En apparence, la Chine n'a pas pris de mesures de rétorsions après la guerre commerciale déclenchée par les États-Unis, en particulier la mise au ban de Huawei, son industriel du téléphone.
Et pourtant, pour celui qui sait voir, la Chine a répondu à sa façon. Mardi 21 mai, Xi Jinping, le chef de l'État, a fait une visite surprise au siège d'une entreprise stratégique, un fabricant d'aimant dans la province du Jiangxi, près de Shanghai.
Visite largement reprise par des médias toujours aux ordres. JL Mag, l'entreprise visitée, travaille et produit à partir des terres rares, ces métaux qui servent à faire les aimants utilisés dans toutes les nouvelles technologies ; qu'il s'agisse des énergies renouvelables, des composants électroniques, des batteries pour véhicules électriques ou des armements les plus sophistiqués. La Chine en est le principal fournisseur mondial, ce qui rend la planète, et les États-Unis, dépendants de Pékin.
Cette visite est un signal adressé à Donald Trump pour lui dire : "si tu vas trop loin, nous sommes capables de frapper aussi", en bloquant l'exportation de ces métaux dont les États-Unis ont besoin.
La Chine produit 61% du silicium mondial, 67% du germanium, 84% du tungstène mondial et 95% des terres rares, selon les experts de Bruxelles, qui soulignent qu'elle est désormais le pays le plus influent en ce qui concerne l'approvisionnement mondial en maintes matières premières critiques.
À tel point que lorsque le président américain avait imposé des sanctions commerciales importantes à la Chine, il avait pris soin d'exclure les terres rares. Tout simplement parce qu'il en a besoin : 75% des importations américaines de ces matières premières stratégiques viennent de l'Empire du Milieu. En 2017, l'Amérique a ainsi importé 17.000 tonnes de terres rares.
Nous restons donc dépendants de la Chine. Car la demande de ces ingrédients augmente de 8% par an. Et nous le sommes d'autant plus que de façon subreptice, la Chine a acquis aussi bon nombre de mines dans le monde entier, ou bien sécurisé des contrats d'approvisionnements de long terme, comme pour le Cobalt en provenance d'Afrique par exemple.
Ces dernières années, elle a mis en oeuvre une véritable stratégie d'appropriation de ces ressources, voire de prédation, en toute impunité, puisqu'à l'époque, l'administration de Barack Obama roupillait comme l'officier allemand dans La Grande Vadrouille.
Sans ces composants précieux, plus de smartphone, plus de Tesla, plus de bombardiers furtifs capables de voler sans être détectés. Ce serait une catastrophe. Dans la partie de Monopoly que se livrent la Chine et l'Amérique, les terres rares sont l'équivalent de la rue de la Paix - une case précieuse du jeu, parce qu'elle donne un pouvoir considérable sur son adversaire. De plus, la Chine a acquis et développé des capacités industrielles pour traiter ces matières premières, et les transformer en composants technologiques.
La Chine a déjà rompu ces approvisionnements avec le Japon, après l'une des innombrables disputes maritimes entre les deux pays, qui se détestent. Mais en 2015, elle a dû abandonner les quotas d'exportation pour ces produits, après une plainte des États-Unis devant l'Organisation mondiale du commerce.
Inutile de préciser qu'aujourd'hui, après les critiques incessantes que fait Donald Trump sur l'OMC et alors que le système de règlement des conflits commerciaux internationaux tombe en ruine, Pékin ne serait plus si prompt à obtempérer devant une injonction des États-Unis.
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