Flexitarien, crudivore, sans gluten, vegan, paléovore, végétalien... Difficile de s'y retrouver parmi tous ces nouveaux régimes alimentaires. Ils envahissent les pages des magazines, les étagères des librairies et les rayons des supermarchés. Entre celles et ceux qui défendent la cause animale, celles et ceux qui veulent sauver la planète et les autres qui promettent des bienfaits miracles sur le corps, on a tendance à s'y perdre.
Ces régimes de plus en plus spécifiques reflètent les préoccupations des Françaises et des Français. Ils évoluent dans une réflexion plus écologique, plus éthique et meilleure pour leur santé. Selon un sondage Harris Interactive, publié en février 2017, 63% des consommateurs sont soucieux de leur alimentation et estiment qu'il est important de respecter un équilibre alimentaire.
Pour y parvenir, ils mangent de plus en plus de fruits et légumes (un quart des Français en consomment plus qu'il y a deux ans), et moins de viande (un tiers en mange moins qu'il y a deux ans). Des dizaines de régimes se sont développés pour répondre à ces envies de produits plus éthiques et naturels. Au point de rendre obsolète la notion de végétarien ?
"Il y a toujours eu des courants végétariens, on en voit depuis plus de 2.000 ans", explique Jean-Louis Lambert, sociologue de l'alimentation qui étudie les pratiques alimentaires et leurs évolutions. Mais depuis une dizaine d'années, on voit apparaître des dérivés de cette pratique.
"On estime que ce phénomène est lié au développement urbain, qui éloigne l'humain de la nature", analyse l'expert. "Cela entraîne des frustrations". Elles se traduisent par une envie de se tourner vers un mode de vie plus naturel, en privilégiant par exemple des produits végétaux dans son alimentation.
"De plus en plus d'humains côtoient uniquement des animaux domestiques et font une généralisation", poursuit le sociologue. De la même façon qu'ils refuseraient de manger leurs animaux de compagnie, ils étendent cette représentation à l'ensemble des espèces animales et décident de ne plus manger de viande.
Pour le sociologue Daniel Boy, les valeurs nordiques et protestantes influencent nos modes de vie. "Cela touche aussi au domaine culinaire et par conséquent au rapport entre l'homme et l'animal", explique-t-il aux Inrocks. "Cette évolution est aussi due à la multitude de livres ou de documentaires sur la question", ajoute-t-il.
Je ne m'interdis pas de consommer de la viande, je me raisonne
Marie, flexitarienne
Si pour certains ou certaines, il y a eu un déclic, pour d'autres, cela s'est fait progressivement. "Quand je me suis installée toute seule, j'ai pris conscience qu'acheter de la viande coûtait cher", raconte Marie, 24 ans. Sensibilisée aux questions écologiques, elle a peu à peu arrêté d'en manger, sans toutefois devenir végétarienne. "Il m'arrive de manger de la viande de temps en temps, au restaurant par exemple. Je ne m'interdis pas d'en consommer, je me raisonne".
Ce type de régime s'appelle le flexitarisme. Les Françaises et les Français sont de plus en plus nombreux à le pratiquer. "On estime qu'environ un quart de la population essaie de réduire sa consommation de viande, particulièrement dans les classes aisées et les chez les femmes", note Jean-Louis Lambert.
Parmi la multitude de régimes alimentaires, certains sont plus originaux et plus stricts. Les crudivores ne mangent que des aliments crus (ou chauffés à moins de 40°C). Les frugivores (ou fruitariens) se nourrissent exclusivement de fruits et légumes. Les liquidariens boivent surtout des jus et des soupes. Les pescétariens, les ovo-végétariens et les lacto-végétariens excluent la viande mais continuent de consommer (au choix) poissons, œufs ou produits laitiers.
Quant au régime paléo, il s'agit de se rapprocher des aliments qui nourrissaient nos ancêtres préhistoriques qui étaient des chasseurs-cueilleurs (fruits, légumes, viandes, et on évite tous les aliments industriels ainsi que les céréales et produits laitiers qui "n'existaient" pas encore).
Cette multitude de régimes se traduit dans les rayons des magasins, qui profitent de cet engouement pour proposer des gammes ciblées. Sur Internet, les groupes Facebook et les blogs à ce sujet sont nombreux. "Ces régimes spécifiques montrent une envie de se démarquer du reste de la population et un désir de faire partie d'une communauté", explique Jean-Louis Lambert, qui compare ces communautés d'adeptes à d'autres domaines, comme la musique. "Les humains ont besoin de liens sociaux pour communiquer et partager".
Quand on étudie tous ces régimes alimentaires, il faut distinguer ceux qui sont faits pour des raisons de santé (régime sans gluten, sans FODMAPS, sans sucre...) et ceux faits pour des raisons éthiques. Si souvent, le bien-être animal et les raisons écologiques sont à l'origine des ces régimes, il y a différents degrés entre eux.
Les flexitariens s'autorisent à manger de la viande de temps en temps, alors que les végétariens n'en consomment jamais. Les végétaliens ne consomment ni viande, ni poisson, ni œuf, ni produits laitiers et les vegans vont plus loin : ils ne consomment rien qui provient d'un animal (aliments, mais aussi cuir, laine, fourrure, soie...).
Parmi eux, les plus nombreux restent les végétariens (après les flexitariens). Selon Jean-Louis Lambert, "ils sont très minoritaires dans la population française. Ils ne dépassent pas les 3%", et les vegans doivent représenter 0,5%".
Pour Clément, flexitarien depuis deux ans, impossible d'arrêter complètement de consommer de la viande. "Pour des raisons écologiques, j'évite de manger du bœuf, dont la production consomme beaucoup d'eau, mais il m'arrive de manger du poulet, du veau ou du poisson de temps en temps", raconte cet étudiant de 25 ans.
Chacun défend ce qu'il a envie de défendre avec son alimentation
Manon, végétalienne depuis 3 ans
Même démarche pour Marie qui expliquer continuer de manger de la viande occasionnellement car "c'est un plaisir". "Je suis flexitarienne, mais je pense que je ne franchirais jamais le pas vers le végétarisme", raconte la jeune femme. "Une fois par mois, j'aime bien acheter un bon poulet fermier bio dans un circuit court".
Au contraire, Manon, étudiante à Toulouse, est passée du végétarisme au végétalisme. "J'ai eu un déclic en regardant un documentaire il y a cinq ans, j'ai arrêté de manger de la viande du jour au lendemain", raconte-t-elle. "Deux ans plus tard, j'ai poussé la réflexion à la production de lait et à l'élevage intensif de poules, et j'ai aussi arrêté d'en manger".
Elle explique que c'est une démarche globale : "Je suis presque vegan", plaisante-t-elle. "Je ne vais plus voir de cirque ou de zoo, je n'achète plus de cuir. Il me reste encore quelques pulls en laine peut-être !"
"C'est vrai qu'il y a beaucoup de termes, mais bon, ce ne sont que des mots. Ce qui compte, c'est ce que l'on fait. Chacun défend ce qu'il a envie de défendre avec son alimentation", conclut la jeune femme. Les végétariens ont encore un bel avenir devant eux !
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