"Le cinéma et la télévision sont très vulnérables parce qu'il y a beaucoup de gens dont le but ultime est d'entrer dans ce secteur et le succès y dépend largement de qui vous connaissez, de votre apparence, de choses qui ne dépendent pas strictement de votre mérite", remarque Ann Fromholz, avocate spécialisée dans le harcèlement.
Souvent "les gens ont rêvé toute leur vie d'y travailler" et pensent que supporter certains comportements abusifs est le prix à payer", ajoute la spécialiste.
Le scandale autour du producteur déchu Harvey Weinstein illustre à quel point ces abus ont pu être poussés à l'extrême : l'ancien géant d'Hollywood devenu paria est accusé par une quarantaine d'actrices et employées de harcèlement, agressions ou viols, notamment par Rose McGowan et Asia Argento.
Quelques mois plus tôt, c'est la chaîne Fox News qui s'était retrouvée dans la tourmente avec son patron, Roger Ailes, et son présentateur vedette, Bill O'Reilly, tous deux limogés à la suite d'accusations en chaîne.
Les lieux de travail avec des lits, c'est vraiment une mauvaise idée
Ann Fromholz, avocate spécialisée dans le harcèlement
Ann Fromholz remarque toutefois avoir entendu "des récits terrifiants" venant de secteurs qui font moins rêver, comme la restauration, l'agriculture, le nettoyage, "où une large part des employés sont sans-papiers" et vulnérables.
Entre avocats, "on fait aussi de l'humour noir en disant que les lieux de travail avec des lits, comme l'hôtellerie ou les hôpitaux, c'est vraiment une mauvaise idée", poursuit la spécialiste.
Les milieux où règnent des hommes puissants sans garde-fous, comme certaines stars du barreau, hommes influents du monde politique ou de la Silicon Valley, sont également problématiques.
Exemples avec Travis Kalanick, fondateur de Uber, contraint à une démission ultra-médiatisée après avoir été accusé par six entrepreneures de leur avoir fait des avances alors qu'elles cherchaient à lever des fonds. En Californie toujours, plus de 140 femmes politiques ont signé une lettre ouverte pour dénoncer le fléau du harcèlement dans ce milieu et invitent les autres femmes à témoigner.
La France n'est pas non plus épargnée par le harcèlement au travail, en témoignent les nombreux témoignages de femmes sur le réseau social Twitter via les hashtags #MeToo et #BalanceTonPorc. On y parle de grands patrons, notamment dans le monde des médias, comme le rapporte le Tumblr Paye Ton Journal.
Une enquête de 2015 du magazine Cosmopolitan portant sur plus de 2.200 sondées constatait qu'une femme sur trois a déjà fait l'objet d'une forme de harcèlement sexuel au travail, à savoir "des avances, des demandes de faveurs, ou d'autres agissements verbaux ou physiques de nature sexuelle non souhaités". Les trois quarts ne font pas l'objet de plainte ou ne sont pas rapportés.
Émeline (le prénom a été modifié), médecin légiste de 28 ans, confiait par ailleurs à Girls, en septembre dernier qu'elle subissait régulièrement les remarques à caractère sexuel de ses collègues... le tout devant des patients.
Mais les multiples scandales et les nombreuses voix qui s'élèvent depuis quelques mois augurent cependant peut-être d'une nouvelle ère et d'une génération moins résignée face à ces pratiques.
"Il y a aujourd'hui une plus grande conscience de quelle conduite est acceptable ou pas", et une plus grande volonté des entreprise d'empêcher les dérapages, constate Ann Fromholz, qui suit ces affaires depuis près de 25 ans.
Les cas types sont le chantage sexuel - faveur sexuelle contre emploi ou promotion - ou l'environnement de travail hostile à cause d'innombrables remarques ou plaisanteries qui minent les conditions de travail.
Les experts soulignent que la culture d'entreprise est déterminante pour empêcher les abus, avec la mise en place de règlements et l'application de sanctions qui découragent ces comportements.
À l'inverse, dans la Weinstein Company, le contrat du producteur Harvey Weinstein, comme l'a confirmé à l'AFP une source proche de l'entreprise, ne prévoyait ni mise à pied, ni licenciement, mais une simple obligation de rembourser les accords amiables passés avec celles qui auraient dénoncé ses méfaits.
Pour tomber sincèrement amoureux au travail, la clef reste le consentement
Ann Fromholz, avocate spécialisée dans le harcèlement
L'équivalent d'un véritable feu vert, pour Genie Harrison, avocate spécialiste, et un choix délibéré de "regarder de l'autre côté et de favoriser le tiroir-caisse".
Tomber sincèrement amoureux sur le lieu de travail, cela dit, a toujours existé. La clef reste le consentement.
"Quand quelqu'un réfléchit à la possibilité d'une relation amoureuse avec une personne avec qui elle ou il travaille, il faut se montrer plus prudent qu'avec quelqu'un rencontré dans un dîner par exemple. Ça peut passer par une conversation un peu maladroite mais il faut s'assurer que les avances sont bienvenues", insiste Ann Fromholz. Et rassurer la personne en face qu'il n'y aura pas de conséquences en cas de refus.
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