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Automobile : le diesel n'est plus en odeur de sainteté
ÉDITO - Ce carburant, cher aux Français il y a encore quelques années, perd du terrain. Un désamour qui repose sur des raisons écologiques et économiques. Du coup, les constructeurs s'adaptent.
François Lenglet
Crédit : Damien Rigondeaud
La part des ventes de diesel décline nettement en France depuis l’année dernière. Si l’on ne considère que les voitures vendues aux particuliers - c’est-à-dire qu’on exclut les flottes d’entreprises et les utilitaires, où le diesel est quasi-exclusif -, les moteurs à essence sont redevenus majoritaires. Le parc des voitures qui roulent en France lui-même est encore dominé par le gazole, et cela depuis 2007, mais la tendance décline désormais. Du coup, les constructeurs automobiles s’adaptent. Les motorisations diesel ont ainsi disparu sur les petits véhicules, comme les Twingo, Peugeot 106 ou Citroën C1. Sur la catégorie d'au-dessus - les citadines, comme les Clio -, le diesel décline rapidement.
Le discours des constructeurs a bien changé. Alors qu’ils défendaient naguère mordicus le diesel comme une spécialité française, en expliquant qu’il polluait moins que le métro parisien, les voilà qui parlent désormais de s'adapter à l’évolution du marché. C’est nouveau.
Le diesel a retrouvé son image d'antan
Plusieurs choses expliquent la désaffection du consommateur. D'abord le surcoût des nouvelles normes pour les petits véhicules, qui font que ce n’est rentable que si l’on roule beaucoup. Ensuite l’avantage de fiscalité, et donc de prix, qui se réduit entre le diesel et l’essence, avec la perspective annoncée qu’il se réduise encore davantage. Il y a aussi les nouvelles réglementations dans les grandes villes comme Paris. La Mairie souhaiterait, à terme, interdire la circulation de tous les diesels, en commençant par les plus anciens.
Il y a bien sûr les scandales, à commencer par celui Volkswagen, où le constructeur allemand a reconnu avoir truqué ses voitures diesel de façon à ce qu’elles affichent des émissions polluantes plus faibles que la réalité. Le diesel a retrouvé son image d'antan, celui d’un moteur sale et toxique.
Scandales à répétition
L’affaire Volkswagen n'a pas pu déclencher à elle seule une inversion de tendance sur ce marché gigantesque. Le scandale est arrivé à point nommé pour cristalliser et amplifier un phénomène antérieur. En réalité, l’inversion avait débuté un peu avant sur le marché français. D'autant que d’autres scandales sont arrivés (Mitsubishi et Suzuki, au Japon). Il y a désormais des doutes sur les mesures effectuées sur les véhicules Renault. Selon le Financial Times, la Commission européenne se serait saisie de l’affaire en demandant aux Français toutes les données techniques pour les vérifier.
Pour Volkswagen, le scandale est une véritable catastrophe. Le groupe va payer aux acheteurs américains, qui ont porté plainte, entre 5.000 et 10.000 dollars à titre d’indemnité, en plus de la valeur du rachat de la voiture. Sur le seul sol américain, cette affaire va coûter 14 milliards d’euros au constructeur. Sans compter les éventuelles amendes fédérales, qui pourraient s’évaluer aussi en milliards, et sans compter le coût des fraudes pour les autres marques du groupe Porsche, par exemple, qui font l’objet d’une négociation à part.
