Choqué et déçu, le football français ne cesse de s'indigner de l'écart de conduite de Serge Aurier. Quand le président lyonnais, Jean-Michel Aulas, considère que "ça frise la faute professionnelle grave", l'entraîneur stéphanois Christophe Galtier "espère" que l'international ivoirien "ne sera plus au contact de personne". Des condamnations qui sous-entendent une seule et même question : Serge Aurier doit-il encore porter le maillot du PSG ? Mis à pied à titre conservatoire et privé d'une "prime d'éthique" de 160.000 euros, le joueur de 23 ans devrait être empêché de jouer pendant plusieurs matches. Mais au sein de la population, nombreux sont ceux, qui suivent de près ou non le football, à se demander si un tel dérapage ne mériterait pas une punition plus radicale : le licenciement. Sauf qu'en étudiant de près ses conséquences, cette sanction n'a vraisemblablement aucune chance d'être prononcée.
Pourtant, dans le monde de l'entreprise connu de tous, une telle éventualité serait sans doute étudiée de près au vu des faits reprochés. D'ailleurs, une mise à pied conservatoire peut constituer un préalable à une procédure de licenciement pour faute grave. "On ne peut pas, quand on est joueur et quel que soit le niveau, critiquer non seulement ses collègues publiquement mais encore moins l'entraîneur", assure Jean-Michel Aulas sans même rappeler qu'il est question d'insultes et de propos péjoratifs dans le cas présent.
Mais laisser entendre que le PSG pourrait penser à résilier purement et simplement le contrat de Serge Aurier, c'est occulter bien trop rapidement les enjeux économiques du football. Car avec un licenciement, le PSG se priverait automatiquement d'une indemnité de transfert liée à une éventuelle vente de son joueur. Or, il ne fait aucun doute qu'un transfert de Serge Aurier pourrait rapporter gros au club grâce à ses récentes bonnes prestations. Recruté pour 12 millions d'euros, l'international ivoirien en vaut au minimum le double à trois ans de la fin de son bail.
Certes, grâce à son fonds d'investissement qatari, le Paris Saint-Germain n'est nullement dans le besoin de scruter ses comptes au centime près. Mais si la direction du club souhaite à tout prix se débarrasser de Serge Aurier, elle a plutôt intérêt à placardiser le joueur en attendant de le vendre lors du prochain mercato estival. Un coup double plein de pragmatisme et de cynisme qui lui permettrait de réaffirmer l'autorité et le respect de l'institution tout en s'assurant un retour sur investissement.
Un peu plus de 24 heures après la diffusion de la fameuse vidéo sur Periscope, Laurent Blanc a assuré qu'il allait s'occuper personnellement du cas de son latéral droit. "Mon problème avec Serge, je le réglerai avec lui", a déclaré l'entraîneur du PSG. Difficile toutefois de savoir s'il s'agit d'une main tendue vers une réconciliation. En tout cas, une décision sera à prendre assez rapidement.
Car en plus des enjeux économiques, ce sont surtout des enjeux sportifs qui sont en jeu. En quelques mois, Serge Aurier s'est imposé comme un titulaire indiscutable au sein de cette équipe parisienne, grâce à son apport offensif et son physique imposant. Pour une question d'image, le PSG doit-il ainsi se résoudre à abandonner un tel atout et risquer par la même occasion de renforcer un club concurrent sur la scène européenne ? Le choix est cornélien.