Dans quelques jours, elle partira pour toujours, par choix. Écrivaine et éditrice, à 59 ans Anne Bert souffre de la maladie de Charcot, qui atteint ses muscles. Il ne lui reste que quelques jours à vivre puisqu'elle s'apprête à se rendre en Belgique pour se faire euthanasier. Le 9 octobre prochain, après son décès paraîtra un livre, publié chez Fayard et baptisé Le tout dernier été.
"Dans ma tête, je vais bien dans le sens où je suis totalement sereine avec ma décision. Maintenant évidemment, je n'y vais pas la fleur au fusil. C'est quelque chose de difficile, de très compliqué (...) mais je ne doute pas", a-t-elle confié au micro de RTL. Avant d'être atteinte par la maladie, Anne Bert était une bonne vivante, une épicurienne, aimait l'amour, la cuisine, le sport, écrivait des livres érotiques...
"J'ai une addiction à la vie terrible", explique Anne Bert, mais le plaisir et le désir de vivre, c'est quelque chose que je n'ai plus, pas parce que je suis dépressive, mais parce que la maladie me bouffe tout, me vole tout".
Si il y avait la vie derrière, je négocierais avec mes handicaps
Anne Bert
La maladie de Charcot, aussi appelée sclérose latérale amyotrophique (SLA), est une pathologie neurologique qui attaque progressivement les cellules nerveuses qui contrôlent les muscles, qui "meurent petit à petit", détaille l'écrivaine. Et d'ajouter : "je vais devancer ça. De toute façon, il n'y a pas d'issue à cette maladie. En ayant fait ce choix, je prends le pas sur la mort qui m'est promise". Et de trancher : "si il y avait la vie derrière, je négocierai avec mes handicaps. Mais là, il n'y a pas de vie derrière, ça va être de pire en pire".
Une décision qu'Anne Bert a partagée avec son entourage, dès le moment où elle a choisi de se rendre en Belgique pour y recevoir l'ultime injection létale. "Je n'ai pas demandé la permission (...). Ils me connaissent tous, ils savaient très bien que ce n'était pas possible. Ma nature fait que je suis incapable - je suis peut-être une très mauvaise malade - de vivre ça. Donc ils ont compris".
Je ne saute pas la case des au revoir, je saute la case de l'agonie
Anne Bert
À propos de son entourage, les au revoir se préparent "depuis plusieurs mois" pour Anne Bert, qui explique qu'elle "ne saute pas la case des au revoir", mais simplement "la case de l'agonie". Son grand voyage, Anne Bert le fera avec ses proches : sa famille et quelques amis l'accompagneront en Belgique.
Pour faire avancer la législation, l'écrivaine avait envoyer plusieurs lettres ouvertes sur la fin de vie, notamment aux candidats à l'élection présidentielle et plus récemment la ministre de la Santé, Agnès Buzin. En France, les actes d'euthanasie, n'étant pas autorisés, sont considérés comme criminels. Seule la sédation profonde est possible, encadrée par la loi Claeys-Léonetti, qui prévoit que les malades en fin de vie pouvaient être endormis jusqu'à leur mort.