Économiquement, c'est très rare de voir une activité qui change aussi vite de technologie dominante en quelques mois. Le diesel pesait encore 73% des ventes en 2012; c'est 47% aujourd'hui. Un tiers du marché a bougé en cinq ans. On en connait les causes. D'abord le "dieselgate", qui a jeté un discrédit sur ce carburant. Le "dieselgate" validait en quelque sorte le fait qu'il fallait tricher pour camoufler les émissions de gaz, et donc que ces émissions étaient forcément nocives.
Ensuite, vous avez la politique anti-diesel de Paris, qui sert un peu d'étendard. On a en tête les images de pic de pollution. Cela nous fait penser à celles de Pékin ou Mexico. Du coup, les consommateurs se détournent aussi du diesel pour ça, et puis parce qu'ils ne veulent pas être interdits de circuler dans les grandes villes.
L'âge moyen du parc automobile en France, c'est plus de huit ans. Donc on garde nos voitures longtemps, et on ne sait pas si dans huit ans on entrera encore dans Paris avec un diesel. Les pouvoirs publics ont aussi coupé le robinet du bonus-malus qui était très favorable au diesel, puisque ces moteurs émettent 15 à 20% de CO2 de moins que les moteurs essence.
On commence à voir apparaître de gros points faibles sur les modèles dits propres
Martial You
On n'a donc plus forcément intérêt à payer plus cher l'achat d'un véhicule diesel, d'autant que le différentiel prix à la pompe diminue. Lentement mais sûrement, on est en train de faire remonter la fiscalité sur le diesel pour la rapprocher du super. Mais on assiste vraiment à la revanche du moteur essence. Cela pourrait être un retour durable. Car on commence à voir apparaître de gros points faibles aussi sur les modèles dits "propres" (les moteurs hybrides ou électriques).
La semaine dernière, l'Automobile Club a fait le point sur le budget d'entretien des véhicules et il y a une donnée intéressante : les hybrides coûtent chers car ils se revendent mal en occasion. Autrement dit, on ne fait pas confiance à la technologie sur le long terme, et surtout on ne sait pas recycler les batteries en fin de vie. Après le diesel, il y aura donc un problème environnemental avec les batteries qui va encore profiter au moteur essence.
Bref, l'essence reprend une place qu'elle avait avant les années 2000. Alors soyons honnête : cela va nous éviter des aberrations absolues comme des Twingo ou des Smarts diesel qui ne faisaient que de la ville et des petites distances, mais qu'on passait au diesel parce qu'elles avaient le bonus écolo.