La situation est telle que Ben Smith, le nouveau patron d'Air France, pourrait pousser vers la sortie Pieter Elbers, le patron de la compagnie hollandaise KLM qui avait fusionné il y a quinze ans avec la compagnie française.
Et pour cause, les relations entre les deux hommes se sont fortement détériorées ces dernières semaines. La querelle mobilise maintenant les cadres, les syndicats et les administrateurs de KLM, qui ont pris fait et cause pour leur patron, et le défendent face à la direction d'Air France. C'est même devenu une affaire d'état, plusieurs personnalités politiques des Pays-Bas ayant pris parti pour le renouvellement du hollandais volant.
Ben Smith est accusé de tout vouloir régenter de Paris, et d'ignorer la direction hollandaise. Plus fondamentalement, l'irritation est croissante chez KLM devant Air France, ses lourdeurs, son manque de compétitivité, ses grèves à répétition qui ont coûté un milliard d'euros sur les cinq dernières années.
Alors que la filiale hollandaise, rachetée en pleine déconfiture il y a quinze ans, a fait des progrès d'efficacité et de rentabilité considérable. KLM, en étant plus petite qu'Air France, est désormais bien plus profitable.
C'est la même histoire qu'avec Renault et Nissan. Dans les deux cas, ce sont deux entreprises françaises de culture publique, Renault et Air France, qui se sont modernisées, privatisées et mondialisées au tournant des années 2000.
Les deux étaient d'ailleurs dirigées par le même profil d'homme, deux hauts fonctionnaires de gauche, qui avaient joué un rôle important dans les gouvernements socialistes du premier septennat Mitterrand, Louis Schweitzer et Jean-Cyril Spinetta.
Fortes de leur santé économique à cette époque là, elles ont racheté chacune une entreprise de leur secteur en difficulté, le japonais Nissan pour Renault, et le batave KLM pour Air France. Mais vingt ans plus tard, le rapport de force a changé.
Paradoxalement, les entreprises subclaquantes de naguère sont devenues profitables, et même davantage que leurs sauveurs. Elles supportent donc moins bien la tutelle encombrante de groupes français qui donnent des leçons alors qu'ils n'ont pas atteint le même niveau de compétitivité.
Sans oublier le climat de nationalisme économique croissant, y compris en Europe même, qui fait que les tutelles étrangères sont moins bien vécues qu'à l'âge d'or de la mondialisation. Les fusions ou associations n'ont jamais été faciles à piloter, mais dans les années 2000, les entreprises étaient prêtes à abandonner une part de leur culture pour construire la world company. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Surtout face à des Français.
Un constat s'impose. Il y a vingt ans, les Français rachetaient les autres, parce qu'ils étaient en meilleure santé et qu'ils avaient une vision. Deux décennies plus tard, les Français stagnent. Air France en est l'exemple type.
Les pilotes et leurs grèves ont fait perdre un temps considérable à l'entreprise. Conséquence, les filiales étrangères de nos groupes se rebellent, et bon nombre d'entreprises françaises sont passées sous pavillon étranger : Alstom Energie avalée par les Américains, Alcatel par les Finlandais, Essilor, passée sous le contrôle de l'italien Luxottica et Lafarge le cimentier, sous contrôle du Suisse Holcim.
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