ses conditions d’existence. 

a. Lignes 10-12 : L’effet de ces mobiles sur la conscience de l’ouvrier 
Idée : Le cadre de la technique exercé par l’ouvrier altère sa conscience.

b. Lignes 12-16 : La réciprocité de la brutalité du système sur les interactions de l’ouvrier.
Idée : Le travail ouvrier a des incidences sur les relations avec autrui.

c. Lignes 16-18 : Les conséquences finales du travail ouvrier, un décalage d’humanité et une modification du rapport au temps.
Idée : Le travail ouvrier a des incidences sur l’existence humaine, l’écart avec les autres se creuse et il souffre de son rapport au temps.
 
Retrouvez l’intégralité du corrigé de l’épreuve de philosophie pour la terminale générale sur digiSchool.fr.

Les sujets de philo du bac techno 2024

Cette année, les deux sujets de dissertation pour les candidats issus de la voie technologique sont : 
• La nature est-elle hostile à l’homme ?
• L’artiste est-il maître de son travail ?
 
Les sujets mobilisent différentes notions du programme : 
• Pour le sujet 1 de dissertation, il est intéressant de faire appel à vos connaissances du thème sur la nature et la technique. 
• Pour le sujet 2 de dissertation, ce sont les notions en lien avec l’art et le travail auxquelles penser.
 
Pour finir, nous avons l’explication de texte en philosophie dans le sujet de voie technologique qui porte sur un extrait de Les lois IX de Platon (IVe siècle av. J.-C.).
 
Ce dernier sujet comportait une option n° 1 de traitement du sujet avec des questions : 
 
A. Éléments d'analyse
 
1. Expliquez pourquoi vivre sans lois serait vivre comme « les bêtes les plus sauvages ».
2. Expliquez pourquoi « l'art politique véritable doit prendre soin (...) du bien général ».
3. Quel sens peut-on donner à l'expression « le plus juste et le meilleur » ?
 
B. Éléments de synthèse
 
1. Quelle est la question à laquelle l'auteur répond dans ce texte ?
2. Dégagez les différents moments de l'argumentation.
3. En vous appuyant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte.
 
C. Commentaire
 
1. D'après le texte, quels sont les maux qui peuvent menacer la société ?
2. En vous appuyant sur votre compréhension du texte, vous vous demanderez s'il est possible, et de quelle manière, de concilier le bien des individus et celui de la communauté.

Les corrigés du sujet de philo 2024 en voie techno

Corrigé du sujet de dissertation en philosophie du bac techno
 
Voici, ci-dessous, un exemple de plan détaillé pour le sujet 2 : « L’artiste est-il maître de son travail ? »
 
Thèmes à traiter : art, travail
 
Analyse du sujet : le sujet propose de réfléchir à deux notions du programme : art et travail. 
 
Artiste = individu ayant une puissance de création, dans différents domaines possibles (peinture, musique, littérature), fournissant des efforts pour parvenir à créer une œuvre unique, personnelle, afin de divertir/instruire/émerveiller les autres individus. 
 
Travail = ensemble des activités nécessitant un effort et aboutissant à la production d’un bien ou d’un service, en échange d’une rétribution. 
 
Enjeu(x) du sujet : le sujet nous invite à questionner l’idée de « maîtrise », plus précisément l’idée d’une puissance de l’artiste, qui s’approprie son travail et en maîtrise tous les aspects. 
 
Problématique : Dans quelle mesure l’artiste peut-il être maître de son travail, alors qu’il agit bien souvent sous le coup d’une inspiration, c’est-à-dire en dehors de toute maîtrise/organisation/planification ? 

I. L’artiste, maître de son travail 

A. L’artiste, maître d’une technique 
Idée : L’artiste est le détenteur d’un savoir-faire. 
 
Argument(s) : L’artiste détient un savoir-faire, c’est-à-dire qu’il possède des compétences techniques lui permettant d’aboutir à une création originale. 
 
Exemple(s) : Les artistes de la Renaissance maîtrisaient la technique de la Perspective, comme Léonard de Vinci. 

B. L’artiste, un artisan ? 
Idée : L’artiste et l’artisan ont tous deux un savoir-faire, qu’ils mettent au service de leur création. 
 
Argument(s) : L’artiste est un artisan, qui fournit un travail basé sur la réflexion, l’observation, l’expérimentation, il fait différentes « esquisses » de son travail avant de parvenir au résultat qui le satisfait. Il suit une méthode rigoureuse et travaille de manière acharnée jusqu’à obtenir pleinement satisfaction (Nietzsche). 
 
Exemple(s) : Beethoven, multipliant les esquisses avant de parvenir au résultat souhaité. 
 
II. L’artiste, un inspiré qui ne maîtrise plus rien ? 

A. L’artiste, inspiré par les Muses
Idée : Dans l’Antiquité, le poète est vu comme un être inspiré par des divinités sources de créativité, les Muses. 
 
Argument(s) : Le poète n’est pas à l’origine de son œuvre, il n’est que le « porte-parole » des dieux, le « ventriloque » à travers lequel les dieux s’expriment. C’est en ce sens qu’il peut être dit « divin » : il ne maîtrise pas son travail car il n’est pas, à proprement parler, à l’origine de celui-ci. 
 
