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Multipropriété dans le football : c'est quoi le problème ?

Ces dernières années, la multipropriété dans le football a pris beaucoup d'ampleur. Sur le long terme, cette pratique semble tendre à devenir majoritaire. Cependant, elle cristallise de nombreuses critiques et soulève des interrogations, notamment en termes d'intégrité sportive.

L'Olympique lyonnnais fait partie de ces clubs français qui sont en situation de multipropriété
Crédit : Matthieu Mirville / DPPI via AFP
Justine Audollent
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La multipropriété a fait sa première victime en Europe. Drogheda United, vainqueur de la Coupe d'Irlande, devait participer la saison prochaine à la Ligue Conférence. Cela faisait douze ans que le club ne s'était pas qualifié pour une compétition européenne. Mais le règlement de l'UEFA sur la multipropriété en a décidé autrement. L'équipe a été exclue de participer à la compétition, une première en Europe.


Le propriétaire du club, Trivela Group, détient 80% du capital de Silkeborg IF, équipe danoise qui a également décroché son billet pour la Ligue Conférence. Mais le règlement de l'UEFA interdit aux équipes appartenant à un même groupe de s'affronter lors d'une même compétition, pour des raisons d'intégrité sportive. En fait, le club irlandais ne s'est pas conformé aux critères de l'UEFA en matière de multipropriété dans le temps. Cette année, la date limite a été avancée au 1er mars. Jusqu'ici, les équipes avaient jusqu'au 3 juin. 

Un phénomène qui prend toujours plus d'ampleur

Ce modèle économique, consistant à détenir sous une même entité plusieurs équipes de football, a pris beaucoup d'ampleur ces dernières années. Selon l'UEFA, 13% des clubs européens de première division sont en situation de multipropriété. En France, plusieurs clubs de Ligue 1 sont concernés par la multipropriété : l'Olympique Lyonnais, Strasbourg ou encore l'OGC Nice.

La multipropriété a succédé à un autre modèle, celui de la propriété de droit économique de joueurs. "Des entreprises pouvaient acheter des 'morceaux' de joueurs et ça a été interdit par la FIFA en 2015, explique Christophe Lepetit, économiste du sport. À la suite de cette interdiction, les clubs ont transformé cet investissement dans des joueurs en prenant des prises de participation dans des clubs. De plus en plus, on s'est donc retrouvé avec des prises de participation d'actionnaires qui étaient présents parfois dans de grands clubs ou dans le football européen et dans d'autres confédérations". 

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Selon lui, cette pratique "a probablement encore de beaux jours devant elle" et dans un avenir relativement proche, le nombre de clubs en multipropriété "pourrait être majoritaire". 

Les problèmes posés par la multipropriété

Le cas de Drogheda United met en évidence les limites de cette pratique qui, pour des questions économiques, punit sportivement une équipe. Les critiques à l'encontre de la multipropriété sont multiples : manque d'équité, manque de transparence, intégrité sportive pas garantie… 

"L'intégrité des compétitions est l'une des valeurs cardinales du sport et les institutions sportives qui organisent des compétitions se doivent de la protéger absolument. Il faut que la compétition soit sincère et que le résultat soit déterminé sur le terrain. Avec des propriétaires similaires dans des clubs différents, il y a un risque conscient ou inconscient d'avoir une tentative ou une volonté de pouvoir privilégier un grand club au détriment d'un autre ou un club qui a plus besoin de gagner plutôt qu'un autre", souligne Christophe Lepetit. 
 
D'un point de vue financier, la multipropriété pose aussi quelques problèmes. "Il y a des clubs qui peuvent s'entendre dans une même galaxie sur des prix de transfert qui ne sont pas des prix de marché. Ça peut poser un problème parce que ça peut être aussi une façon de contourner la régulation financière qui est mise en œuvre par les institutions sportives. (…) Il peut aussi y avoir des flux financiers entre les différents clubs détenus par le même propriétaire qui s'opèrent dans des montages qui peuvent parfois ne pas forcément être les plus transparents", ajoute-t-il. 

Vers un meilleur encadrement ?

Pour encadrer au mieux sa pratique et éviter les dérives, l'UEFA a durci ses règles et a consacré un article entier, l'article 5, de son règlement à la multipropriété afin de "garantir l'intégrité des compétitions". Pour Christophe Lepetit, derrière ce renforcement, il n'y a pas une volonté de limiter le développement de la multipropriété dans le football.

"Les institutions sportives sont aussi prises entre deux feux, entre l'intérêt de pouvoir avoir ces nouveaux investisseurs qui arrivent et l'intérêt et la nécessité de réguler. C'est-à-dire que d'un côté, on pourrait se dire qu'elles vont l'interdire purement et simplement à cause du risque sur l'intégrité. Mais d'un autre côté, les institutions sportives sont aussi organisatrices de compétition et elles ont intérêt à ce qu'il y ait des investisseurs qui arrivent dans le football", explique l'économiste du sport. 

Les députés de la France insoumise se sont d'ailleurs emparés de cette question avec une proposition de loi, déposée en avril 2025, contre les dérives de cette pratique afin de "préserver l'aléa sportif". Les parlementaires s'inquiètent notamment d'un risque de "vampirisation ou de vassalisation de certains clubs" et surtout d'un "déclassement du football français à l'échelle européenne".

Un moyen de "dénicher le futur Ronaldo" ?

Si on veut faire un véritable bilan de cette pratique, il faut également s'intéresser aux avantages qui sont bien présents. "Quand on est sur un marché très concurrentiel pour le recrutement de joueurs, avoir un pied un petit peu partout, ça permet quelque part de pouvoir prendre de vitesse la concurrence et de pouvoir dénicher peut-être demain le futur Ronaldo", fait remarquer Christophe Lepetit. 

"Cela peut permettre aussi d'avoir des maillages beaucoup plus fins et beaucoup plus importants. D'avoir des techniques de scouting qui sont beaucoup plus développées, d'avoir des développements de carrières qui peuvent être aussi intéressants pour des joueurs, même s'il faut faire attention que ce ne soit pas subi", poursuit-il. Le développement de la multipropriété n'est pas à bannir, il faut juste que cela se fasse de façon harmonieuse, conclut-il.  

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