Réforme de l'Assurance chômage : l'inquiétude des partenaires sociaux
L'exécutif détaille mardi une refonte vaste et controversée de l'assurance chômage, présentée comme la dernière pierre de ses réformes du marché du travail.

Édouard Philippe présente demain sa réforme de l'Assurance chômage et les partenaires sociaux grognent déjà. Les grands principes dévoilés au fil des semaines et pendant le discours de politique générale du Premier ministre inquiètent un patronat et des syndicats qui n'avaient pas réussi à se mettre d'accord sur une éventuelle reforme. Le gouvernement a pris les choses en main et les mesures attendues sont d'envergure mais paraissent trop exigeantes à certains.
Prenez le bonus-malus sur les cotisations d'assurance-chômage pour les entreprises : le patronat veut continuer à avoir recours aux contrats courts, à ces CDD qui pour un tiers aujourd'hui ne dépassent pas un jour. Cela leur coûtera donc davantage plus cher. Alors, le Premier ministre a quand même limité la mesure, il ne veut l'appliquer que dans 5 à 10 secteurs comme la restauration ou le médico-social, mais pour les PME, ça peut faire mal.
Prenez maintenant une mesure qui risque de faire mal cette fois aux demandeurs d'emploi. Désormais, pour s'inscrire à Pôle emploi et prétendre à une indemnisation, il faudra avoir travaillé non plus 4 mois sur les 28 derniers mois, mais 6 mois sur les deux dernières années. Cela veut dire que des personnes seront exclues : 600.000 selon le gouvernement. Les syndicats s’inquiètent de ces plus fragiles qui seraient laissés sur le côté.
Un équilibre difficile à trouver
Mais derrière ces mesures, il y a quand même une volonté de réduire le taux de chômage, parce que le chômage baisse en ce moment mais pas assez rapidement. Il y a aussi le vœu de combler la dette de l'Unedic, qui se monte à 40 milliards d'euros.
Il faut donc reformer, trouver de l'argent, sans décourager les entreprises et en limitant l'impact sur les travailleurs les plus fragiles. Pas facile comme équilibre. Indemniser les démissionnaires et les indépendants, d'accord, mieux former les chômeurs, encore plus d'accord.
Est-ce que s'attaquer aux contrats courts ou aux CDDU, ces nouveaux CDD d'usage dont abusent les entreprises, va être suffisant ? Qui doit payer pour ce déficit de l'assurance chômage due à cette crise de 2008 qui pèse encore sur les comptes ? Ce sera à Édouard Philippe de démontrer qu'il a fait les bons choix