Air France : les pilotes ont le sort de la compagnie entre leurs mains
ÉDITO - Les négociations entamées en décembre avec les personnels navigants d'Air France ont débouché sur un projet soumis à la signature des syndicats.

Nouvelles turbulences sous les ailes d'Air France. La direction donne jusqu'au 31 mai à ses pilotes pour approuver le lancement d'une nouvelle compagnie à coûts réduits. Le risque d'échec est bien réel. Le syndicat des pilotes s'oppose au nouveau plan stratégique de la compagnie au lancement du projet Boost, destiné à contrer les groupes aériens les plus compétitifs d'Asie ou du Golfe.
La direction d'Air France espère encore passer au-dessus de la casquette des pilotes du bureau syndical en consultant l'ensemble de ses officiers navigants. C'est une option qui a des chances. Mais les divergences restent très fortes en terme de rémunération, de compensation des jours de repos, de répartition de l'activité entre Air France et KLM (la compagnie jumelle qui est plus souple), ou même du partage des cabinets de toilettes avec les passagers.
Deux pistes de sortie
Tous ces points de blocage, répartis sur une trentaine de pages, seront difficiles à lever. Il y a pourtant deux pistes de sortie pour faire décoller ces projets. D'abord la bonne vieille trouille d'un crash de la compagnie à terme. Le personnel sait désormais que le contribuable ne sera pas toujours présent pour atténuer les prochains chocs conjoncturels. Ensuite - et c'est plus positif -, la perception que ce projet de long courrier low cost assez modeste (moins de dix appareils à terme) est un levier de croissance pour Air France.
Mais pour que le défi soit tenu - c'est-à-dire que le projet mérite des efforts -, il faut économiser 170 millions d'euros par an en fonctionnement. Cela signifie améliorer la productivité de 15%. Ce n'est pas impossible, tant les marges de progrès sont fortes chez Air France. Le seul obstacle, c'est que l'évaluation de ces gains n'est pas consensuelle : les experts syndicaux qui, eux, n'en trouvent dans le plan de la direction qu'une vingtaine de millions d'économie, craignent de sacrifier leurs acquis pour pas grand-chose.
La note du jour
14/20 à Henri Poupart-Lafarge. Alstom, qu'il préside, enregistre pour la troisième année d'affilée plus de 10 milliards de commandes. Au total, son carnet d'ordres pèse 35 milliards.