L'un est ministre de l'Économie, l'autre a été ministre
du Redressement productif - et de l'Économie pendant 4 mois. L'un défend le "social-libéralisme" quand
l'autre prône le "made in France". Emmanuel Macron et Arnaud
Montebourg ont occupé le même poste sous la présidence de François Hollande et
au sein du gouvernement de Manuel Valls. Même si leurs lignes politiques divergent, Emmanuel Macron et Arnaud Montebourg se ressemblent sur de nombreux points. L'ancien conseiller économique du
président de la République a pris ses fonctions le 26 août 2014, lors d'un
remaniement du gouvernement impulsé par les démissions en chaîne d'Arnaud
Montebourg, Aurélie Filippetti et Benoit Hamon. Les Français ont ainsi
découvert celui que l'on appelle le "Mozart de la finance". Proche de
François Hollande, Emmanuel Macron avait joué un rôle actif dans la campagne du
candidat en 2012.
De son côté Arnaud Montebourg avait pris les rênes du
ministère du Redressement productif dès le 16 mai 2012. Passé sous l'autorité
de Manuel Valls lorsque ce dernier est nommé premier ministre, la cohabitation aura duré 147 jours. La rupture s'était cristallisée lors du discours de la Fête de la Rose de Frangy-en-Bresse, en août 2014. Arnaud Montebourg y expliquait
avoir demandé à François Hollande et Manuel Valls un changement de cap de la
politique économique du gouvernement. "J'ai proposé, comme ministre de l'Économie,
au président de la République, au Premier ministre, dans la collégialité
gouvernementale et sollicité une inflexion majeure de notre politique
économique (…) Le rôle du ministre de l'Économie, ou de tout homme d'État (...)
est d'affronter la vérité, même
cruelle, et de proposer des solutions alternatives", déclarait-t-il.
Au sein du gouvernement, les deux hommes se
différencient par leurs visions opposées. Leur statut d'électron libre, qui dénote
au sein de l'opinion publique, les rapproche. Leur liberté de parole est à la fois leur point
commun et leur principal atout. Emmanuel Macron a marqué une distance avec la
ligne du gouvernement concernant la question des réfugiés mais aussi sur la
déchéance de nationalité. Arnaud Montebourg avait quant à lui rompu tous liens
avec Manuel Valls et son gouvernement lors de la Fête de la Rose en août 2014. "La promesse de 2012 de remettre en marche
l'économie, de retrouver la
croissance et le plein emploi n'a pas
fonctionné", déclarait l'ancien candidat à la primaire socialiste de 2011.
Il y a un halo autour d'Arnaud Montebourg et Emmanuel Macron
Virginie Martin, politologue et présidente du Think Tank Different
Selon Virginie Martin, politologue et présidente du Think
Tank Different contactée par RTL.fr, les deux ministres bénéficient d'"une
dynamique personnelle, une sorte de personnal branding, chez l'un comme chez
l'autre". Considérés comme des "bons clients" dans les médias,
ils savent mettre en scène chacune de leurs sorties afin de créer l'interrogation et susciter l'intérêt : "Il y a un halo autour d'eux. Leur vie privée,
leur physique… Il y a une mise en scène de soi forte avec une bataille d’ego".
Leur personnalités sont "similaires" mais
"pas dans le même niveau de gradation, estime Yves-Marie Cann, directeur
des études politiques Elab joint par RTL.fr. Arnaud Montebourg est perçu
comme quelqu'un d'excessif, tandis qu'Emmanuel Macron reste dans la ligne du
gouvernement. Sur la déchéance de nationalité, il ne s'oppose pas frontalement
à la réforme voulue par François Hollande. Il a su la jouer finement".
Et sur le plan politique ? "Arnaud Montebourg est le
marqueur d'une gauche sociale, contrairement à Emmanuel Macron, qui incarne une
gauche plus libérale", analyse Virginie Martin. Même constat du côté
d'Yves-Marie Cann qui note cependant que le ministre qui a incarné le Redressement productif était perçu comme étant "en opposition avec la
ligne du Président et du gouvernement. Arnaud Montebourg a franchi à plusieurs
reprises la ligne jaune. La Fête de la Rose de Frangy-en-Bresse a marqué
l'opposition très forte avec Manuel Valls. Le président de la République ne s'était
pas saisi de cette occasion pour faire acte d'autorité et le premier ministre
avait mis en jeu sa démission dans la balance".
Emmanuel Macron a été la révélation politique de l'année 2015
Yves-Marie Cann, directeur des études politiques Elab
Le cas Macron est bien différent sur ce point. "Il a
réussi à s'imposer, à rester dans le rang et à conserver une marge de manœuvre.
Il bénéficie d'une meilleure popularité que celle de son prédécesseur et
dispose de plus de libertés. Emmanuel Macron a été la révélation politique de
l'année 2015 et a connu une ascension rapide", note le directeur des
études politiques Elab.
