Je suis tombée dans le vice des peaux encrées. Depuis octobre 2012, je me suis rendue à trois reprises dans un salon de tatouage. Avec toujours une idée très précise de ce que je voulais marquer sur mon corps. Côté réflexion, j'ai l'impression d'être passée par tous les stades : la ritualisation de l'acte à l'extrême ; le coup de cœur d'un projet et d'une rencontre ; et le passage à l'acte (un peu plus) précipité. Entre chacun de mes tatouages, comptez plus ou moins un an de répit.
Une fois qu'on a commencé à se faire tatouer, les uns et les autres vous diront souvent que c'est comme une drogue : il est difficile de décrocher. Même si cela fait (un peu) mal, passer entre les mains d'un tatoueur fait - paradoxalement - énormément de bien. Une histoire d'hormone (l'endorphine) mais aussi et surtout de bien-être intérieur.
Un premier tattoo n'a rien d'anodin. En tout cas pas pour moi. J'ai longuement réfléchi avant de franchir le pas de la porte de mon premier shop. Une fois le motif en tête, il me fallait une partie du corps où l'y inscrire. Puis, j'ai réalisé qu'il était hors de question de me faire graver sous la peau par n'importe qui. Je suis alors partie en quête de la perle rare. Une personne avec laquelle j'aurai un certain feeling, et qui saurait au mieux m'accompagner dans cet acte rituel et symbolique.
Se faire tatouer pour la première fois, c'est comme (re)prendre possession de son propre corps, marquer un passage, un moment important de sa vie. À ce stade, on sait déjà que la douleur n'est plus qu'un détail. Elle fait partie du processus. Et au fur et à mesure que la tatoueuse marquait sous ma peau le symbole que j'avais choisi, une sensation de douce euphorie m'envahit. Un moment exaltant, presque trop court mais complètement satisfaisant : j'avais cette partie de mon corps qui était totalement mienne et que personne ne pourrait m'enlever, contrôler, détourner.
Une fois que la machine du tattoo est lancée, il n'y a plus de raison d'avoir peur. On sait que oui, ça fait un peu mal, mais bon c'est supportable. Il suffit d'une envie qui vous trotte dans la tête et d'une rencontre au bon moment pour vous retrouver avec un nouveau tattoo sur le bras.
Un état d'esprit évolutif parfaitement illustré en quelques cases par la dessinatrice Sarah Andersen :
Pour mon deuxième tatouage par exemple, tout s'est déroulé en quelques semaines : la découverte d'un projet artistique (celui de Raphaele - From Sky to Skin) et une démarche quasi-communautaire.
Parce que c'est ça aussi se faire tatouer : partager des symboles, prêter sa peau pour un projet, conseiller sa tatoueuse à une copine, et entrer dans une grande famille. De quoi ne plus jamais se sentir seule.
Après un traumatisme ou une période intense de stress, certains vont répondre par une incroyable envie de faire la fête, de boire, de fumer ou même de faire l'amour. Les sociologues américains appellent cela le "terror sex" ou "sexe après l'effroi". Ma théorie ? Le "tattoo après l'effroi" est une autre manière de répondre... à un attentat par exemple.
Le 13 novembre 2015, vous vous en souvenez, Paris - et les Parisiens - sont touchés par des terroristes de l'État islamique. Ma réponse, mon appel au secours, mon moyen de survie s'est logé sous la peau de mon bras droit.
Ce tatouage, c'est vrai qu'il a été réalisé dans la précipitation et sous le coup de l'émotion, mais cela ne le rend pas moins important que les deux autres. C'est peut-être même celui qui m'a fait le plus de bien : avec lui, j'ai affirmé mon identité de Parisienne (d'adoption), celle qui boit des coups en terrasse, aime par dessus tout aller à des concerts et voit dans le tatouage un moyen de s'exprimer. Le Mondial du tatouage s'ouvre ce vendredi 3 mars à La Grande Halle de La Villette, à Paris. L'occasion de repasser entre les mains d'un maître de l'encre et des aiguilles ?
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