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Arnaud Montebourg est poursuivi en diffamation par le FN. (archives)
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Ce lundi de Pentecôte pourrait faire date. À un peu plus de onze mois de l'élection présidentielle, Arnaud Montebourg, 2017 en tête, a effectué l'ascension du Mont Beuvray, là où "Vercingétorix a unifié les tribus gauloises", aime rappeler Christian Paul, le chef de file des frondeurs socialistes. Jusque-là, il n'y avait pas grand-chose de nouveau. L'ancien locataire de Bercy gravit ce col tous les ans depuis 2004, année où Jean-Pierre Raffarin remettait en cause ce jour férié pour en faire une journée de solidarité au profit des aînés.
Depuis, l'objectif de cette journée a pris des allures beaucoup plus politiques. En 2015, Arnaud Montebourg était venu soutenir Christian Paul, encore lui, alors qu'il était candidat au poste de premier secrétaire du Parti socialiste face à Jean-Christophe Cambadélis. Le 29 mai, ce dernier l'avait finalement largement emporté (70% contre 30% pour Christian Paul).
Un an plus tard, la gauche est fracturée. Le projet de loi sur la déchéance de nationalité et l'utilisation de l'article 49.3 par le gouvernement de Manuel Valls pour adopter sans le consentement des parlementaires les projets de loi Macron en 2015 et El Khomri en 2016 ont laissé des traces. Mais l'incapacité des frondeurs à rassembler 58 députés pour déposer une motion de censure contre le projet de loi Travail a mis un coup d'arrêt fatal à leur capacité d'action.
Après environ deux ans de diète médiatique, c'est dans ce contexte où aucun leader charismatique, hormis Emmanuel Macron, mais très éloigné de ses idées, n'émerge pour défier François Hollande à gauche qu'Arnaud Montebourg, qui veut exposer sa vision pour la France, prononcera un discours de 30 minutes aux airs de programme présidentiel. À 821 mètres d'altitude, l'ex-ministre du Redressement productif ne sera sans doute pas tendre avec la politique de François Hollande et Manuel Valls. Dans la foulée de son départ du gouvernement, ce fervent défenseur de la VIe République avait exprimé ses désaccords notamment sur le plan économique : "La réduction à marche forcée des déficits est une aberration économique car elle aggrave le chômage, une absurdité financière car elle rend impossible le rétablissement des comptes publics, et un sinistre politique, car elle jette les Européens dans les bras des partis extrémistes qui veulent détruire l'Europe."
Des thématiques qu'Arnaud Montebourg côtoie désormais dans son quotidien professionnel. Dépourvu de mandat depuis 2014, il est actuellement vice-président du Conseil de surveillance d'une grande chaîne d'ameublement. Depuis son départ du gouvernement, il a aussi investi une partie de ces économies dans une start-up qu'il veut faire fonctionner sans le financement des banques. En se présentant comme un entrepreneur, ce défenseur acharné du "made in France" et de la relocalisation revient en fin connaisseur du monde de l'entreprise. Une qualité souvent revendiquée par la droite. L'ex-ministre est ainsi légitime dans le domaine et peut donc rassembler bien plus largement que les frondeurs.
Arnaud Montebourg n'a pas officiellement annoncé sa candidature à la présidentielle au Mont Beuvray. L'ex ministre a lancé ce 16 mai "un appel aux économistes, aux entrepreneurs et aux syndicalistes (...) aux citoyens engagés et tout simplement aux Français qui souhaitent peser sur le destin de notre Nation et de notre continent". Un appel pour leur "proposer dans les mois qui viennent de construire un grand projet alternatif pour la France".
Si rien n'est officiel, il fait un pas de plus vers l'élection. Un tweet d'un député socialiste posté le 4 mai pourrait le laisser entendre. "Vous vous interrogez sur l'état d'esprit d'A. #Montebourg ?#tousauBeuvray le 16 mai et vous ne serez pas déçus !", a écrit Patrice Prat. Arnaud Montebourg prend un malin plaisir à entretenir le doute. "Un jour, d'autres mettront en oeuvre (mes idées, ndlr) peut-être", dit-il dans un numéro de 13h15 le dimanche qui lui était consacré le 8 mai dernier.
Laurent Baumel, député frondeur présent aux côtés d'Arnaud Montebourg, a son interprétation. "Je pense qu'il va faire un pas supplémentaire (...) Il va annoncer un processus (...) Je pense qu'il est convaincu qu'il a un rôle à jouer, qu'il faut constituer une offre politique pour la présidentielle. Il est important de voir comment le pas qu'il va franchir sera reçu", rapporte L'Express. Autre indice de taille : un livre-programme serait annoncé pour septembre.
Un match entre Arnaud Montebourg et François Hollande ne serait en tout cas pas une première. L'ancien député de Saône-et-Loire à l'éloquence impeccable s'était rendu incontournable à gauche en 2011 lors des primaires organisées par le Parti socialiste en terminant juste derrière le chef de l'État et Martine Aubry. Des aubrystes qui pourraient d'ailleurs être conquis par le personnage. Malin, Arnaud Montebourg a dit regretter "parfois" sa décision de rejoindre François Hollande au deuxième tour de la primaire de 2011 au détriment de la maire de Lille. Des soutiens que les frondeurs n'ont jusque-là pas encore totalement rallié à leur cause.
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