Deux profils à la ligne politique opposée au service d'un même président ? C'est justement la touche Hollande. Selon Virginie Martin, François Hollande "jette le flou sur sa ligne politique" et cette situation l'incite à se demander "si la vérité d'Emmanuel Macron n'est pas celle de François Hollande". Désormais, le président de la République impose une ligne "plus libérale et sécuritaire mais pas de doute que quand on remplace un ministre, on assume une certaine ligne. La preuve avec le passage du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, à celui de Manuel Valls, de Christiane Taubira à la Justice à Jean-Jacques Urvoas et d'Arnaud Montebourg à Emmanuel Macron".
Arnaud Montebourg et Emmanuel Macron se rejoignent sur un
point : leur ambition. Il ne fait pas de doute que l'élection présidentielle sera leur terrain d'expression. "Quand il était au gouvernement, il est évident
qu'Arnaud Montebourg avait besoin de tirer son épingle du jeu (…) Ses ambitions
personnelles sont claires et encore une fois, pour pouvoir exister, il faudra
se démarquer", note Virginie Martin. Mais pour Yves-Marie Cann, l'ambition présidentielle d'Arnaud Montebourg n'est pas encore visible.
Arnaud Montebourg a au moins en ligne de mire le scrutin de 2022
Yves-Marie Cann, directeur des études politiques Elab
Cependant,
"il sait très bien envoyer des cartes postales qui marquent son actualité
politique et rester dans l'actualité. Si ce n'est pas pour 2017, il a au moins
en ligne de mire le scrutin de 2022, estime-t-il. Pour l'instant, ses
chances sont encore difficiles à évaluer mais Arnaud Montebourg aura
probablement comme stratégie de troubler le jeu politique en fédérant
la gauche contestataire et alternative. Il risque de devenir l'épine dans le
pied de François Hollande". Arnaud Montebourg a fait un pas de plus vers la présidentielle lors de l'ascension du Mont Beuvray. Il a lancé un "appel" aux Français pour leur "proposer dans les mois qui viennent de construire un grand projet alternatif pour la France". Reste à l'ancien ministre de dévoiler
rapidement ses cartes, afin de pouvoir se positionner face à Martine Aubry, Jean-Luc Mélenchon ou encore Cécile Duflot.
Quant à Emmanuel Macron, ses ambitions politiques
semblent plus difficiles à réaliser pour 2017. Quelle que soit sa cote de
popularité, l'élection présidentielle à venir est encore "prématurée". "On
ne devient pas président à 38 ans", note la présidente du Think Tank
Different. Avec le lancement de son mouvement politique "En Marche", Emmanuel Macron se place pour la présidence mais "reste dans le sillon du chef de l'État. Il n'incarne pas aujourd'hui une solution crédible".
Il faut à Emmanuel Macron une base de militants, de députés et un corps électoral qui le soutient
Virginie Martin, politologue et présidente du Think Tank Different
Selon Virginie Martin, deux hypothèses s'imposent quant à l'avenir d'Emmanuel Macron. "Soit il a envie de faire de la politique politicienne et envisage d'affronter Manuel Valls dans cinq ans". Afin d'y parvenir, le ministre de l'Économie devra "travailler les partis politiques et mettre les mains dans le cambouis". Objectif : se conforter une base électorale conséquente. "Il lui faut une base de militants, de députés et un corps électoral qui le soutient", analyse la politologue. Autre possibilité : "Il continue à travailler et à rester celui dont on dit qu'il est l'expert. Il se projetterait ainsi dans une carrière semblable à celle de Christine Lagarde".
François Hollande est dans la confidence du projet du ministre de l’Économie
Mediapart
Cependant, il semblerait que le scrutin soit de plus en plus attrayant pour le ministre. Selon Mediapart, l'actuel ministre de l'Économie serait en train de se préparer à l'élection présidentielle et pourrait même l'annoncer aux alentours du 10 juin. Le site explique que "François Hollande est dans la confidence du projet du ministre de l’Économie. C’est Jean-Pierre Jouyet, l’ancien secrétaire d’État sarkozyste devenu secrétaire général de l’Élysée sous la présidence de François Hollande, qui suit pas à pas son protégé qui, comme lui, a d’innombrables liens avec les milieux de la haute finance. Le bras droit du chef de l’État est ainsi de longue date dans le secret de ces préparatifs".
Mediapart ajoute que "plusieurs témoignages concordants", attestent que "le ministre de l’Économie dit, dans ses rencontres privées avec les milieux d’affaires, pis que pendre de François Hollande et assure qu’il ne fera plus jamais équipe avec lui. Et c’est la raison pour laquelle, dans les milieux financiers, il a reçu de solides appuis ; celui par exemple d’Henri de Castries, le patron d’Axa".
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