Exemple(s) : Le poète Homère explique que son Odyssée lui a été dictée par les Muses, sans qu’il puisse diriger/orienter cet acte de création.

B. L’art, un don de la nature ? 
Idée : L’art ne serait pas à proprement parler le fruit d’un travail, mais plutôt d’un don. 
 
Argument(s) : Si l’art est un don, cela signifie qu’il est inné, et non pas acquis, donc qu’il n’est pas le fruit d’efforts visant à parvenir à un résultat maîtrisé. Si l’art est un talent inné, on ne maîtrise pas les raisons qui font créer certains individus plutôt que d’autres. 
 
Exemple(s) : Certains artistes, comme Mozart, ayant un talent inné. 
 
III. L’artiste, un être qui réinvente les règles ? 

A. L’artiste, créateur sans limites
Idée : L’artiste a la capacité de dépasser les limites. 
 
Argument(s) : L’artiste est un créateur qui parvient à réinventer les règles données par ses prédecesseurs, en imaginant de nouvelles créations, en s’inspirant et en allant plus loin que ceux qui l’ont précédé. 
 
Exemple(s) : Le poète Arthur Rimbaud a réinventé le langage poétique, en dépassant les contraintes du classicisme et les thèmes du romantisme, ouvrant de nouveaux horizons à la création en abordant des thématiques jusque-là ignorées, réinventant la langue, créant des images inédites… 

B. L’artiste, au-delà de tout travail imposé 
Idée : L’artiste va au-delà de toute règle prescrite. 
 
Argument(s) : L’artiste dépasse les attentes du public, il surprend, dérange et rompt avec les conventions établies, en faisant ainsi preuve de liberté et d’originalité. Il maîtrise son travail afin de le mener dans une direction inédite. 
 
Exemple(s) : Les dadaïstes, provocants le conformisme bourgeois, ou les artistes comme Antonin Artaud proposant une conception révolutionnaire du Théâtre.

Corrigé de l’explication de texte de philo en terminale techno
A) Éléments d’analyse

1. Vivre sans lois serait vivre comme « les bêtes les plus sauvages », car il n’y aurait aucune limite imposée aux Hommes, qui laisseraient libre cours à leur animalité, leur sauvagerie.
2. L’art politique véritable doit prendre soin du bien général et signifie que les Hommes politiques doivent agir pour le bien commun, et non pas pour des intérêts particuliers, c’est-à-dire pour la communauté des citoyens et non pas une fraction d’entre eux. La politique juste doit être équitable, c’est-à-dire adaptée aux réels besoins des citoyens.
3. L’expression « le plus juste et le meilleur » désigne l’équité et le bien commun, qui constituent ce qui est le meilleur et le plus juste pour la communauté des citoyens. 
 
B) Éléments de synthèse 

1. À travers ce texte, Platon tente de répondre à la question suivante : comment pouvons-nous concilier la recherche du bien commun avec la satisfaction des intérêts particuliers ? 
2. Dans un premier temps (lignes 1 à 5), Platon affirme que les Hommes n’ont pas d’aptitude naturelle à vouloir le bien commun. Puis, lignes 5 à 9, l’auteur explique que l’art politique véritable doit avoir pour but le bien commun. Lignes 9 à 18, Platon affirme que la nature de l’Homme le portera toujours à préférer son bien particulier au bien commun, car il fuit la douleur et poursuit son plaisir, négligeant la véritable justice qui consisterait à veiller à l’équité en veillant au bien de tous.
3. L’idée principale du texte est que les Hommes n’ont aucune aptitude naturelle à rechercher le bien commun, ils doivent donc être éduqués afin de s’élever à la recherche de la justice en faisant appel à leur raison plutôt qu’à leurs instincts primaires.
 
C) Commentaire 

1. Les maux qui peuvent menacer la société sont la recherche personnelle du plaisir aux dépens de l’intérêt commun, la volonté de faire passer son intérêt particulier avant l’intérêt général. En effet, les intérêts particuliers étant divergents et souvent opposés, la priorité donnée à ces intérêts mettrait fin à l’unité de la Cité et provoquerait des tensions irréversibles pouvant aboutir à une guerre civile, ce qui mettrait fin aux espérances de la Cité.

2. Il semble possible de concilier le bien des individus et celui de la communauté, en éduquant les individus de manière à ce qu’ils comprennent que leur intérêt est de respecter des lois qui protègeront la sécurité et la dignité de tous. Ce qui implique que les lois soient établies dans l’intérêt de tous, en ne négligeant pas une fraction de la société, qui se sentirait alors marginalisée. Si les lois ne protègent qu’une fraction de la communauté, cela entraînera des divisions et des tensions qui mèneront à la guerre civile. Si les individus se replient sur leurs intérêts privés, en oubliant l’intérêt commun, ils menaceront l’unité et l’harmonie de la Cité. 
 
Consultez l’intégralité du corrigé de philosophie de terminale technologique sur digiSchool.fr. 

Les résultats

Vos notes obtenues à l’épreuve finale de philosophie, ainsi que les résultats complets du baccalauréat, seront dévoilés le 8 juillet 2024.

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