Marguerite et Léon sont tombés amoureux à l'occasion du mardi gras, le 24 février 1914. Quelques mois plus tard Léon est mobilisé. Durant 4 ans, les deux amants ne se verront plus que quelques semaines, à la faveur des rares permissions de Léon.
Cette histoire, qui est un véritable trésor pour les historiens, nous la connaissons grâce à 1.531 lettres et des centaines de cartes postales, représentant 4 ans de correspondance entre Léon et Marguerite. Elles ont été
retrouvées par hasard dans une malle, sur un vide-grenier à Paris.
Ce trésor acquis pour quelques euros a été transmis au réalisateur Pierre Mathiote qui a pris rapidement conscience de la valeur inestimable de l'histoire de Marguerite et Léon. "Je pense qu'il n'y a pas d'équivalent sur la planète à ce jour", s'enthousiasme-t-il. "Je me suis aperçu qu'il y avait d'abord une histoire de guerre, mais surtout une histoire d'amour"
Le réalisateur découvre l'immensité de l'œuvre qui s'offre à lui, au point d'écrire un livre et une série de 14 épisodes de 52 minutes pour le cinéma. Il faut dire que Léon a souvent été en première ligne, au cœur des combats les plus durs, comme à Verdun. Sous les obus allemands, il est blessé une première fois.
"À un moment il a reçu un obus. Il a été esquinté sur un côté, il a atterri dans un trou d'obus et comme ça tirait de partout au-dessus, il est resté 24 heures sur un tas de cadavres. Il cite les mouches, les rats", décrit Pierre Mathiote.
Malgré la censure, il décrit dans ses lettres à Marguerite cette horreur au quotidien... et une seconde blessure, qui l'éloigne du front quelques semaines. "Une balle dans la cuisse, ce n'est pas grave, mais je souffre quand même. Mais il ne faut pas t'inquiéter : j'aurais dû être tué si le Bon Dieu ne m'avait pas protégé", écrit Léon à son amoureuse. "Car en plus, j'ai reçu deux balles dans le dos, qui ont défoncé mon bidon, et déchiré ma capote, mais pas la peau. J'ai dû faire plus de cent mètres sous les balles boches avec une cuisse transpercée pour aller retrouver les brancardiers, qui m'ont transporté au poste de secours".
Lors d'une permission Marguerite et Léon se marient en 1916, puis c'est le retour au front. Dans les lettres, le désir d'enfant est de plus en plus fort : "Dans plusieurs centaines de lettres, il parle d'une petite fille qu'ils auront ensemble, qui s'appellerait Huguette", raconte le réalisateur.
Huguette verra le jour le 31 juillet 1918. Après des recherches compliquées, Pierre Mathiote a pu retrouver ses descendants. Parmi eux, Annick, la petite fille de Marguerite et Léon. Elle ignorait presque tout de l'histoire de ses grands parents, d'où son émotion lorsque Pierre Mathiote est allé la rencontrer.
"Quand on s'est rencontrés, on est tombés dans les bras l'un de l'autre, parce que c'était vraiment une histoire phénoménale, on ne s'y attendait pas du tout", sourit-elle. "Surtout que moi je n'ai pas connu mes grands-parents, donc ça a été vraiment un choc".
Près de 8 ans après la découverte de la correspondance, cette histoire habite plus que jamais le réalisateur Pierre Mathiote. "Ce couple-là, mais au delà de ce couple, les gens qu'il y avaient dans les lettres, puisque dans les lettres il y avait aussi la famille, certains Poilus, des proches, pour le restant de mes jours ils seront ancrés en moi".
Parmi les 1531 lettres, Annick, la petite fille de Marguerite et Léon, en a
choisi une, un court poème de Léon écrit peu après son départ. Nous
sommes en juillet 1914 :
"Salut à toi mon petit loup adoré
Salut à toi que je veux toujours aimer
Tu m'as fait connaître le bonheur
Le jour où tu m'offris ton coeur
Et mon plus cher désir au monde, mon cher petit trésor
C'est de te voir et t'aimer tous les jours plus fort
Car pour toi mon amour est constant
Je t'aimerais toujours malgré tout et follement"
"Je suis un peu émue, quand même", précise Annick après avoir lu le texte. "C'était l'amour fou, quoi". Mais cette passion amoureuse, connait une issue tragique. 4 jours après la naissance de sa fille qu'il n'a jamais l'occasion de rencontrer, Léon Goiffon décède du typhus à l'âge de 25 ans, le 3 août 1918, si près de la fin de la Grande Guerre. "Que la guerre est injuste, que le destin est lâche", écrivait si justement Léon en 1915.
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