Direction le Nord de la France, aux côtés des sauveteurs en mer qui, au péril de leur vie, sauvent les migrants qui tentent la traversée de la Manche en direction du Royaume-Uni. Alors que Paris et Londres négocient en ce moment un renforcement de leur coopération pour contrôler ce phénomène, le Premier ministre britannique est reçu ce vendredi 10 mars à l’Élysée. RTL a parcouru le littoral à la rencontre de ces sauveteurs, là où le nombre de traversées a littéralement explosé ces dernières années.
Le long de ces plages, il ne se passe pas une nuit sans départ de migrants, qui tentent de rejoindre l’Angleterre sur des embarcations surchargées ou rafistolées. 300 personnes ont tenté de traverser en 2018, 52.000 l’an dernier, selon les autorités. Olivier est sauveteur à la station de secours de Dunkerque et avec son équipage, il n’oubliera jamais cette soirée de décembre, à bord de son canot tout temps. Un zodiaque était alors en train de couler, par un temps de brouillard et une mer agitée.
"Quand on est arrivé sur zone, la première chose qu'on a vue, c'est des gilets qui flottaient. On s'attendait vraiment à tomber sur une scène avec des corps qui flottaient. Les gens étaient à l'eau, il y avait des femmes et des enfants. 10 minutes de plus et on ne récupérait pas tout le monde", nous dit-il.
Quand on a des bébés dans les bras, on se souvient
Olivier, sauveteur à la station de secours de Dunkerque
Les nageurs se sont jetés à l'eau pour sauver une quarantaine de personnes, certains étant en train de se noyer. Sa gorge se noue, Olivier peut décrire chacun de ces visages. "Quand on a des bébés dans les bras, on se souvient. Sur le coup, on agit, il y a des automatismes. On est là pour sauver des gens en mer, pour moi, cela a du sens", dit-il. L’année dernière, Olivier et ses collègues ont effectué une vingtaine d’interventions et sauvé la vie de plus de 500 migrants.
Ces interventions sont extrêmement dangereuses et éprouvantes pour ces bénévoles. À bord de leurs bateaux, ces sauveteurs étaient jusque-là plutôt habitués à porter secours à des paquebots ou des plaisanciers. Jules, nageur de bord de 23 ans, appréhende toujours ce type de missions : "Il faut savoir prendre en compte plusieurs éléments, la houle, le vent. Il faut faire très attention".
Aujourd'hui, dans la Manche, près de 8 sauvetages sur 10 concernent des migrants dans des conditions très difficiles. La Société nationale de sauvetage en mer a décidé de former ses propres bénévoles à Calais. À 11h, une alerte est donnée par le centre opérationnel de surveillance. La vedette des sauveteurs quitte le port et à la barre, François fonce vers le lieu du naufrage.
Au loin, on distingue des migrants, joués par des bénévoles, entassés dans un grand zodiac noir à moitié dégonflé. L'embarcation de fortune peut chavirer à tout moment. Le bateau se rapproche, un sauveteur, posté à l'avant, crie des instructions. Des passagers paniqués viennent de tomber à l'eau. Des cordages sont lancés en direction de l'embarcation. Peu, à peu, à la force de leurs bras, l'équipage hisse les naufragés sur le pont du navire.
Une dizaine de rescapés, en état d'hypothermie, sont transportés, dans la cabine pour être soignés. Le bateau finit par repartir en direction du port. Une fois à quai, l’exercice sera longuement débriefé par les sauveteurs afin d’améliorer leurs interventions en conditions réelles.
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