5 min de lecture
François Hollande à l'Élysée le 2 décembre 2015.
Crédit : STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Je m'abonne à la newsletter « Politique »
2016 est la dernière année pleine du mandat de François
Hollande. Comment le président de la République aborde-t-il d’un point de vue
politique cette dernière ligne droite ? Depuis son élection en 2012, le
paysage a changé en France. Le Parti socialiste, qui dirigeait une
écrasante majorité de territoires, a été pulvérisé élection après élection. La droite, elle, a retrouvé un ancrage local puissant mais n'a pas triomphé. En effet, le Front national est lui aussi monté en puissance. Le parti présidé par Marine Le Pen a enchaîné les records de voix, en
remportant par exemple les élections européennes de 2014 et en s’adjugeant la
première place au premier tour des élections régionales de 2015. Pas suffisant
néanmoins pour se retrouver à la tête d’une grande collectivité.
Sur le papier, François Hollande, président le moins populaire de la Ve République, a peu de chances d’être reconduit dans ses fonctions en
2017. Mais à moins de dix-huit mois de l’échéance, le chef de l’Etat ne compte
pas abandonner. Cette année sans élection nationale s’annonce éminemment politique et ponctuée de
négociations à gauche.
Le chef de l’Etat l’a placée sous le signe de l’union de sa
majorité et plus largement de la gauche. S’il veut être assuré d’avoir sa place
au second tour de la présidentielle l’an prochain, François Hollande, souvent
qualifié d’homme de consensus et/ou de synthèse, doit empêcher les candidatures de se multiplier dans son
camp. L’absence de Lionel Jospin au second tour de la présidentielle de 2002 traumatise encore les occupants de la rue de Solférino.
Certaines personnalités de gauche, les
écologistes Daniel Cohn-Bendit et Yannick Jadot en tête, perturbent ses plans.
Dans une tribune qu’ils ont signée dans le quotidien Libération le 11 janvier
2016, des intellectuels et des politiques, fondateurs du collectif
Notreprimaire, réclament une primaire "des gauches et de
l’écologie". Ils remettent ainsi en cause l’autorité et la légitimité du
président sortant.
L’idée fait son chemin. La gauche de la gauche, critique à l’égard de la politique du gouvernement socialiste depuis son arrivée aux affaires, y voit une opportunité. Dans Libération, Benoît Hamon,
bref ministre de l’Éducation nationale du gouvernement de Manuel Valls, explique qu’il trouve l’initiative "salutaire sur le plan démocratique". Elle permettrait, selon lui, de "clarifier" les lignes à gauche. Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice
socialiste sévère vis-à-vis de l’exécutif, s’imagine déjà candidate. Christian
Paul, l'un des leaders des frondeurs, va plus loin. Selon lui, "pour 2016, tout est ouvert". La gauche du PS se prononcera "collectivement" à la fin du mois de janvier sur l'opportunité d'organiser une primaire, qui est, en plus, inscrite dans les statuts du parti.
En participant à une primaire ouverte au-delà des militants du PS, François Hollande a tout à perdre. Jean-Christophe Cambadélis l’a bien compris. Le premier secrétaire du PS préfère "travailler à l’union" de la gauche en 2016 autour de François Hollande dans "une stratégie de dépassement du Parti socialiste". Pas sûr que l’idée enthousiasme les détracteurs de la politique gouvernementale, déçus notamment par les mesures économiques (Accord national interprofessionnel, le Crédit impôt compétitivité emploi, travail du dimanche) prises par le gouvernement et son manque de résultat sur le front de l’emploi.
Les négociations avec Europe Écologie Les Verts, qui a de nouveau manifesté son hostilité au projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, s’annoncent difficiles. La discussion avec Jean-Luc Mélenchon apparaît, elle, impossible. Le leader du Parti de gauche refuse d'ores et déjà de participer à une quelconque primaire avec François Hollande. "S'il gagne, je n'appellerai pas à voter pour lui", prévenait-il au micro de RTL.
Rassembler : la mission paraît impossible compte tenu de l’état des relations entre les différents partis de gauche et du nombre florissant de mouvements à l’intérieur du Parti socialiste. Rue de Solférino, on se souvient qu’en 2014 le mouvement des frondeurs s’est étoffé au Parlement. Certains députés PS s’étaient même abstenus au moment du vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale en juillet 2014. Le mois suivant, Arnaud Montebourg, l'un des piliers de l’aile gauche du PS, était remplacé par l’ancien banquier d’affaires Emmanuel Macron au ministère de l’Économie. Un nouveau ministre dont la loi sur la croissance a été votée en trois fois le 10 juillet 2015 grâce à l’article 49-3 de la Constitution.
Après la déroute des élections régionales de décembre dernier, le président de la République, qui n’a pas souhaité s’impliquer dans la campagne, devait mettre en place sa stratégie du rassemblement dès ce début d’année 2016. Il n’en prend toutefois pas le chemin. Avec son premier ministre Manuel Valls, François Hollande est en effet empêtré dans un débat autour de la déchéance de nationalité qui n’en finit plus. D’abord applaudie par l’ensemble du Congrès réuni à Versailles au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, l’idée, qui a avant tout une portée symbolique, divise finalement les parlementaires socialistes. Pour être voté en février, le projet de réforme constitutionnelle devra réunir les trois cinquièmes des parlementaires. Le gouvernement doit donc convaincre son camp. La droite revendique être la première à avoir proposé cette mesure et devrait donc la voter. Une situation paradoxale.
De quelle marge de manœuvre le Président dispose-t-il pour
rassembler ? Pendant la vague d’attentats qui a touché le pays en 2015,
François Hollande a incarné la fonction de président et de père de la Nation. Aucune
voix n’a remis en cause ce statut. Il peut donc capitaliser sur cette posture. Donner des
gages à ses soutiens historiques - Europe Écologie Les Verts et le Parti
radical de gauche - qui ne pèsent pas lourds à en croire les résultats des
élections régionales, peut aussi être un moyen d’éviter une candidature
supplémentaire à gauche en 2017. Pour l'heure, un remaniement n'est pas à l'ordre du jour.
Quid de l’idée de Manuel Valls de former un parti
social-démocrate ? Au lendemain des élections régionales, le premier ministre avait
déclaré : "Si on veut créer un grand parti social-démocrate, il faut
que ce soit sur des thèmes que je défends : l'autorité, la sécurité, le
sociétal, le régalien. Un parti qui s'adresse en grande partie aux classes
moyennes, un parti qui ne fait pas de compromis". "S'il veut réussir, Manuel Valls ne fera peut-être pas l'économie d'une rupture avec le PS", prévient toutefois Alba Ventura, éditorialiste à RTL. En 2016, plus que jamais, la gauche sera divisée ou ne sera pas.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte