Les députés ont voté mardi soir à une courte majorité l'article controversé qui inscrit la déchéance de nationalité dans la Constitution pour les auteurs de crimes et délits terroristes. Il y avait à l'Assemblée nationale une alerte orange "vent violent" et "vague submersion". Manuel Valls était sur le parapet. Il ne s'est pas fait emporté. Il n'est pas tombé à la mer même s'il a eu chaud. Certes le Premier ministre a employé les grands moyens. Il ne fait jamais les choses à moitié : séance d'explication, message d'autorité, des SMS par ci par là, quelques pressions, voire un peu de chantage sur le mode "Alors vous mettriez le gouvernement en difficulté ? Et le Président en minorité ? Le Président à qui vous devez votre élection, grâce auquel vous êtes assis ici dans ce bel hémicycle ?". Bon ça s'appelle de la politique. Il peut y avoir du compromis ou du rapport de force. Avec Manuel Valls, c'est plutôt du rapport de force.
On lit dans la presse que l'intéressé pourrait quitter le gouvernement. Il y a des gens qui se baladent en ville en disant que François Hollande aurait tout intérêt à se passer de Manuel Valls. Parce que Manuel Valls le coupe d'une partie de la gauche. Certains dans l'entourage du chef de l'État estiment que le Premier ministre est devenu un obstacle au rapprochement du Président avec une partie des socialistes et une partie des Verts. François Hollande peut-il tenir compte de leurs remarques pour le prochain remaniement ? C'est compliqué à dire. D'abord les violons ne sont pas tout à fait accordés. Pas plus tard que la semaine dernière, une source à l'Elysée nous confiait que le Premier ministre serait conforté.
Mais bon, on entend les questions qui se posent. Est-ce que le Premier ministre remplit son rôle de bouclier ? Est-ce que le Président se sent rassuré par son premier ministre ? On entend dire aussi que changer Valls signifierait changer de ligne politique. Ce n'est apparemment pas dans les tuyaux. La seule chose que François Hollande pourrait vraiment reprocher à Manuel Valls, c'est de l'avoir poussé sur la déchéance de nationalité, de l'avoir empêcher de faire machine arrière au moment où la gauche commençait à se crisper. Mais ça François Hollande ne peut pas le faire, parce que c'est lui qui l'a annoncé. C'est le serment de Versailles, le serment de Hollande, pas de Valls. Même si c'est le Premier ministre qui porte le texte. S'il se passe de Manuel Valls, le chef de l'État reconnait qu'il est sous influence d'une certaine manière.
On ne croit pas beaucoup, à un changement de premier ministre. Mais nous ne sommes pas dans la tête de François Hollande. Manuel Valls est populaire. Il a beaucoup baissé dans les sondages, mais il est toujours quinze points environ au-dessus du Président. Le congédier aujourd'hui, ce serait le faire pour de mauvaises raisons. D'autant que sur la déchéance, il a mouillé la chemise, il a mis les mains dans le cambouis. Cela dit, Manuel Valls ne peut pas continuer à s'aliéner la gauche. Il doit mettre un peu d'eau dans son vin. S'il est le chef de la majorité, il faut qu'il le redevienne.
Vous vous demandiez ce que faisait Christiane Taubira depuis qu'elle a quitté le gouvernement ? Elle se fait des expos. Samedi 6 février, par exemple, elle est allée à Beaubourg voir l'œuvre du plasticien Anselm Kiefer, grand artiste d'origine allemande qui expose une œuvre sombre, hantée par le nazisme mais à la fois très poétique. Une œuvre qui a fait l'objet d'un très beau livre intitulé Après la catastrophe. Ça ne s'invente pas !
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