"Trente ans que je fais de la politique, je ne pratique pas la langue de bois". Dès le départ, Amor Louhichi annonce la couleur. Secrétaire national de l'UDI, cet homme politique, méconnu du grand public, s'est fait entendre en claquant la porte du parti centriste, mardi 7 février. L'une des conséquences notables du "Penelope Gate". "Leurs arguments (pour justifier le maintien de François Fillon, ndlr), c'est de vouloir contrer la montée de Marine Le Pen mais ce sont eux qui font monter le Front national. On dit tout et son contraire. C'est un bras d'honneur aux Français", critique-t-il, interrogé par RTL.fr.
Pourtant, Amor Louhichi a soutenu et défendu François Fillon dans la course à l'Élysée. Comme l'ensemble du parti dirigé par Jean-Christophe Lagarde, le désormais ex-secrétaire national s'est rangé derrière le vainqueur de la primaire de la droite et du centre après la défaite d'Alain Juppé. "Dès que j'accepte le processus, j'en accepte le résultat donc j'ai accepté la victoire de François Fillon", assure-t-il. Mais la politique est aujourd'hui reléguée au second plan depuis les révélations du Canard enchaîné sur les soupçons d'emplois fictifs de Penelope Fillon. S'il déplorait une simple "prise d'otage" du candidat de la droite et du centre au départ, Amor Louhichi déchante jour après jour. Les réponses ne le convainquent pas et les excuses tardent à arriver. C'en est trop. L'ancien des Républicains, qui avait rejoint le parti centriste il y a deux ans, monte au créneau en adressant un premier "bras d'honneur" à l'ancien premier ministre pour "lui rendre sa politesse".
Imagine-t-on le général de Gaulle piochant allègrement dans les caisses de l'État ?
Amor Louhichi
Son compte Twitter est aujourd'hui quasiment dédié à ce "Penelope Gate". Conférence de presse de François Fillon, conférence de presse des avocats du couple, sorties politiques... Il commente tout. Une manière pour ce dernier de faire entendre sa voix. Auprès de RTL.fr, il attaque : "François Fillon confond la légalité et la moralité. Ils ont rendu l'immoral légal mais dans ma conception de la politique, la morale prime".
Amor Louhichi ne se concentre pas uniquement sur l'affaire Fillon et tacle les pratiques politiciennes. L'UDI n'est d'ailleurs pas épargnée : "On est taxé de cinquième roue du carrosse, voire de sixième roue. Mais une fois encore, le parti n'a pas pris position. Il défend ce qui n'est pas défendable", déplore-t-il. Avant de critiquer le système actuel : "Ils sont unis quand ils se tiennent. Je les ai déjà vus faire, ce n'est pas propre à la droite. C'est un système mis en place il y a 30 ou 40 ans et aujourd'hui, ils en sont arrivés à ne plus se cacher".
Avant même de faire son mea culpa, l'ex-pensionnaire de Matignon a affirmé qu'il ne serait pas candidat en cas de mise en examen. Presque logique tant l'ancien premier ministre attaquait Nicolas Sarkozy sur ses affaires judiciaires. "Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ?", lançait-il en août dernier. Une petite phrase qui prend aujourd'hui une toute autre ampleur. "Imagine-t-on le Général piochant allègrement dans les caisses de l'État pour rémunérer femme et enfants ? C'est l'arroseur arrosé. Le candidat qui voulait paraître plus blanc que blanc et se révèle gris de gris et même noir de noir", critique Amor Louhichi, qui voit cette polémique comme "l'une des plus importantes crises de la Ve République".
Il n'est pas dans une démarche sincère, il est vulgaire et veut faire la nique à Nicolas Sarkozy
Amor Louhichi
Malgré la gronde persistante et les sondages en baisse, le député de Paris reste en course. La voix du peuple demeure pourtant tout aussi importante à celle de la justice, selon l'ancien cadre de l'UDI : "L'indignation du peuple est une mise en examen. Il était déjà proche de faire exploser l'UMP avec sa 'gué-guerre' avec Jean-François Copé, mais là, il est en passe de faire exploser la droite et le centre".
Un scandale de trop pour l'ancien secrétaire national, qui a préféré tout arrêter : "Ce n'est pas ma vision de la politique. La politique, ce n'est pas se servir. On va droit dans le mur et à l'heure actuelle, on fait monter les extrêmes". Pas question cependant pour Amor Louhichi de se rallier à un autre candidat à la présidentielle. Sa position est simple : "le camps des concitoyens". Une manière pour lui d'attaquer une nouvelle fois François Fillon : "Il n'est pas dans une démarche sincère, il est vulgaire et veut faire la nique à Nicolas Sarkozy".
Ce désir de revanche prendrait-il le pas sur les intérêts de sa famille politique à quelques mois de l'échéance présidentielle ? Si Amor Louhichi en est convaincu, il espère désormais que son ancienne famille politique va "ouvrir les yeux" afin d'éviter un "suicide collectif de la droite et du centre". "J'ai beaucoup de respect pour Jean-Christophe Lagarde mais il est prisonnier de son parti et ce n'est pas comme cela qu'il lui rendra service. Cela dessert l'UDI", déplore-t-il. Et si le mécontentement est réel dans les rangs des militants UDI voire des Républicains, les élus et responsables des deux partis restent sagement derrière leur candidat. Selon Le Canard enchaîné, François Fillon aurait menacé de "saisir la justice" si le parti Les Républicains tentait de lui trouver un remplaçant. L'UDI semble, elle aussi, liée à François Fillon. Elle a passé un accord avec Les Républicains en vue des législatives de juin prochain portant sur "65-66" circonscriptions.
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